C- Analyse de la revue empirique de littérature
En nous appuyant sur les travaux de MIREILLE LINJOUOM (2004)
sur les déterminants du taux de change réel au Cameroun, nous
relèverons les différents facteurs du taux de change réel
de quelques pays selon certains auteurs.
Selon EDWARD (1989), les termes de l'échange, les flux
de capitaux, les taxes à l'importation, les dépenses du
gouvernement, le différentiel de productivité, l'excès de
crédit domestique, la dévaluation nominale sont les
déterminants fondamentaux de taux de change réel en Afrique du
Sud.
Notons que d'après Mc DONALD et RICCI (2003) pour ce
même pays, ces facteurs sont le différentiel des taux
d'intérêt réel, le produit intérieur brut par
tête, les cours des matières premières, le degré
d'ouverture, le solde budgétaire et les avoirs extérieurs nets.
En synthétisant l'analyse selon ces deux approches, on
note une mineure différence dans les facteurs explicatifs du taux de
change réel au sein du pays considéré. Ce fait, loin
d'être une différence méthodologique, peut être
dû à l'environnement économique qui prévalait dans
chaque période d'étude. En effet, l'année 1989 est
marquée par une morosité de l'activité économique
dans presque tous les pays en développement (PED). Au lendemain des
reformes structurelles via les PAS, les économies deviennent de plus en
plus émergentes.
C'est dans ce contexte que DONALD et RICCI ont
réévalué les déterminants du taux de change
réel de ce pays.
Par ailleurs, ELBADAWI (1994), a eu à mener cette
étude pour le Ghana. Selon cette étude, les fondamentaux du
taux de change d'équilibre ont pour noms les termes de l'échange,
les flux d'entrée de capitaux, l'ouverture, les taxes à
l'importation, les dépenses du gouvernement, le différentiel de
productivité, le crédit domestique et la dévaluation
nominale.
BAFFES et ELBADAWI (1999) abordant cette réflexion
pour la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ont retenu comme fondamentaux du
taux de change réel, les termes de l'échange, l'ouverture, le
solde commercial, le Produit Intérieur Brut par tête,
l'investissement par tête et le niveau des prix à
l'étranger.
Quant à KALINDA MKENDA (2001) dans le cas de la
Zambie, il retient les termes de l'échange, les dépenses
publiques, l'investissement, les réserves de
change, les taxes indirectes, le taux de croissance
réel de long terme comme fondamentaux du taux de change réel.
ZINZOGAN (2000) retient pour le BÉNIN les fondamentaux
ci-après : les termes de l'échange, les dépenses
publiques, la masse monétaire, les taxes indirectes.
De tout ce qui précède, il est montré
que les problèmes que soulève la détermination du taux de
change d'équilibre sont au coeur des débats de politique
économique. La surévaluation persistante et les
mésalignements justifient les situations d'équilibre et de
déséquilibre du taux de change selon respectivement KAMMSKY et
MERILL LUNCH (1998) puis EDWARDS et SAVASTANO (1999).
Soulignons avec WILLIAMSON (1998) que la préoccupation
majeure des économistes est une définition appropriée du
concept de taux de change d'équilibre et d'estimer sa valeur. Avec cet
auteur, on peut dire que lorsqu'un taux de change nominal est défini, le
taux de change d'équilibre peut être atteint à partir des
ajustements nécessaires. Alors le taux de change nominal
approprié coïncide avec le taux de change d'équilibre de
long terme. Le taux de change d'équilibre est celui qui peut
réaliser les équilibres interne et externe d'une économie.
Il y a mésalignement dès lors que le taux de change
s'écarte de son sentier d'équilibre.
Les études sur les déterminants du taux de
change d'équilibre et leurs importances sur le mésalignement du
taux de change ont constitué une part importante dans les recherches
tant empiriques que théoriques au cours de ces dernières
années. Les études de EDWARDS (1989) sur les pays en
développement montrent que l'évolution du taux de change
effectif réel est liée aux politiques macro économiques
mises en place par les gouvernants et aussi à l'environnement
économique internationale. L'auteur insiste sur la
nécessité de bien choisir les variables économiques qui
sont en interaction avec cet indicateur. Selon lui le taux de change
d'équilibre de long terme est uniquement affecté par des
variables réelles classées en deux catégories à
savoir les variables
structurelles (ou fondamentales) externes et celles internes.
Au nombre des fondamentaux externes il retient les prix mondiaux (les termes
de l'échange), les flux de capitaux (ou la dette extérieure), et
le taux d'intérêt mondial. Les fondamentaux internes ou
domestiques recouvrent des variables dépendant de la politique
gouvernementale, telles que le déficit budgétaire, les taxes
à l'importation, les quotas à l'importation et les
contrôles de change. Cet auteur a testé empiriquement un
modèle qui révèle que les facteurs réels ou
nominaux affectent le taux de change à court terme alors qu'à
long terme, seuls les facteurs réels affectent le taux de change
d'équilibre soutenable. Il examine également le lien qui existe
entre le mésalignement du taux de change d'équilibre et les
performances macroéconomiques. Il parvient à la conclusion selon
laquelle les pays qui maintiennent leurs taux de change plus proche de leur
taux de change d'équilibre sont plus performants que ceux qui entrent
dans des mésalignements de leurs taux de change. Dans le même
ordre d'idée les travaux de BAFFES et AL(1990) ont montré que
dans certaines régions de l'Amérique Latine, l'instabilité
des taux de change a freiné la croissance des exportations tandis qu'en
Asie, le développement des exportations a été
favorisé par des taux de change stables.
Le taux de change réel ne suffit pas aux
décideurs de politique économique d'assurer les équilibres
internes et externes. Pour approfondir ces réflexions Mundell et
Fleming proposent une nouvelle approche : la théorie ISLM-BP. Nous
présenterons ce modèle et soulignerons sa pertinence dans
l'analyse de la détermination du taux de change d'équilibre.
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