SECTION 2 : Suggestions de politique
économique
Les mésalignements du taux de change effectif
réel constituent l'une des causes de la faible
compétitivité des économies africaines. Il est
montré que la gestion du taux de change a des conséquences sur
l'investissement privé. Une dépréciation réelle du
change est susceptible d'affecter l'investissement à travers le
coût réel du capital, le taux d'intérêt réel
et le rendement réel [DORNBUSH, 1988 ; SEVERN et SOLIMANO, (1993)].
Le maintien ou le renforcement de la compétitivité internationale
d'une économie nécessite donc une régulation du taux de
change effectif réel. Le renforcement de la compétitivité
de l'économie béninoise par l'instrument du taux de change
effectif réel pourra se faire à travers les axes cibles
ci-dessous.
Paragraphe 1 : La réorientation des
dépenses gouvernementales
Il s'agira d'oeuvrer à l'accroissement des ressources
de l'Etat et de veiller à l'utilisation faite de ces ressources. A cet
effet, il serait utile :
Ø D'élargir l'assiette fiscale en imposant la
consommation de luxe de l'élite
Ø D'investir dans les secteurs traditionnels de
développement des infrastructures (santé, éducation,
développement social et communautaire).
En matière d'éducation, les dépenses du
gouvernement doivent être orientées vers l'édification du
capital humain. Les ressources du gouvernement doivent aussi être
utilisées pour le renforcement du partenariat avec le secteur
privé.
Ø D'orienter les dépenses publiques vers les
biens non échangeables (services générant de la main
d'oeuvre locale...).
De même, l'étude a montré que la masse
monétaire a un effet négatif sur le taux de change effectif
réel du Bénin.
A cet effet, une bonne politique monétaire basée
sur la lutte contre l'inflation pourrait contribuer à mieux
maîtriser son effet sur le TCER. Par ailleurs le taux de croissance de la
masse monétaire doit aussi suivre celui du taux de croissance du
PIB ; comme l'indique la règle de TINBERGEN (1916).
Paragraphe 2 : Assainissements du déficit
budgétaire et de l'environnement des affaires
Il ressort de cette étude que la variation du taux de
change effectif réel par rapport au déficit budgétaire
est -6. Ceci révèle qu'une attention particulière doit
être retenue à l'égard du niveau du déficit
budgétaire au Bénin.
Certes un effort est engagé vers une résorption
de ce déficit depuis 1994. Néanmoins, il n'est pas encore
suffisant pour atténuer de manière sensible son
effort sur le niveau d'endettement. De ce fait, une politique
de réduction du déficit budgétaire basée sur des
reformes structurelles doit être entreprise à travers les axes
cibles suivants :
Ø élargissement de l'assiette fiscale dans le
but de générer des recettes supplémentaires au
budget ;
Ø assainissement des finances publiques en vue
d'atténuer les phénomènes de double emploi
constatés dans les administrations ;
Ø promotion des taux de croissance à deux
chiffres ; car un taux assez élevé réduit les
opportunités d'endettement.
Ceci justifie l'idée selon la quelle les performances
macroéconomiques ont tendance à limiter dans une certaine
proportion les contraintes liées aux besoins en capitaux
extérieurs.
Par ailleurs, pour améliorer la
compétitivité de l'économie, l'Etat doit moderniser le
cadre administratif et légal dans le but de protéger les droits
de propriétés et de décourager les fuites de capitaux. Il
est possible par exemple de simplifier les innombrables règlements et
obligations qui compliquent la tâche des entrepreneurs. Il devra aussi
être question de minimiser l'incidence des changements fréquents
de politique et des incertitudes qu'elle engendre. La corruption joue
négativement sur l'investissement et la croissance en encourageant les
activités rentières par rapport aux activités productives.
La lutte contre la corruption doit donc être prise au
sérieux. De même une autre implication du point de vue de la
politique économique est que l'ouverture commerciale est un facteur
stimulant la performance économique par un effet direct sur cette
dernière et aussi en créant les conditions pour attirer plus
d'investissements directs étrangers. Il faudra donc oeuvrer pour la mise
en place de politiques tendant à insérer davantage le
Bénin dans l'économie mondialisée.
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