Conclusion deuxième partie
Au terme de cette étude analytique et empirique de
l'implication de la diversification du portefeuille de crédits à
l'explication de la rentabilité bancaire au Cameroun, force est de
constater que certains résultats relatifs à cette dernière
vont dans le même sens que ceux prévus par la théorie,
tandis que d'autres s'opposent. Ainsi, il s'avère que nos
résultats corroborent et parfois contredisent les prédictions de
la théorie économique. La mise à l'épreuve de nos
hypothèses nous a permis de tirer des enseignements permettant
d'améliorer la rentabilité bancaire. Ainsi, il ressort donc de
cette partie que la maîtrise des charges et la prise en
considération de la taille des banques dans le processus de
diversification améliore la rentabilité bancaire au Cameroun.
CONCLUSION GENERALE
Cette étude a permis d'estimer la relation entre la
rentabilité bancaire au Cameroun (appréhendée par les
rendements sur actifs) et la diversification du portefeuille de crédits.
Pour cela les facteurs potentiellement explicatifs de cette rentabilité
ont été classés en variables organisationnelles,
macro-financières et macroéconomiques. Nous avons
étudié la diversification du portefeuille de crédits comme
une variable managériale de la rentabilité bancaire. De cette
étude, il s'en est dégagé une série de
résultats empiriques, tantôt corroborant tantôt contredisant
les prédictions de la théorie économique et
financière en la matière.
Du coté des variables organisationnelles, d'abord, nos
résultats montrent qu'il y a une relation positive entre la
diversification du portefeuille de crédits et la rentabilité des
actifs bancaires. Ce qui nous amène à dire que la diversification
du portefeuille de crédits contribue à la rentabilité
bancaire. Mais cette relation est influencée par d'autres variables
telles que le risque, les charges, la taille des banques. L'analyse du
comportement d'offre de crédit des banques se fonde d'une part sur leur
faculté à contrôler efficacement les projets
d'investissement et d'autre part sur leur capacité à envoyer un
signal crédible de leur activité auprès des
déposants (Diamond, 1984). Néanmoins, si l'approche
évoquée permet de souligner que la diversification
représente un déterminant nécessaire de la
rentabilité bancaire, elle est dans l'incapacité de nous
éclairer sur la manière dont les petites et les grandes banques
peuvent avoir des comportements d'offre de crédits
différenciés. Ceci est appréhendé implicitement par
la relation négative qui existe entre la taille des banques et la
rentabilité bancaire dans notre modèle.
En ce qui concerne les autres variables managériales,
nos résultats donnent un effet opposé des charges
générales sur la rentabilité des actifs. Si
théoriquement les frais généraux entraînent une
dégradation des profits bancaires, ces dépenses de structure et
d'exploitation selon notre étude empirique permettent d'améliorer
la rentabilité bancaire si elles sont maîtrisées. La
relation positive entre les frais généraux et la
rentabilité bancaire dans notre modèle se justifie par le fait
que dans notre contexte, les banques transfèrent leurs charges aux
déposants et aux emprunteurs.
La politique du respect des normes internationales en
matière de solvabilité et de liquidité, sous l'impulsion
des autorités supranationales (confère les différents
ratios COBAC), limite l'action de distribution des crédits par les
banques. Ainsi, si la surcapitalisation des banques camerounaises est faite
sans tenir compte de la taille des banques, elle entrainera une situation de
surliquidité qui n'améliorera pas la rentabilité bancaire.
Ainsi, l'impact négatif des fonds propres sur la rentabilité
lorsqu'on ne tient pas compte de la taille des banques serait probablement
dû à la tendance excessive des banques camerounaises à
assurer leur solvabilité à long terme, reléguant ainsi au
second plan la réalisation de meilleures rentabilités bancaires
à court terme. Mais si les managers tiennent compte de la taille des
banques et du risque, risque qui incite les déposants à demander
aux intermédiaires d'engager directement leurs fonds propres dans
l'activité de crédits, alors la diversification du portefeuille
de crédits sera significativement rentables. Dans ce cas, puisque les
banques utilisent leur capital pour financer des projets risqués, elles
sont incitées à les vérifier puisqu'elles encourent les
pertes liées à l'absence de contrôle et peuvent perdre
l'intégralité de leurs fonds propres. Cet effet d'engagement
devient alors un signal crédible vis-à-vis des investisseurs
c'est-à-dire les déposants, car il prouve que les banques ne sont
pas encouragées à prendre des risques inconsidérés.
De ce fait, les contraintes réglementaires sur le capital semblent
constituer des instruments de disciplines efficaces pour limiter le risque de
portefeuille des banques car elles empêchent les comportements
opportunistes. Mais celles liées à la solvabilité et la
liquidité semblent freiner la distribution des crédits et
implicitement la diversification du portefeuille de crédits.
L'analyse de l'impact des variables macro-financières
sur la rentabilité bancaire au Cameroun suscite une observation
fondamentale : l'extension de la taille du secteur bancaire et le
mouvement de concentration sur le marché bancaire camerounais ont des
effets opposés sur la rentabilité bancaire.
Du côté des déterminants
macroéconomiques, la rentabilité des banques camerounaises,
répond positivement à la croissance économique et au
climat inflationniste. Le PIB affiche des effets stimulants sur la
rentabilité des banques camerounaises, confirmant ainsi les
éclairages théoriques et l'inflation est à l'origine de
l'augmentation des dépenses de structure mais aussi de la
réalisation des profits bancaires élevés.
Conformément à nos résultats, trois
variables expliquent mieux la rentabilité des banques camerounaises. Il
s'agit de la taille du secteur bancaire, de la croissance économique et
de l'inflation. D'abord, un élargissement de la taille du secteur
bancaire d'un point de pourcentage des actifs induirait une baisse de la
rentabilité des banques d'environ 0,007 point de pourcentage des actifs.
Ensuite, une augmentation de la croissance économique d'un point de
pourcentage du total des actifs du système bancaire entraînerait
une amélioration de la rentabilité des banques d'environ 0,0003
point de pourcentage des actifs. Enfin, une croissance de l'inflation de un
pourcent induirait une amélioration presque nulle des profits bancaires.
De plus, il ressort de nos résultats que pour que la diversification du
portefeuille de crédits contribue significativement à la
rentabilité, il faut ignorer les charges. Parce que les banques
transfèrent les charges à leurs clientèles. Il faut aussi
réduire le déficit de confiance qui limite la distribution des
crédits.
Si notre étude présente des résultats
empiriques agrégés et actualisés, elle explore
également des pistes de recherche auparavant sous-exploitées et
analyse le comportement de diversification des banques camerounaises.
Cependant, l'élargissement de l'analyse, pour une période plus
longue et sur des données individuelles, est très souhaitable.
Une telle extension apportera plus d'éclaircissement sur les politiques
bancaires et leurs interactions avec les politiques économiques
globales.
|