II 2 - l'analyse des résultats des estimations
et de l'intérêt de la prise en compte des frais
généraux dans le modèle
Pour appréhender l'effet des charges sur la relation
portefeuille de crédits diversifié et rentabilité
bancaire, il est nécessaire de présenter d'abord les
résultats des différentes estimations avant de les
interpréter. Le tableau 4 résume les différentes
estimations.
Tableau 4 : Récapitulatif des
résultats
Estimations
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(1)
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(2)
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(3)
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C
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8.73E-05 (0.152576)*
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2.28E-05 (0.040105)
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-2.10E-05 (-0.037133)
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IHHPt
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0.004469 (0.327984)
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0.014656 (1.683919)
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0.017287 (2.093443)
|
KXACTFt
|
0.059171 (1.370249)
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0.074995 (1.877486)
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0.080683 (2.044946)
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FGACTFt
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0.198470 (0.972470)
|
|
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LOGACTFt
|
-0.000471 (-1.781862)
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-0.000668 (-3.934491)
|
-0.000696 (-4.173046)
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INFt
|
8.13E-05 (3.049296)
|
8.23E-05 (3.093779)
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8.32E-05 (3.133760)
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ACTFPIBt
|
-0.007244 (-2.947055)
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-0.007038 (-2.877894)
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-0.006872 (-2.820886)
|
CONCt
|
7.23E-05 (0.742725)
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7.73E-05 (0.795942)
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5.39E-05 (0.574340)
|
PIBt
|
0.000311 (4.880711)
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0.000317 (5.014062)
|
0.000319 (5.060607)
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Riskt
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-0.176354 (-1.008139)
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-0.169220 (-0.969527)
|
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R²
|
0.949423
|
0.946905
|
0.944410
|
R² ajusté
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0.925465
|
0.925668
|
0.925880
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F (prob)
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39.62927 (0.000000)
|
44.58577 (0.000000)
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50.96655 (0.000000)
|
DW
|
0.890045
|
0.946583
|
0.980516
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Sources : construction de l'auteur à partir des
rapports annuels COBAC, 2000-2008
Note : (*) = t de Student calculé
- estimation 1 : régression avec toutes les
variables stationnaires
- estimation 2 : régression sans la variable
FGACTF
- estimation 3 : régression sans la variable
FGACTF et Risk
Les résultats de notre modèle empirique
résumés dans les tableaux 4 montrent en allant dans le sens de
notre hypothèse une, que le volume des crédits distribués
(IHHP) est favorable à la rentabilité des banques. Mais
cette contribution de la distribution des crédits à la
rentabilité bancaire au Cameroun est non significative [t-Student
calculé (0,328) est inférieur au t-Student lu (2,093) au seuil de
5%]. Ainsi, une hausse de la diversification du portefeuille de crédits
bancaires d'un point de pourcentage des actifs induirait une
amélioration de la rentabilité des banques d'environ 0,004 point
de pourcentage des actifs. Ceci nous fait dire que, l'hypothèse de la
relation positive entre la distribution de crédits et la
rentabilité est confirmée, mais la question de la
significativité de cette relation reste encore pendante. De plus, on
constate qu'en tenant compte de la variable frais généraux
(fgactf) qui représente les charges, aucune variable
managériale explique significative la rentabilité. On constate
qu'il existe une relation négative entre la taille des banques
(logactf), comme variable organisationnelle, et la rentabilité
des actifs. Une hausse de la valeur des actifs de 1% entraînerait une
dégradation des rendements bancaires d'environ 0,0005 point de
pourcentage des actifs. La tendance à améliorer le niveau
d'économies d'échelle est source de charges et a tendance
à diminuer les profits (Mansouri et Afroukh, 2008). Du reste, notre
résultat empirique cadre partiellement avec notre hypothèse deux
(La taille des banques réduit l'effet de la diversification du
portefeuille de crédits et affecte négativement la
rentabilité bancaire) et la théorie économique qui
prédit que les économies d'échelle ont des effets
stimulants sur les profits des petites banques et un impact négatif sur
la profitabilité des banques à grande taille (Hayden et al,
2006). L'étude empirique de l'impact d'autres variables sur ces
variables managériales est alors d'une grande importance.
L'étude empirique de l'impact de l'environnement
macro-financier sur la rentabilité des actifs des banques camerounaises
induit des résultats mitigés (tableaux 4). Suivant nos
estimations, la taille du secteur bancaire (actfpib) n'est pas
favorable à l'augmentation de la rentabilité bancaire,
suggérant qu'en général, les économies
d'échelle ne sont pas favorables à l'amélioration de la
rentabilité des banques. Comme on peut le comprendre à travers le
tableau 4, une hausse de l'actif consolidé des banques camerounaises
d'un point de pourcentage du PIB entraînerait une baisse du
résultat net bancaire d'environ 0,007 point de pourcentage des actifs.
Puisque les banques camerounaises regorgent de liquidités
sous-exploitées dans un contexte où les demandes de
crédits sont assujetties à des garanties draconiennes, les
possibilités d'amélioration de la rentabilité globale ne
seront que limitées. Une banque est capable d'élargir sa part de
marché si ses produits sont différenciés de ceux de ses
concurrents. L'occupation de la part majeure du marché bancaire par un
nombre restreint d'acteurs bancaires a un effet stimulant sur la
rentabilité bancaire au Cameroun. En effet, selon nos estimations
empiriques (tableaux 4), une intensification de la concentration d'un point de
pourcentage du total des actifs du système bancaire entraînerait
une amélioration presque nulle de la rentabilité des banques en
pourcentage des actifs.
Le risque (Risk) pris par l'octroie de
crédits a un impact négatif sur la rentabilité bancaire au
Cameroun.
Enfin, en ce qui concerne les variables
macro-économiques, la croissance économique et l'inflation
semblent affecter positivement le rendement sur actifs des banques. La
croissance économique (pib) du pays a d'importantes incidences
positives, sur la performance des secteurs d'activité, y compris le
secteur bancaire. Ainsi, une croissance du PIB réel de un pourcent
induirait une amélioration de la rentabilité bancaire de 0,0003
point de pourcentage des actifs. Il semble que les banques camerounaises ont
profité de la restructuration de l'économie nationale par des
politiques de réformes structurelles du secteur (Avom et Eyeffa, 2007)
et l'introduction de nouvelles techniques et technologies en vue
d'améliorer les niveaux de bancarisation qui sont encore à des
niveaux faibles. L'inflation (inf) a un impact positif. Les tensions
inflationnistes produisent une extension et une surévaluation des
charges bancaires, mais ce sont les déposants et les emprunteurs qui
supportent de telles charges en dernier ressort. L'inflation entraîne
plus de charges d'investissement mais également des taux de
crédit élevés et donc plus de revenus
d'intérêt et de profits (Mansouri et Afroukh, 2008).
Le tableau 4 nous montre que lorsqu'on ne prend pas en compte
les charges (fgactf) en considérant que les banques
transfèrent leurs charges à la clientèle, le nombre des
variables qui expliquent significative la rentabilité passe alors de
trois (inf, actfpib et pib) à quatre (logactf,
inf, actfpib et pib). Lorsqu'on enlève la variable
Risk du modèle, ce nombre s'améliore et la variable
représentant le portefeuille de crédits diversifié devient
significatif. Ainsi, ceci nous semble dire que les charges et le risque de
distribution des crédits réduisent la capacité de la
diversification du portefeuille de crédits à maximiser la
rentabilité. Ceci confirme la deuxième partie de notre
hypothèse deux.
On constate à la lecture du tableau 4 que pour toutes
les estimations, la qualité de l'ajustement est bonne (les R² et
les R² ajustés sont proches de un). En ce qui concerne la
significativité des différents modèles, les tests de
Fisher nous montrent que tous sont significatifs, car les statistiques F de
Fisher calculées sont supérieures à celles lues sur la
table de Fisher. Le test de CUSUM square fait pour la première
régression (annexe 6) nous montre que tous les coefficients du
modèle sont stables, car la courbe ne sort pas du corridor. En ce qui
concerne l'auto-corrélation des erreurs, les tests de Durbin-Watson
montrent qu'il n'y a aucune corrélation entre les erreurs, car pour
toutes ces estimations on a d1 < DW < d2. Le test
d'hétéroscédasticité (annexe 5) montre que les
estimations obtenues sont optimales.
En résumé, nous avons eu dans ce chapitre
à développer le modèle nous permettant
d'appréhender les relations existant entre les variables d'une
manière empirique. Nous utilisons la régression multiple pour ce
modèle. Il est nécessaire de passer à l'étude
empirique de l'impact d'autres variables sur la variable rentabilité.
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