II - la gestion du portefeuille de crédits dans un
marché efficient
La gestion du portefeuille de crédits est jugée
primordiale dans le processus de gestion d'un établissement bancaire. La
diversification du portefeuille d'un établissement bancaire peut
améliorer la performance jugée par référence au
niveau, à la stabilité et à la prévisibilité
du rendement de cet établissement. Ceci lui permet ainsi de compenser
les pertes éventuelles d'un secteur, d'un marché ou d'un produit,
par des gains dans d'autres. Autrement dit, au niveau microéconomique,
cette tendance repose sur une modification de la définition du champ
stratégique par les établissements bancaires en termes
d'activités, de produits, de clients, de technologies
ou de zones géographiques. Les arguments en faveur d'une diversification
du portefeuille d'un établissement bancaire sont multiples. Nous
tiendrons compte principalement de l'objectif de la réduction du risque
et de la maximisation de la rentabilité.
II 1 - la réglementation bancaire en zone
BEAC : un outil en faveur de la division du risque sur le marché
bancaire camerounais
En considérant le portefeuille de crédits des
banques, la théorie financière et le modèle
d'équilibre des actifs financiers appréhendent bien l'analyse des
risques liés à la diversification d'un portefeuille. Ainsi, le
risque d'un ensemble de crédits est rapporté au risque propre de
chaque crédit et aux corrélations entre ces différents
types de crédits. Le risque pour un portefeuille diversifié sera
d'autant plus réduit que les corrélations entre les rendements
des différents types de crédits bancaires seront faibles ou
négatives. La plupart des études empiriques consacrées
à la réduction du risque induite par la diversification
sectorielle porte sur les banques des pays développés (Winton,
1999 ; Hayden et al, 2006 et Acharya et al, 2006). Ces études
mettent en évidence que la combinaison des plusieurs types de
prêts diminue le risque du portefeuille de crédits des banques.
Les normes de solvabilité construites sur la base d'une
définition standard des fonds propres, ont trait à la couverture
des risques, à la division des risques, à la couverture des
immobilisations, aux prises de participations et à la limitation des
engagements en faveur des actionnaires, des dirigeants et du personnel. Ces
normes dans le cadre du système bancaire de la zone BEAC font l'objet de
plusieurs règlements et instructions et s'inspirent des normes
adoptées sur le plan international.
Il ressort du Règlement COBAC R-2001/02 relatif
à la Couverture des Risques des
Etablissements de crédit (abrogeant le Règlement
COBAC R-93/03 et modifié par le Règlement COBAC R-2003/06) que
« les Etablissements de crédit sont tenus, dans les conditions
prévues au présent Règlement, de respecter en permanence
un ratio de couverture des risques, rapport entre le montant de leurs fonds
propres nets et celui de l'ensemble des risques de crédit qu'ils
encourent du fait de leurs opérations, au moins égal à
8% ». Ce règlement à pour objectif de proportionner les
crédits distribués par les établissements de crédit
à leur fonds propres. En clair, il ressort de ce règlement la
protection du déposant par l'obligation de l'apport personnel dans la
distribution des crédits.
Le règlement ci-dessus est appuyé par les
règlements relatifs à la division du risque et aux participations
dans le capital des entreprises par les banques. Ainsi, le Règlement
COBAC R-93/11 relatif aux Participations d'Etablissements de crédit dans
le Capital des entreprises limite les prises de participation des
établissements de crédit. Il en ressort que les participations
des Etablissements de crédit dans les entreprises sont
proportionnées à leur fonds propres. Selon le rapport de la
douzième assemblée annuelle du comité des superviseurs des
banques de l'Afrique de l'ouest et du centre, il ressort qu'en Afrique
centrale, dans le cadre du respect des normes de division des risques en 2006,
vingt quatre banques parviennent à respecter la limite globale (la somme
de tous les risques pondérés supérieurs à 15 % des
fonds propres ne doit pas excéder l'octuple des fonds propres nets), et
seulement neuf banques se conforment à la limite individuelle
(l'ensemble des risques pondérés encourus sur un même
bénéficiaire ne doit pas excéder 45 % des fonds propres
nets). Le ratio de division des risques a pour objectif de mettre en place une
règle de prudence dans la distribution des crédits par les
banques. Ceci dans le sens de diviser les risques et proportionner chacun d'eux
à l'assise financière de la banque afin d'être toujours en
mesure de faire face à la défaillance d'une contrepartie. On
retrouve ainsi, la règle qui consiste à « ne pas mettre
tous ses oeufs dans un même panier » (winton, 1999). Ce
règlement soutient la diversification du portefeuille de crédits,
qui a pour but la réduction du risque du portefeuille.
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