Sacerdoce du Christ comme sacrement de la miséricorde divine( Télécharger le fichier original )par Joseph TEMGA Grand Séminaire de Maroua - Fin cycle deThéologie 2006 |
IV.3. La figures du prêtre aujourd'hui dans la Province ecclésiastique de GarouaIV.3.1. Prêtre, homme de relations« Je suis venu pour qu'ils aient la vie et l'aient en abondance » (Jn 10, 10). Cette phrase de Jésus montre que tout le ministère de Jésus fut un service de l'homme pour que celui-ci ait la vie. La présence de Jésus au milieu de ses disciples témoigne qu'il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (cf. Mt 20, 28). Le prêtre qui agit en la personne et au nom de Jésus doit être lui aussi au service des hommes. Il s'agit pour lui d'être le levain qui fait lever la pâte d'amour au sein du peuple de Dieu. Et ceci se traduit de par son engagement radical pour la charité et la communion et par des contacts relationnels concrets. Il doit être prêt à se sacrifier comme le Christ pour le bien du peuple à lui confié et dire comme saint Paul : « ma vie aujourd'hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et s'est livré pour moi » (Ga 2, 20). Doux et humble de coeur, il doit savoir gérer les conflits sociaux. De ce point de vue, il se veut un homme digne de confiance et prêt à dire comme son Seigneur : « Pardonne leur. Ils ne savent pas ce qu'ils font » (Lc23, 34). Le prêtre peut être ainsi comparer au « Jidim » du proverbe Tupuri : « Je kluu din jidim, a la jaare ne hen ti » ce qui veut dire « le chef de famille ou l'ancien est une poubelle, on lui jette dessus les saletés ».Le commentaire que donne le P. Silvano ZOCCARATO de ce proverbe révèle un sens sacerdotal à l'oeuvre de l'ancien ou du chef de famille. En effet, le Jidim est le lieu des ordures de l'enclos du chef de la famille et aussi en même temps, il est le lieu d'offrandes sacrificielles aux esprits. Comme ce lieu, le prêtre ou mieux l'ancien « doit tout accepter et donc être patient, sage, garder les secrets et rester toujours plein de préoccupations »72(*). En tant qu'homme de relation, le prêtre doit accueillir avec simplicité et douceur toutes les critiques et paroles proférées à son encontre et avoir pour seul souci la bonne marche de la communauté dont il a la charge de mener à bien. Il doit être aussi miséricordieux comme le père du fils prodigue c'est-à-dire accueillir avec bienveillance et amour tout membre de la communauté qui se montre rebelle ou récalcitrant. Le prêtre est donc celui qui se donne, qui cherche d'abord le bien de l'autre même au prix de sa propre vie : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis »(Jn 15, 13). Le prêtre peut être, dans cette condition et essentiellement dans le domaine religieux, rappeler l'image du Go'el juif pour sa communauté. La présence du prêtre, au milieu d'un peuple aussi hétérogène qu'est la population de la province ecclésiastique de Garoua, devient interpellante, questionnante, appelant ainsi à un sens du dialogue, de relation de confiance. Son image doit faire penser à quelqu'un qui est digne de foi et de confiance, de quelqu'un qui comme Jésus « eut pitié des foules » (Mt 9,36) et fit miséricorde. Le prêtre est celui qui doit inspirer confiance et espoir non seulement des délaissés, des laissés-pour-compte, des marginalisés mais de tous ceux qui de prêt ou de loin l'approchent, ceux qui partagent avec lui ou non la même foi en Christ. De cette manière, le prêtre sera au milieu des différents peuples du Grand Nord du Cameroun comme un signe véritable du don de l'amour et de la miséricorde divine manifestés en Jésus dont le prêtre fait référence et rend témoignage. * 72 ZOCCARATO S., Le beau cheval mange la corde, Editions P.I.M.E, 2005, p. 48 |
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