§ 2. La méthode de la politique
monétaire
En reprenant Ottavj (1993), la méthode de la
politique monétaire vise la manière dont les autorités
emploient certains instruments afin d'influencer les objectifs
intermédiaires et opérationnels de la politique monétaire,
puis en définitive, les objectifs généraux de la politique
économique. Entre les instruments de la politique économique, par
définition entièrement contrôlé par le pouvoir
public, et les objectifs généraux (emplois, activités,
prix et équilibre extérieur), il existe des variables
intermédiaires qui représentent de chaînons de
transmissions inéluctables. Parmi les variables intermédiaires,
il nous faut distingue celles relevant d'objectifs opérationnels proche
des instruments et celles relevant d'objectifs intermédiaires, proche
des objectifs finals.
En définitive, la séquence analytique de toute
politique économique est la suivante : [instruments] [objectifs
opérationnels] [objectifs intermédiaires] [objectifs
finals].
La transmission entre les instruments monétaires et
les objectifs finals s'opère par des objectifs monétaires
opérationnels liés aux outils et des objectifs monétaires
intermédiaires, liés aux objectifs finals (Cabannes, 1994). En
matière monétaire, ces différentes catégories sont
présentées dans le tableau ci-dessous :
Tableau n°1.1 Séquence analytique de la
politique monétaire
Instruments
|
Objectifs opérationnels
|
Objectifs intermédiaires
|
Objectifs finals
|
- réescompte
- intervention sur le
marché monétaire
- réserves obligatoires
- Encadrement des crédits
|
Taux monétaire
Réserve des banques
Base monétaire
|
Taux d'intérêt
Masse monétaire
Crédit intérieur
Taux de change
|
Prix
Croissance
Emploi
Extérieur
|
Source :(Cabannes, 1994)
1. Objectifs de la politique
monétaire
A. Objectifs finals
Comme toute politique économique, la politique
monétaire vise à agir sur les variables économiques :
les prix (donc l'inflation), le niveau d'activité (et donc la
croissance), le niveau de l'emploi (et donc le chômage), et
l'équilibre extérieur (Ottavj, 1993). On parlera ainsi de
carré magique de Kaldor étant donné la difficulté
d'atteindre simultanément ces quatre objectifs.
Notons que les objectifs ultimes de la politique
monétaire sont : la croissance économique, le maîtrise
de l'inflation et la défense de valeur de la devise national par rapport
à celle des autres devise (Encarta, 2005). Toutefois, la
détermination de l'objectif le plus important de la politique
monétaire est controversée entre deux courants de
pensée : les Keynésiens sont favorable à la
croissance du revenu national alors que les monétaristes
privilégient la maîtrise de l'inflation.
L'accélération générale de
l'inflation à la fin des années 1970 a entraînée un
recentrage de la mission de la banque centrale sur l'impératif de la
stabilité de la monnaie. Ainsi, dans les faits, souligne Cabannes
(1994), la priorité à la stabilité des prix a
généralement remplacé le soutient de l'activité.
Et par rapport à son objectif final, Friedman
considère que la politique monétaire n'est pas un instrument
efficace pour atteindre le plein emploi ou réaliser la croissance
économique. L'objectif final de la politique monétaire doit
être la stabilité des prix (Cros et Prache, 1989).
Les autorités monétaires parviendrons à
ce résultat en promouvant le mécanisme de financement des
investissements fondé sur l'accroissement d'épargne stable et
volontaire et non sur la création d'actifs monétaires (Mihigo,
2005).
B. Objectifs intermédiaires
S'il est généralement admis qu'à long
terme le maintien de la stabilité des prix est l'objectif principal de
la politique monétaire, les opérations à court terme de la
Banque centrale sont focalisées sur la réalisation d'objectifs
intermédiaires. Étant donné une difficulté de
liaison directe entre les instruments et objectifs finals, Ottavj (1993)
souligne que: « il est possible de réaliser les objectifs
finals en agissant sur deux variables intermédiaires, les taux
d'intérêt et les agrégats monétaires ».
Ndo Ndong (2003) renchérie par ailleurs que les
informations relatives aux chocs qui perturbent l'objectif de stabilité
des prix étant imparfaites, la banque centrale peut être
amenée à rechercher un moyen d'améliorer son information
afin de contenir plus efficacement de tels chocs. Sa politique monétaire
pourrait être formulée en terme d'objectifs
intermédiaires.
2.
Instruments de la politique monétaire
Pour atteindre ses objectifs finals, la politique
monétaire a recours à différents instruments dont les
principaux sont l'action sur le niveau de taux d'escompte, la fixation du
montant des réserves obligatoires que les banques doivent déposer
auprès de la banque centrale et l'encadrement des crédits de
manière à contrôler la croissance de la masse
monétaire (Encarta, 2005). Mais, nombreux sont des économistes
qui soutiennent que la banque centrale dispose de trois instruments de la
politique monétaire : les interventions sur le marché
monétaire, les réserves obligatoires et le taux d'escompte
(Mankiw, 2003 ; Bennassy, Coeuré, Boone, et Coudert, 2003 ;
Samuelson et Nodhaus, 2000).
A.
Les opérations d'open-maket
Ces opérations agissent à la fois sur le montant
de liquidité en circulation et sur le montant de titres détenus
dans le porte feuille de la banque centrale (Benassy, Coeuré, Boone, et
Coudert, 2003). L'argent avec lequel la banque centrale achète les
obligations (ou titres) accroît la base monétaire et donc l'offre
de monnaie. L'argent qu'elle reçoit lorsqu'elle vend les obligations
réduit la base monétaire et donc l'offre de la monnaie (Mankiw,
2003).
B.
Les réserves obligatoires
Elles désignent les règlementations par
lesquelles les banques centrales obligent les banques commerciales à
respecter un coefficient de réserves minimal. Toute hausse du
coefficient de réserves obligatoires réduit le multiplicateur de
réserves et donc l'offre de monnaie (Mankiw, 2003). En pratique, cet
instrument n'est pas utilisé pour piloter la politique monétaire
car il ne permet pas un contrôle fin de la liquidité (Benassy,
Coeuré, Boone, et Coudert, 2003).
C.
Le taux d'escompte
C'est le taux d'intérêt que prélève
la banque centrale lorsqu'elle consent des prêts aux banques
commerciales. Celles-ci empruntent auprès de la banque centrale lorsque
leurs réserves sont insuffisantes pour respecter le coefficient de
réserves obligatoires. Plus le taux d'escompte est faible, moins il est
coûteux d'emprunter auprès de la banque centrale et plus les
banques commerciales ont recours à cette modalité de financement.
En conséquence, toute réduction du taux d'escompte accroît
la base monétaire et donc l'offre de monnaie (Mankiw, 2003).
Voilà, les variables de politique sous son
contrôle, que la banque centrale manipule directement en
déterminant sa politique. Aujourd'hui, les instruments employés
sont l'intervention sur le marché monétaire et l'opération
de réescompte (Encarta, 2005). Faut-il aussi rappeler que la banque
centrale ne contrôle qu'indirectement l'offre de monnaie en modifiant
soit la base monétaire, soit le coefficient de réserves (Mankiw,
2003) : objectifs opérationnels de la politique
monétaire.
Connaissant déjà la méthode ou la
modalité de la politique monétaire, nous pouvons maintenant
revenir sur le thème fondamental de notre étude, notamment le
choix des objectifs intermédiaires de la politique monétaire.
Mais, avant d'aborder ce point, parlons d'abord de l'indépendance et de
la crédibilité de la banque centrale.
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