§ 2 Le marché monétaire
La théorie keynésienne de la
préférence pour la liquidité postule que les principaux
déterminant de la demande de monnaie sont le niveau de revenu et le taux
d'intérêt. A cela s'ajoute pour besoin d'analyse le taux de
change.
Ainsi, la fonction de demande de monnaie que nous avons
retenus fait ressortir trois type de relation : celle entre demande de
monnaie et revenu d'une part et celles entre taux d'intérêt et
taux de change et demande de monnaie d'autre part.
Au sujet de la relation entre le revenus réel et la
demande de monnaie, il y a lieu de noter que le coefficient du revenu
réel est affecté d'un signe négatif (-1.138) à long
terme contrairement à la prédiction théorique. A court
terme cependant, elle répond aux attentes théoriques.
Ce signe négatif à long terme (-1.084) serait
justifié par l'influence presque négative de l'accroissement de
la masse monétaire sur le Produit Intérieur Brut réel.
Alors que les encaisses réelles évoluaient à un rythme
très croissant, (8.59 % en moyenne par an), le revenu réel
était quasiment décroissant, (-1.55% en moyenne par an), pendant
toute la durée d'étude. L'augmentation de l'offre de monnaie n'a
donc pas stimulé l'économie à travers une hausse de la
production. Ainsi, la conclusion tirée de l'équation quantitative
de la monnaie (c'est-à-dire à tout niveau donné des prix,
une hausse de l'offre de monnaie implique les encaisses réelles plus
élevées et donc un niveau de production accru) ne plus
vérifier en RD Congo.
L'estimation montre que le revenu réel, au cours de
la période sous revue, n'explique pas significativement la variation de
la demande de monnaie en RD Congo. Nous pensons plutôt que c'est le
besoin de financement budgétaire, et non le niveau de production, qui a
influencé l'augmentation de l'offre de monnaie si bien que l'inflation
est devenue un phénomène récurrent en RD Congo.
En revenant sur la relation entre monnaie et taux
d'intérêt, il ressort de l'estimation qu'à
court et à long terme, les coefficients du taux d'intérêt
est affecté d'un signe négatif (-0.0447 et -0.0179)
conformément à la prédiction théorique. Quelque
soit l'horizon temporaire retenu, son effet sur la variation de la demande de
monnaie demeure non significatif. Ainsi, pour toute la durée sous
examen, le taux d'intérêt ne détermine pas la demande de
monnaie. La monétisation du déficit public a
entraîné l'accroissement du taux d'intérêt à
travers un effet d'éviction.
Par rapport, finalement, à la relation entre taux de
change et demande de monnaie, l'estimation laisse voir que le coefficient du
taux de change est négatif. Cela traduit une dépréciation
de la monnaie nationale face au dollar. Cette dépréciation
persistante qui a caractérisé l'économie congolaise, a
amené les agents à se dessaisir de la monnaie nationale au profit
de devise. Ces anticipations ont entraîné la demande de devises
à la hausse et ont accéléré la
dépréciation de la monnaie nationale. Comme les prix des biens et
services sont indexés sur l'évolution du taux de change, ils sont
à leur tour revus à la hausse ; ce qui finalement
entraîna l'inflation. Au seuil de 10%, le taux de change est significatif
et se révèle de surcroît comme le véritable
déterminant de la demande de monnaie en RD Congo.
Les variables muettes introduites dans le modèle
l'ont stabilisé. L'instabilité politique et conflits armés
pris en compte dans l'équation IS a significativement produit d'effets,
négatifs bien sûr pour IS, sur la production. Il en est de
même de la situation d'hyperinflation qui a influencé
significativement la demande de monnaie.
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