La révision constitutionnelle en science du droit( Télécharger le fichier original )par Jean Paul MUYA MPASU Université de Kinshasa - Licence 2011 |
B. Avis sur la révision constitutionnelle du 20 janvier 2006Quatre questions nous préoccupent, aux quelles nous devons répondre. Il s'agit de la légitimité du Président de la République élu à tour unique (1°), de l'immoralité de la révision constitutionnelle de l'article 110 (2°), de l'indépendance du pouvoir judiciaire (3°) et des prérogatives des provinces (4°). 1° De la légitimité du Président de la République élu à tour unique.D'entrée de jeu, force est de constater que la notion de légitimité est purement sociologique. « Le sociologue Max Weber a distingué trois (3) types de légitimité selon que le pouvoir est traditionnel, charismatique ou rationnel527(*)». Dès lors, n'étant pas une catégorie juridique528(*), la question de légitimité ne peut se poser en droit positif congolais pour ce qui est de l'élection du Président de la République à tour unique. Plus poussé, l'avis de Joseph Kazadi va jusqu'à rendre conforme la révision de l'article 71 en se référant à la volonté du constituant et selon la constitution formelle529(*). Qu'en est-il alors de la question de l'immoralité introduit par la révision constitutionnelle de l'article 110 de la constitution. 2° De la problématique de l'immoralité prescrite par la révision de l'article 110Par une exclamation, Auguste Mampuya écrit, alors en 2007, ceci : « On voudrait que le suppléant qui avait ainsi remplacé le député concerné, conformément à la constitution, soit chassé afin que le député reprenne son siège ! C'est une conception marquée de plusieurs immoralités530(*) ». Il soulève l'immoralité liée à la cupidité des élus et à la notoriété des suppléants qui a peut-être permis l'élection du député531(*). L'argument d'Auguste Mampuya n'emporte pas suffrage dans la science du droit qui « doit être composée de propositions vérifiables ou réfutables selon des procédures analogues à celles admises dans les sciences de la nature 532(*)». Après vérification, le discours de l'auteur est faux et teinté des jugements de valeur. Or selon notre démarche, « (...) le juriste doit se borner à connaître [l'] objet [de sa science] sans chercher à porter sur lui des jugements de valeur (postulat de la Wertfreiheit)533(*) ». D'ailleurs, suivant une approche justificatrice des normes à laquelle nous n'adhérons pas, Joseph Kazadi -qualifiant cette révision de mineure- constate que [cette] révision ou innovation mineure est nécessaire et recueille une grande convergence. Il prend position de ne pas discuter cette révision à l'aune de l'article 220, lequel n'a pas été concerné. L'opportunité de cette modification apparait du reste évidente534(*). Pour notre part, nous ne soulignons aucun jugement de valeur car celle-ci, comme le soutenaient David Hume et Max Weber, ne peuvent pas faire l'objet d'une connaissance objective535(*). Il s'ensuit de ce débat, la question de l'indépendance du pouvoir judiciaire. * 527 Voir Weber, M., Economie et société, trad. Française, 1971, T. 1, pp. 36 - 37, Cité par Burdeau, G., Hamon, F. et Troper, M., Droit constitutionnel, 21è édition, op.cit, p.29 ; voir aussi Bastid, P. et al., « L'idée de légitimité », in Annales de philosophie politique, 1967 ; Kabuya, C., Sociologie politique, cours polycopié, Université de Kinshasa, 2008-2009, pp.114-115. * 528 A propos de la notion de catégorie juridique, voir supra. * 529 Kazadi, J., op.cit, p. 15 * 530 Mampuya, A., op.cit, p. 2 * 531 Idem. * 532 Voir Arnaud, A.-J. (dir), op.cit, p. 462 * 533 Idem. * 534 Kazadi, J., op.cit, p. 37 * 535 Voir Maulin, E., op.cit, p.1171. |
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