La révision constitutionnelle en science du droit( Télécharger le fichier original )par Jean Paul MUYA MPASU Université de Kinshasa - Licence 2011 |
3° La pratique du droit de révision constitutionnelle au SénégalUn cas de révision constitutionnelle attire notre attention en raison du critère de justiciabilité retenue par l'étude de la pratique du droit de révision constitutionnelle. C'est la loi constitutionnelle n°29/2005, prorogeant le mandat des députés élus à l'issue des élections du 29 avril 2001, votée par l'assemblée nationale le 16 décembre 2005487(*). A cette occasion, 15 députés saisirent le conseil constitutionnel afin qu'il se déclare compétent et décide que la loi déférée est contraire à la constitution, car elle est une fausse loi constitutionnelle et viole la procédure de l'article 103 de la constitution488(*). En réponse authentique, le conseil constitutionnel, à l'article 1er de sa décision, déclara n'avoir pas compétence pour statuer sur la demande susvisée489(*). Par ailleurs, Luc Sindjoun constate, suivant une approche comparatiste, que « le conseil constitutionnel sénégalais, conforme à la tradition jurisprudentielle établie en France, refuse de contrôle la constitutionnalité d'une loi constitutionnel490(*) ». A contrario, la même matière se posa la même année au Bénin avec décision différente. 4° La pratique du droit de révision constitutionnelle au BéninAu Bénin, c'est la décision DCC 06-074 du conseil constitutionnel béninois du 8 juillet 2006 qui préoccupe notre étude de pratique du droit de révision constitutionnelle491(*). Il s'agit de la loi constitutionnelle n°2006-13 portant révision de l'article 80 de la constitution béninoise relative au mandat des députés qui est en cause492(*). En effet, cette loi prorogeait le mandat des députés d'une année. En conséquence, 24 recours furent formés contre cette loi parmi lesquels le conseil a décidé 17 irrecevables493(*). Et en termes de réponse aux recours reçus sollicitant invalidation de la loi constitutionnelle, le conseil constitutionnel béninois déclara, à l'article 7 de sa décision, que « toutes les dispositions de la loi constitutionnelle n°2006-13 portant révision de l'article 80 de la constitution du 11 décembre 1990 votée par l'assemblée nationale le 23 juin 2006 sont contraires à la constitution494(*) ». Cette décision fait remarqué à Luc Sindjoun que « le contrôle de la constitutionalité d'une loi constitutionnelle n'est pas constant dans les juridictions constitutionnelles francophones495(*) ». aussi poursuit-il, « dans cette perspective, le pouvoir constituant dérivé n'est pas souverain, mieux sa souveraine est limitée. Il en est de même au Mali, où la cour constitutionnelle contrôle la constitutionnalité des lois constitutionnelles comme il ressort de la jurisprudence inaugurée par l'arrêt n° 01-128 de 12 décembre 2001 496(*)». Fini avec l'étude la pratique du droit de révision constitutionnelle en droit comparé, voyons le cas en histoire constitutionnelle congolaise. * 487 Voir décision du conseil constitutionnel sénégalais du 18 janvier 2006 enregistrée sous le numéro 3/c/2005, p.1 * 488 Idem, p.2 * 489 Idem, p.4 * 490 Sindjoun, L, Les grandes décisions de la justice constitutionnelle africaine. Droit constitutionnel jurisprudentiel et politiques constitutionnelles au prisme des systèmes politiques africains, Bruxelles, Bruylant, 2009, p.337 et S. * 491 Voir Revue du Café Juridique, n°1 juillet 2011, pp. 116 - 133 * 492 Idem. * 493 Article 1er de ladite décision * 494 In Revue du Café Juridique, op.cit, p.132 * 495 Sindjoun, L, op.cit, p. 334 * 496 Singjoun, L, op.cit, p. 334. Cependant, Luc Sindjoun postule que «la Cour constitutionnelle béninoise interprète la constitution, crée la `'supra constitution'' et des normes opposables à l'Etat » [Idem, p. 337]. Contra : nous inscrivons en faux cette proposition sindjounienne sur le droit du moment que l'article 7 de la décision en question déclare contraire la loi constitutionnelle n° 2006-13 à la constitution et non à la `supraconstitution'' |
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