CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre étude dont l'objet est l'analyse
criminologique des chansons policières lors des rassemblements.
En effet, il a été pour nous question d'analyser
de façon criminologique les messages véhiculés par les
chansons policières.
Pour y arriver, l'approche théorique dite de l'acteur
social dans sa perspective interactionniste est celle que nous avons
mobilisée pour cette étude.
L'observation participante a été
utilisée pour cette fin dans une posture ethnographique. La
méthode ethnographique utilisée dans cette recherche nous a
exigé de passer un temps assez considérable sur terrain en guise
de récolter les données au moment de leur production en occupant
une place de stagiaire au sein du bataillon police Groupe Mobile d'Intervention
Est qui est notre champ d'étude.
Les données ont été analysées
grâce à la méthode d'analyse thématique verticale et
horizontale.
Nos observations et entretiens y ont été
réalisés avec les officiers ainsi que les Agents de Police.
En effet, l'analyse du contenu dans sa perspective
thématique est le moyen de traitement des données auquel nous
avons fait recours pour arriver aux résultats de notre recherche.
De l'interprétation des données, les
résultats suivants ont été faits et méritent
d'être signalés au regard de notre question de départ,
à savoir : « quelle analyse faire des chansons comme mode
d'expression policier ? ». En réponse à cette
question, l'étude révèle cinq fichiers ou paniers relatifs
à notre objet, lesquelles sont de natures diverses. Le contexte de
production des chansons, la fonction des chansons, la catégorisation des
situations problèmes, la chanson ; mode de revendication
policière, les perceptions ou les représentations.
Ø Le premier fichier cerne le contexte de production
des chansons policières. A cet effet, l'exploitation thématique
nous a permis de décortiquer six contextes cadrant avec les chansons
policières. Il s'agit des contextes de guerre, du maintien et
rétablissement de l'ordre public, d'initiation et formation
policière, d'animation, d'éducation physique et sportive et enfin
des exigences du métier.
Ø Le deuxième quant à lui cerne les
fonctions des chansons. A ce sujet, l'étude révèle quatre
fonctions telles qu'elles émanent des chansons policières. C'est
notamment les fonctions communicationnelle, éducationnelle, rythmique
et artistique. Ainsi donc, les chansons ne sont pas produites sans
finalités. Elles jouent un grand rôle dans la vie policière
puisqu'elles contribuent à l'éducation policière et
entrent en ligne de compte dans le cadre du maintien physique du policier en
rythmant le mouvement de la masse lors de l'exercice physique.
Ø Le troisième fichier aborde la
catégorisation des situations-problèmes
répertoriées dans les messages véhiculés par les
chansons policières : les pamphlets (mbwakela), la souffrance `'oyo
mosala te'' (la police n'est pas un travail), la concurrence, la
conflictualité, la dédicace telle que la chanson
dédiée à un commandant qui est appelé à
prester ailleurs `'toleli commandant na biso Modjogo `' (Nous
pleurons notre commandant Mudjogo), les sujets d'esprit et le patriotisme, le
thème sociopolitique et le thème mondain tel qu'il apparait dans
la chanson `'Rose molaso'' (Rose la prostituée)
Ø Le quatrième fichier présente la
chanson comme mode de revendication : l'étude révèle
deux modes de revendication policière à travers les chansons. Il
s'agit des chansons purement revendicatives et interpellatrices.
Ø Le cinquième et dernier fichier tente de
scruter les perceptions ou les représentations qui découlent
des chansons policières. Nous avons retenu les représentations
ci-après:
· La police est un métier noble, difficile,
dangereux, de sacrifice et de pouvoir ;
· L'étude a cerné deux types de
représentation policière de la population. Les policiers
considèrent le civil comme un `'peureux'' et comme `'mutu pamba'' (un
vaurien)
· Les représentations policières de la
femme : celle-ci est considérée comme `'une
prostituée'' et toutes les femmes appartiennent aux policiers qui se
considèrent comme les `'vrais mibali'', c'est-à-dire les `'vrais
maris''
· L'Auditorat militaire est considéré comme
`'un sangsue'', `'maison de discipline policière'' et un `'lieu de
repos''.
· Le Parquet civil est perçu comme `'Puila manbo''
(dernière instance où se cloture une situation-problème)
et `'nzela ya grand monde'' ou le chemin de la prison.
· Les autorités politico administratives sont
concidérées comme `'papa ou mobali ya maman'' et `' batu ya
lukuta'' (les trompeurs).
· les représentations policières de la
drogue : elle est perçue comme `'courage'', `'fortifiant'' et
`'mauvais comportement''
Il importe de faire remarquer que le noyau dur de tous ces
problèmes se situe dans la complexité de tous les facteurs
cités. C'est comme le cas de la chanson qui se conçoit comme un
mode de revendication et d'interpellation policière. Par ailleurs, la
revendication dont les policiers réclament n'est pas autorisée ni
par la loi organique ou le décret n° 002/2002 du 16 Janvier 2002
portant institution, organisation et fonctionnement de la police nationale
congolaise, ni par la constitution de la République Démocratique
du Congo.
Enfin, il faudra retenir que cette étude, loin
d'être complète et parfaite, néanmoins elle s'estime le
mérite d'avoir présenté l'essentiel des différents
messages véhiculés par les chansons policières.
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