2. Conflit commandant - troupe
L'un des conflits qui nous a le plus marqué est celui
qui oppose le commandant et certains policiers. De nos entretiens et de nos
observations, il se révèle que le conflit dont ces deux couches
font l'objet, aurait comme pomme de discorde une opposition dans la vision du
monde et la perception que les uns et les autres se font du métier
policier. Ce problème de perception touche à la question de
représentation qui sera développée dans les lignes qui
suivent.
En effet, le commandant se considère comme protecteur
du bien et de la discipline du corps. Les policiers considèrent le
commandement comme une source de malheurs et chaque fois, ils sont toujours
arrêtés. D'où paradoxe. Suivons comment les uns et les
autres se considèrent à travers les extraits des entretiens
réalisés auprès d'eux quand ils réagissent à
notre question de savoir comment étaient leurs rapports
réciproques :
« ...vous voyez, cette unité est
constituée des ex Faz, des intellectuels, des Kadogo, des jeunes...mais
je vous assure que nos relations ne sont pas bonnes dans la mesure ou ce qu'ils
font, c'est ce que nous interdisons.(...)ils font la tracasserie,
l'indiscipline lors des patrouilles. Toutes ces activités sont
prohibées par la loi, mais eux ne comprennent pas (...) ils disent que
la population c'est leur « champ. »
Le contenu de cet extrait d'entretiens réalisés
avec `'COBRA'' et `'PITON'' deux cadres du bataillon Police Groupe Mobile
d'Intervention Est nous éclaire sur les causes qui paralysent les
relations entre le chef et certains policiers de cette unité. Le
commandant, quelque soient les conditions de travail, cherche à
sauvegarder la discipline et surtout l'image de la police en
général.
Voyons comment l'extrait de l'entretien réalisé
avec `'KIBAKURI'' élément du même bataillon qui
réagit en ces termes :
« Ici chez nous, il n'ya pas d'autres moyens de
survie en dehors de travailler la nuit comme patrouilleur. Nous faisons la
patrouille sans manger ni être payé et attendre seulement le peu
de la fin du mois ».
En effet, le contenu de cet extrait renforce l'idée
selon laquelle l'opposition entre ces deux groupes repose sur la divergence des
objectifs. Pour les uns il s'agit de protéger et pour les autres il faut
coûte que coûte s'en servir pour répondre aux besoins de
survie.
Apres avoir discouru sur le conflit entre commandant et
certains policiers, parlons de conflit inter troupe.
3. Conflit inter- troupe
La pression démographique dans le camp ne peut
être sans avoir des effets pervers dans la vie des policiers. Parmi ces
effets, soulignons le tiraillement entre les familles policières. En
effet, dans le Camp préfabriqué il n'y a pas seulement les
policiers du bataillon Groupe Mobile d'Intervention Est qui y habitent ;
mais aussi ceux d'autres unités de la garnison de Lubumbashi. Certains
bâtiments y logent trois a quatre familles. Il arrive que la
collaboration entre ces familles pose problème.
Nous renseigne `'MPITA'' en ces termes : les policiers
ont exprimé la crainte de voir leurs maisons être spoliées
par les « nomades », terme qui désigne les
« suiveurs des chefs » ou les « malanda
ngulu » Voici ce que disent les policiers ayant fait longtemps dans
ce camp de la police : « les nomades » cherchent
à nous spolier nos maisons. Nous leur donnons ce qu'il faut ; ils
désirent de grandes maisons et nous , irons-nous ou ?
Les nomades rétorquent à ce propos ce qui
suit : les « BAKOLO »,terme qui désigne
les policiers ayant fait longtemps dans le camp, nous privent des maisons sous
prétexte qu'il y en a plus. Ils ne veulent pas que nos enfants restent
dans de bonnes conditions ... »
Ces propos traduisent la misère dans laquelle le
policier vit. La maison en tant qu'une condition nécessaire et utile
pour l'homme de faire face à des intempéries, elle devient alors
un objet qui nous fait penser à la souffrance.
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