B. Environnement et croissance économique
La plupart des travaux ont pour but la vérification de
la courbe de Kuznets environnementale (CKE) pour les principaux polluants. Pour
Georgescu-Roegen (1971), Meadows et al (1972), l'activité
économique (production et consommation) entraîne
l'épuisement des ressources naturelles, l'accumulation de déchets
et la concentration des polluants qui dépassent la capacité de la
biosphère (effet de serre, biodiversité) causent la
dégradation de la qualité de l'environnement et la diminution du
bien-être social.
émissions des polluants augmentent avec les niveaux de
revenu. Dans le même ordre d'idée, Stern et al (1996) ou encore
Bruyn et al (1998) ont confirmé que les émissions polluantes
baissent si on atteint un seuil de revenu bien défini (c'est la
deuxième phase de CKE). Le rapport de la banque mondiale (1991), qui est
basé sur les travaux de Shafik et Bandyopadhyay, ne vérifie la
relation de type (CKE) que pour un nombre limité d'indicateurs, donc on
ne peut pas admettre que la croissance économique soit toujours une
réponse au problème écologique. Et suite à ce
premier constat international, plusieurs auteurs ont décidé de
tester de nouveau l'hypothèse de la (CKE).
Grossman et Krueger (1995) ont pu expliquer la relation entre
les différents indicateurs de l'environnement et le niveau de revenu
d'un pays, ils ont conclut qu'aucune preuve ne montre que la qualité de
l'environnement se détériore progressivement avec la croissance
du pays, au contraire, pour la plupart des indicateurs, la croissance
économique apporte une phase initiale de dégradation, suivie
d'une phase d'amélioration. Quant à, Selden et Song (1994) ils
ont émis l'hypothèse selon laquelle la relation entre la
croissance économique et la qualité de l'environnement, qu'elle
soit positive ou négative n'est pas fixée le long d'un chemin de
développement du pays ; elle peut changer de signe selon qu'un pays
atteint un niveau de revenu au cours duquel la demande des citoyens est
d'offrir une infrastructure efficace et un environnement plus propre.
Akbostanci et al (2006) appliquent deux séries
chronologiques et les techniques de données de panel pour tester
l'hypothèse de la CKE pour les émissions de carbone en Turquie,
leurs résultats ne sont pas conformes avec les principes de cette
hypothèse. Lise (2006) conclut que la relation entre les
émissions de carbone et le revenu en Turquie est linéaire.
La relation entre la production et le niveau de la pollution a
été aussi discutée par MartinezZarzo et Bengochea-Morancho
(2004) qui ont affirmé l'évidence que les émissions de CO2
et le revenu national sont négativement reliés pour des niveaux
bas de revenus, mais reliés positivement pour des niveaux
élevés de revenu. Cependant, l'augmentation nationale du niveau
de revenu ne garantit pas nécessairement les efforts énormes
fournis afin de contenir les émissions polluantes.
Selon Panayotou (1993), l'intensification de
l'industrialisation entraîne l'épuisement des ressources et
l'accélération de la production de déchets. A des niveaux
plus élevés de développement, l'utilisation de
technologies plus efficaces et la demande accrue pour la
qualité de l'environnement donnent comme
résultat une baisse régulière de la dégradation de
l'environnement. Il a montré aussi qu'une diminution monotone de la
qualité de l'environnement avec la croissance du revenu, demande des
réglementations strictes pour l'environnement et même des limites
au développement économique afin d'assurer le soutien de la vie
écologique du système (Arrow et al.1995), et une augmentation
monotone de la qualité de l'environnement donne à penser que les
politiques qui accélèrent la croissance économique
conduisent à une rapide amélioration de l'environnement et les
politiques explicites de protection de l'environnement ne sont pas
nécessaires.
Bimonte S. (2002) obtient une relation positive entre le
niveau de l'éducation et la demande de protection environnementale et
montre également que l'éducation accroît le niveau minimum
de qualité environnementale auquel une société
donnée exige pour un même niveau de revenu. Il trouve aussi que la
croissance économique dans les pays riches est accompagnée par la
dégradation de leurs milieux naturels car ces derniers ont tendance
à préserver davantage leur environnement (la première
phase de CKE). Mouhamadou (2007), en étudiant la relation entre la
croissance économique et la pollution atmosphérique pour le cas
du CO2 au Sénégal, aboutit à la conclusion que le produit
intérieur brut (PIB) n'est pas la cause directe de la pollution
atmosphérique. La relation est plutôt inverse. La croissance
économique induit une réduction du taux de croissance de la
pollution.
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