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Analyse de la relation développement économique et qualité de l'environnement au Niger: cas des émissions de CO2.

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par Mamane WALIAKOY
Université d'Abomey-Calavi au Bénin - DEA en cours 2011
  

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C. Ouverture commerciale et environnement :

Afin de clarifier la relation entre ces deux variables, il est utile de distinguer trois mécanismes qui surviennent suite à une ouverture, soit les effets d'échelle, de composition et technique [Grossman et Krueger (1993)].

Premièrement, l'effet d'échelle (scale effect) capture la relation entre l'augmentation du commerce et l'expansion de l'activité économique. Les hypothèses sous-jacentes à cette relation sont que si la nature des intrants à la production et la composition du panier de biens produits demeurent inchangées, alors la quantité totale de pollution générée devrait augmenter suite à l'ouverture qui cause une augmentation de l'activité économique. Ce mécanisme se rapproche de l'intuition des environnementalistes qui plaident qu'une hausse du commerce accroît la pollution.

En second lieu, l'effet de composition (composition effect) se base sur une approche Heckscher-Ohlin conventionnelle selon laquelle une libéralisation du commerce amène chaque pays à se spécialiser dans les secteurs où il a un avantage comparatif. Le commerce

affecte alors la composition de la production. Ainsi, si nous considérons l'environnement comme intrant dans le processus de production, un pays avec une abondance relative en environnement va augmenter sa spécialisation dans les biens intensifs en pollution suite à une ouverture du commerce. À l'opposé, un pays qui importe un bien polluant va voir la production de ce bien diminuer suite à la libéralisation. Cette théorie fait référence à l'appellation anglaise «pollution haven hypothesis », selon laquelle les pays ayant des normes environnementales peu contraignantes verront les firmes polluantes migrer vers leur territoire. Toutefois, il est possible que les sources d'avantages comparatifs soient plus « traditionnelles », c'est-à-dire les différences relatives d'abondance en capital et travail. Low (1992) indique que la moyenne pondérée des dépenses en contrôle et réduction de la pollution dans les secteurs industriels aux États-Unis n'est que de 0,54% des coûts totaux de production. Ceci laisse présager que les firmes pourraient ne pas être guidées en premier lieu par ce type d'avantage comparatif pour se localiser. L'impact du commerce via l'effet de composition serait alors plus ambigu, les dotations en facteurs telles que le capital et le travail seraient alors les forces qui dictent le commerce international. Cette théorie est connue sous le vocable de dotation en facteurs (factor endowment hypothesis). En général, les pays en voie de développement ont une abondance relative en travail par rapport au capital. Ainsi,

une dégradation de l'environnement suite à l'ouverture au commerce dans ces pays serait plus probable si les secteurs intensifs en main-d'Suvre étaient polluants. En étudiant cinq industries polluantes3, Tobey (1990) a démontré que l'abondance relative en main-d'Suvre non-qualifiée a un impact significatif sur les exportations nettes de biens polluants que pour une seule industrie, soit celle des métaux non ferreux. Ce résultat nous amène donc à croire que via l'effet de composition, les PVD n'ont pas nécessairement un avantage comparatif pour la production de biens polluants.

Le dernier mécanisme qui associe la mondialisation des échanges à l'environnement est l'effet technique (technique effect). Cet effet permet de prendre en considération que l'extrant n'a pas besoin d'être produit par les mêmes technologies suite à la libéralisation. Dans notre cas, l'extrant de pollution par unité de production devrait diminuer et ce, spécialement dans les PVD.

3Les industries polluantes sont définies comme celles où les coûts de réduction de la pollution sont supérieurs à 1,85% des coûts totaux. Tobey se base sur la situation américaine où les secteurs qui correspondent à ce critère sont l'industrie chimique, minière, des pâtes et papiers, des métaux non ferreux et de l'acier.

Premièrement, les firmes étrangères devraient transférer des technologies plus modernes dans l'économie locale lorsque les restrictions sur l'investissement étranger sont relâchées. Suite au courant de sensibilisation environnemental et à la diminution des coûts, les nouvelles technologies sont conçues de manière à émettre moins d'émissions polluantes que les précédentes. Ainsi, le degré de pollution par unité de production est réduit. En second lieu, la théorie du commerce international indique qu'une libéralisation engendre une hausse dans les niveaux de revenus des différents pays participants. Si tel est le cas, les électeurs vont demander une amélioration des normes environnementales comme expression de la hausse de la richesse nationale.

L'hypothèse derrière ce raisonnement est qu'un environnement sain est considéré comme un bien normal. Par l'interaction de ces deux éléments, l'effet technique résultera donc en une diminution de la pollution suite à l'ouverture. Les résultats indiquent que peu de liens significatifs sont trouvés entre une plus grande ouverture au commerce international et le niveau de pollution. Pour expliquer la relation entre l'augmentation du commerce et l'environnement, notre étude considérera ces trois mécanismes.

Antweiler, Copeland et Taylor (2001) étudient les effets du commerce sur l'environnement et sont les premiers ayant séparé et testé économétriquement l'ampleur des trois effets : d'échelle, de composition et technique. Ils concluent que la libéralisation des échanges, en élevant l'échelle de l'activité économique de 1%, contribue à l'augmentation des concentrations de SO2 de 0,25 à 0,5% par l'intermédiaire de l'effet d'échelle, mais son effet technique accompagnateur réduit les concentrations de 1,25 à 1,5% de telle sorte que l'effet total est finalement bénéfique.

Dean (1998) explique la non robustesse sur la relation entre l'ouverture commerciale et l'environnement présentée dans la littérature s'explique par une mauvaise spécification du modèle. Elle avance la possibilité que la croissance du revenu et la dégradation de l'environnement soient déterminées conjointement. Dean estime donc un modèle à équations simultanées pour permettre la présence d'effets dynamiques entre la croissance du revenu et des émissions. Elle conclut que l'ouverture aggrave directement l'environnement via l'influence de la spécialisation, mais que cet impact négatif est atténué par l'effet technique.

Dean (2002) développe un système de deux équations simultanées pour estimer les effets de
l'ouverture économique sur la croissance des revenus et de l'augmentation des derniers sur la
pollution de l'eau dans les provinces chinoises entre 1987-1995. L'auteur trouve que

l'ouverture commerciale aggrave directement la pollution de l'eau, mais l'atténue indirectement par l'intermédiaire de son effet sur l'augmentation des revenus.

Frankel et Rose (2005) cherchent à déterminer l'effet du commerce extérieur sur l'environnement pour le cas de plusieurs pays. Ils considèrent trois types d'émissions polluantes le SO2, le NO2 (le dioxyde d'azote) et les particules suspendues. Ces variables endogènes sont expliquées par le revenu par tête, le taux d'ouverture au commerce extérieur, ainsi que deux autres variables non économiques: le régime politique et la surface du terrain par habitant. Les résultats dégagés des estimations économétriques, pour un grand nombre de pays, montrent que le commerce tend à réduire les trois mesures d'émissions polluantes : d'une manière plus significative pour le SO2, moyennement pour le NO2 et plus faiblement pour les particules. Les auteurs affirment, ainsi, que l'hypothèse des havres de pollution n'existe pas, et que l'hypothèse de spécialisation de certains pays dans la production sale se révèle incorrecte.

Saviotti et Pyka (2004) montrent qu'une prise en compte des conditions environnementales dans un pays donné conduit à une dynamique industrielle au niveau des entrées et des sorties des firmes. Ces pressions environnementales augmenteraient l'innovation au niveau des entreprises en matière de réduction de pollution à travers l'amélioration de leur technologie productive. Collins et Harris (2005) trouvent que les entreprises qui dépensent dans les activités réductrices de pollution suite à l'ouverture, réduisent probablement leur efficience technique. Ils expliquent cela du fait que ces entreprises en Suvrant pour un environnement sain, baissent du coup leurs investissements en matières intermédiaires, en capital toutes choses égales par ailleurs.

Pour l'OCDE (1994), les échanges renforcent la discipline du marché, laquelle réduit ellemême le gaspillage et l'utilisation inefficiente des ressources énergétiques. Les pressions commerciales peuvent donc contribuer à la réduction de l'émission de certains effluents induite par la croissance grâce à une spécialisation internationale plus efficiente. La discipline qu'impose le marché international et les signaux de prix non déformés accroissent l'efficience de l'allocation des ressources et diminuent la pollution par l'intermédiaire d'une tarification et d'une utilisation plus économiques des ressources énergétiques (Lucas, Wheeler et Hettige, 1992; Ten Kate et Draaisma, 1994). II s'agit d'une situation «doublement gagnante ou ne laissant « aucun regret », puisque l'environnement est

amélioré et le gâteau agrandi (Banque mondiale, 1992).

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