1-
Les points forts
L'une des missions que s'est assignée la Direction
Technique il y a quelques temps c'est l'optimisation de la production d'une
huile de qualité et le maintient du taux d'extraction d'huile à
20 à 20,5 %. Dans cette optique, l'huilerie de Nkapa a donc
bénéficié non seulement de la remise en fonctionnement de
bon nombre de ses équipements, mais en plus elle s'est dotée
progressivement de nouveaux équipements à la fine pointe de la
technologie. Nous citerons le centrifigeur du jus brut Westfallia qui a
été remplacé par les centrifugeurs
« Stork » puis par deux clarificateurs Flottweg à
trois phases, c'est-à-dire séparant d'un coup le jus brut en
huile semi-finie, eau et boue. De plus il a été entrepris la
révision complète de la centrale thermique. Le réseau
électrique quant à lui recevra dans les prochains jours un coup
de neuf. Du point de vue humain, l'huilerie de Nkapa s'est adjointe les
services de quelques personnels hautement qualifiés à
savoir un Directeur de Production Industrielle pour remettre le process
dans un état de fonctionnement normal. La norme ISO 9001 de 2000 en son
chapitre 6.3 stipule que : « l'organisation doit
déterminer, fournir et entretenir les infrastructures nécessaires
pour obtenir la conformité du produit... ». L'usine de Nkapa a
aussi bénéficié de l'expérience d'un chef
d'huilerie et d'un chef de maintenance qualifié. Les opérations
de maintenance s'en sont retrouvées renforcées. En plus des
équipements associés aux processus, un point d'orgue est entrain
d'être mis sur les bâtiments, les espaces de travail qui
reçoivent en ce moment un coup de neuf.
2- Les points faibles
1-1- Une grande
variabilité de la matière
On note une très grande variabilité de la
matière première. La matière première
(régimes) en provenance des plantations industrielles ou des plantations
villageoises est usinée sans un contrôle de sa qualité,
alors que nous savons très bien que la qualité de la
matière première influencera la qualité du produit fini.
En effet il existe des caractéristiques visuelles des régimes qui
permettent de prédire de quelques caractéristiques qu'aura le
produit fini. Les régimes usinés sont souvent verts ou pourris,
et les camions les transportant renferment par moment du sable. Cette situation
peu paraître plus grave quand on sait que même au niveau des
plantations industrielles pire encore dans celles villageoises, il n'existe pas
de contrôle stricte et systématique. Cela se ressent sur
l'acidité de l'huile qui est très souvent hors norme et sur le
taux d'extraction qui est très fluctuant.
1-2- Un système d'information inefficace ayant
une incidence sur l'efficacité de la maintenance et la qualité
des décisions prises.
En effet à l'huilerie suivant une échelle de
responsabilité croissante, on a au premier niveau les ouvriers ensuite
les chefs de poste qui coordonnent l'activités des ouvriers du poste, et
les contremaîtres de fabrication et d'entretien qui coordonnent quant
à eux les activités des ouvriers de fabrication et d'entretien
respectivement. Les chefs de poste ne font pas de rapport à la fin du
quart. Ils sont responsables du poste c'est-à-dire répondent de
tous ce qui se passe au poste, mais ne font pas un rapport à la fin du
quart où ils doivent consigner le fonctionnement du poste au cours de la
journée et laisser des instructions à leurs successeurs pour le
second quart. La conséquence c'est que, les problèmes qu'ils ont
vécus et qu'ils maîtrisent au poste en l'absence du
contremaître ne sont pas signalés dans le rapport du
contremaître de fabrication et quand bien même ils le sont, ce
n'est pas de manière fidèle. Plus grave certains problèmes
rencontrés sont même omis par le contremaître .Il faut
préciser que c'est sur la base du cahier du contremaître de
fabrication que le contremaître d'entretien et le chef d'huilerie adjoint
bâtissent leur programme de travail journalier. Ce rapport est aussi
consulté régulièrement par le chef d'huilerie. Finalement
les informations circulant à tous les niveaux sont très souvent
biaisées et les pannes intervenues ne sont pas réparées
à temps et bloquent par moment l'usinage (environs 10heures 30minutes
durant le mois de janvier).
1-3- L'absence d'une étape du
process
Dans le process d'extraction de l'huile de palme,
l'étape de lavage dessablage des fruits soutenue par des grands noms
dans le domaine des huileries tel le groupe Speichim avec ses 77 ans
d'expérience à nos jours n'existe plus. En effet suite au
coût élevé des consommables du processus de lavage,
notamment son tamis en aluminium, et voyons le coût relativement bas des
cages de presse importées de Malaisie, la Direction technique avait
décidé de supprimer cette étape. Ceci était
certainement sans avoir suffisamment mesuré l'importance de cette
étape dans le process principalement au niveau de la vitesse d'usure des
équipements. Nous savons l'action abrasive du sable sur les aciers qui
en sont les principaux constituants. Il est clair que l'huile produite peu
contenir même en proportion très infime des traces de fer et
d'acier, et des analyses poussées peuvent permettre de le
vérifier. En outre lorsque le dessablage n'est pas effectué, ce
sable se retrouve dans les tourteaux de palmiste envoyés à la
chaudière. Durant la combustion, ce sable est fondu. A la moindre chute
de température, il se prend en masse et forme des mâchefers de
combustion dans la chaudière qui sont dangereux pour son
fonctionnement. La fumée issue de cette chaudière contiendra des
éléments anormaux qui seront déversés dans
l'environnement et soulèveront de nouveaux problèmes
environnementaux. Il faut préciser que, l'usine de Dibombari est
entourée d'une population considérable dont les habitats se
situent à mois de 25mètres de l'usine.
1-4- Non respect de la procédure de
stérilisation
Dans une huilerie la maîtrise du taux d'extraction est
d'une importance primordiale car c'est l'élément clé de la
rentabilité de l'exploitation (IRHO, 1967). A l'huilerie de Dibombari,
l'étape de stérilisation qui influence significativement le taux
d'extraction n'est pas toujours bien réalisée. En effet à
notre arrivée, le cadran enregistreur chargé de tracer le graphe
des paliers de stérilisation de certaines marmites ne fonctionnait pas.
Sur d'autres marmites, il fonctionnait, mais le diagramme n'a pas changé
régulièrement, preuve qu'il n'est pas analysé. Le temps de
chaque palier de stérilisation exigé par le chef d'huilerie
n'est pas toujours respecté par les contremaîtres de fabrication.
Ils nous ont avoué dans l'une de nos conversations être
évalués entre autres éléments sur le nombre de
cages usinées. Ceci nous emmène à penser que cette
réduction du temps est volontaire, et a pour but d'obtenir un maximum de
cages usinées en fin de quart. Puisque les diagrammes ne sont pas
analysés quotidiennement, on ne peut le savoir. A titre d'exemple, nous
prenons la journée du 25/01/07 où l'usine fonctionnant à
une chaîne, on a usiné 606 tonnes de régimes frais. Cela
est impossible quand on sait qu'une chaîne utilise 2 presses ayant
chacune une capacité horaire de 10-12 tonnes/heures. Pour usiner ces
régimes il faudrait avec ces 2 presses 25.25 heures de travail or une
journée en a 24. Le taux d'extraction ce jour là est descendu
à 18.71%. Après investigation, il a été
démontré que la stérilisation était responsable.
Pour prouver cela, nous avons vérifié les chiffres du
contrôle des pertes au niveau du nombre de fruit sur régimes
à la sortie de l'égrappoir. Il était de 19 au lieu de
maxi 10 comme l'exige la norme.
1-5- Un manque de bonnes pratiques
d'hygiène
Les camions qui assurent le transfert de l'huile de
consommation de l'usine de Dibombari au dépôt SOCAPORT ou de
l'usine vers les clients sont dans un état de propreté externe
déplorable, et interne pas toujours conforme. Il faut le préciser
ces camions n'appartiennent pas à la SOCAPALM, mais les
propriétaires sont liés à la SOCAPALM par le billet d'un
contrat.
En effet selon la procédure d'expédition
établie par la Direction Générale en date du 26 mai 2006,
et en vigueur à la SOCAPALM, le commis d'expédition est
chargé d'examiner les camions venant charger de l'huile à
l'usine. Il dispose comme matériel de travail ses yeux et son odorat.
Nous pensons que c'est très insuffisant pour une huile destinée
aussi bien à la consommation qu'aux industriels. Quelque soit le cas, la
composition de cette huile est un critère très important.
Les mouvements des camions hors de l'usine ne sont pas
maîtrisés. Ceux-ci peuvent bien être utilisés
à d'autres fins pas toujours compatibles avec le transport de l'huile.
Il n'y a que des examens poussés pour nous le confirmer. Pour une
entreprise désireuse d'exporter sa production dans des pays aux normes
très pointues, et le système de normalisation du Cameroun se
mettant progressivement en place, c'est un risque assez important que de
travailler de la sorte. Ceci devient plus inquiétant quand on sait que
certains camions transportent de l'huile des usines pour le dépôt
SOCAPORT. La capacité moyenne d'un tank de SOCAPORT est de 2000 tonnes.
Un camion qui décharge sa cargaison dans un tank peut souiller tout son
contenu et c'est une perte énorme. La norme ISO dans son paragraphe
7.5.5 Préservation du produit stipule et nous
citons : « l'organisme doit préserver la
conformité du produit au cours des opérations internes et lors de
la livraison à la destination prévue. Cette préservation
doit inclure (...) le stockage. »
1-6- Un manque d'information du personnel de
l'huilerie sur la notion de qualité et ses enjeux.
Il est ressorti de l'audit que nous avons mené que la
notion de qualité, était toute nouvelle à la l'huilerie de
Dibombari. Là où on en parlait c'était de manière
restreinte à l'huile. Cette situation nous a posé
énormément de problèmes dans la mesure où toute
question que nous posions aux travailleurs et n'ayant pas de lien direct avec
l'huile transformait notre entretien en un espionnage et les gens devenaient
très résistants. Bon nombre d'entre eux nous ont affirmé
qu'il était impossible d'avoir une huile de bonne qualité
à SOCAPALM. La notion de client qui est capitale dans une
démarche qualité est encore plus floue. Ils estiment que la
notion de client c'est à la Direction Générale puisque le
Service Commercial s'y trouve. Pour s'assurer l'adhésion de tout le
personnel au projet, et en accord avec le Directeur de la qualité et le
Chef d'huilerie, nous avons pensé utile d'organiser des
séminaires d'information sur la qualité.
1-7- L'achat de matériel de mauvaise
qualité, ou non adaptés.
C'est le cas de cette centrifugeuse de marque Jouan qui est
couverte sur la paillasse du laboratoire depuis plusieurs jours, non
utilisée simplement parce que c'est le model avec bras oblique qui a
été choisi à la place du model avec bras verticaux. C'est
encore le cas de ces tubes fluorescents dont la consommation est passée
de 115 en 2005 à près de 360 en 2006, ceci à cause du fait
que ces tubes sont de mauvaise qualité. Cette situation a
entraîné d'énormes risques d'accident de travail pour
l'entreprise durant notre séjour. Par exemple le 26 et le 27 janvier
2007 il y a eu usinage nocturne avec des postes où il n'y avait pas de
lumière par manque de tubes fluorescents. Le magasinier nous a
avoué avoir de véritables difficultés de communication
avec le service achat. Ils commandent un article a
mais reçoivent un article b ayant le code de
l'article a. Très souvent quand ils renvoient
l'article au service achat pour remplacement, ni lui ni le nouvel article
n'arrive.
Hors mis les problèmes susmentionnés qui sont
ceux sur lesquels nous nous sommes penchés particulièrement en
vue d'apporter des actions correctives, il existe de manière non
exhaustive d'autres problèmes répertoriés dans les (5M)
suivants :
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