§ 3. ETAT DE LA QUESTION
Le domaine des chansons policières, notre champ
d'étude nous parait original. Comme l'un parmi les moins
exploités étant donné les difficultés connues lors
de l'exploitation documentaire.
Cependant, il est important de signaler quelques ouvrages
trouvés lors de notre exploitation. .
Quelques publications antérieures ont abordé
superficiellement ou en profondeur l'objet de notre étude.
Parmi elles, retenons les suivantes :
- GINZANZA J.L(2004), la chanson congolaise
moderne, ...
L'auteur présente la chanson congolaise moderne dans
ses différents aspects : le Congolais chante dans la tristesse
comme dans la joie, de jour comme de nuit, dans le beau comme dans le mauvais
temps. La chanson joue un rôle introspectif, éducatif et
quelquefois judiciaire.
L'auteur tente de définir la chanson par rapport
à son identité culturelle partant de son origine jusqu'à
son implication socioculturelle actuelle. Il décrit son mode de
production et jauge son impact sur la société congolaise. C'est
cet aspect qu'intéresse cette étude.
- KITA MASANDI. P (2001), la chanson scolaire
coloniale, ...
Son ouvrage explicite la manière dont l'école
missionnaire a massivement entrepris l'endoctrinement moral, spirituel et
politique des colonisés à travers la chanson.
Celle-ci était surement le vecteur le plus
répandu et d'une redoutable efficacité. Cet ouvrage est une
anthologie de chansons scolaires utilisée en divers endroit du pays et
en diverses langues régionales. Il s'inscrit dans une perspective
interdisciplinaire intégrant la pédagogie, l'histoire, la culture
et l'Anthropologie.
Il nous intéresse sur le mode d'analyse et l'aspect
endoctrinât de la chanson.
Ces ouvrages, bien qu'abordant l'objet de notre étude,
ne se sont pas intéressé aux chansons policières qui
constituent l'apport et la spécificité de cette étude.
Ceci dit, nous trouvons utile de réfléchir sur
les approches théoriques en terme de discussion pour opter celle ou
celles qui sont susceptibles d'élucider notre objet de recherche.
§ 4. PROBLEMATIQUE
Elle s'entend selon Quivy R et Van Campenhoudlt L
(2006 :75) comme « l'approche ou la perspective
théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème
posé sur la question de départ. Elle est l'angle sous lequel les
phénomènes vont être étudiés, la
manière dont on va interroger la problématique fait donc le lien
entre un objet d'étude et des ressources théoriques que l'on
pense adéquates pour l'étudier ».
Après avoir examiné plusieurs approches qui ont
traversé notre esprit dans la tentative d'éclairer les chansons
policières, par le tri, nous avons pu retenir l'interactionnisme
symbolique qui constitue l'approche théorique à laquelle
s'abreuve cette étude. Elle est complétée et enrichie par
la grille de l'acteur social.
L'interactionnisme symbolique comme approche adaptée
à cette étude a été exploitée dans l'optique
de Goffman E, (1973 :23 ; repris par Van
Campenhaudt, 2001 :50-51)
En effet, le courant accorde une importance cruciale à
la manière dont les interactions quotidiennes produisent des situations
sociales. Ce courant repose sur le postulat selon lequel les acteurs sont en
interaction dans une situation sociale donnée, ici un corps de Police
institué.
Ils interprètent cette situation et la gèrent
en fonction de leur interprétation élaborées dans ces
mêmes interactions.
Ce qui nous intéresse dans cette approche, c'est la
manière dont la vie se déroule dans ce corps et
l'expérience vécue par les acteurs à travers les
interactions internes.
Abordant l'expérience vécue par les acteurs nous
renvoie à l'acteur social dans l'optique de Debuyst
(1990). Cette grille de lecture recommande au chercheur de tenir
compte dans son analyse, de l'expérience des acteurs, de leur point de
vue et de leur expérience propres.
Ces approches considèrent le sujet comme acteur qui
construit son univers de sens par une activité
délibérée de donation de sens. Par ailleurs, elles
valorisent les ressources de sens dont dispose l'acteur, sa capacité
d'interprétation lui permettant de tirer son épingle du jeu face
aux normes ou aux règles.
La pertinence de ces deux approches est qu'elle permet de
découvrir le sens que voile les chansons qui sont porteuses de messages
à découvrir et à expliciter selon le sens que les acteurs
leur donnent.
Elles permettent aussi de mettre en lumière la
capacité créatrice et invocatrice des acteurs qui devant
l'organisation hiérarchique imposante, recourent aux chansons pour
exprimer leur joie ou leur tristesse, leur besoin ou leur revendication. La
chanson devient un moyen de s'exprimer et de réclamer leurs droits.
En effet, les policiers interprètent les chansons en
fonction des interactions qu'ils ont entre eux-mêmes, entre eux et
leurs chefs, entre eux et les autorités politico-administratives,
l'Auditorat Militaire, parquet et avec la population.
Les sens des chansons dépendent donc des interactions
des policiers avec le monde. Ils produisent un sens symbolique à
travers des messages véhiculés par des chansons soit pour
revendiquer soit encore pour se plaindre, soit pour dévier un
comportement sous forme d'animation. Jusque là, la Police Nationale
Congolaise n'a pas un syndicat.
Il ressort du projet sur la réforme de la police en
République Démocratique du Congo, la non prise en compte de
l'aspect revendicatif. Ces mêmes sens des chansons produisent aussi des
dédicaces.
Ce courant accorde une importance cruciale à la
manière dont les interactions quotidiennes produisent des situations
sociales. Ce courant repose sur le postulat selon lequel les acteurs sont en
interaction dans une situation sociale donnée, ici un corps de Police
institué. Ils interprètent cette situation et la gèrent en
fonction de leur interprétation élaborées dans ces
mêmes interactions. Cette approche est complétée par la
grille de l'acteur social.
En complétant l'approche interactionnisme symbolique
par la grille de l'acteur social, nous avons pu constater que le policier n'est
pas un être passif dont le comportement résulte du jeu du
déterminisme.
Pour dire que la façon d'agir ou de se conduire ;
l'ensemble des attitudes et des réactions objectivement observables d'un
policier ne se contente pas de subir ou d'observer les différentes
situations-problèmes sans agir ni réagir. Bien que la
revendication ou la réclamation collective est punissable, les policiers
s'expriment à travers les chansons.
Le policier est porteur d'un point de vue propre qui
dépend de sa position dans la police. Pour dire qu'un policier a une
conception ou une idée qui correspond concrètement avec la
réalité. L'action de l'esprit du policier ne consiste pas
à isoler un élément de l'ensemble.
Ainsi, il s'agit d'une étude microsociologique
fondée sur des interactions de la vie quotidienne des acteurs
(policiers) au regard des chansons produites ayant des effets sur leur
conduite. Il s'agit également d'examiner les perceptions qui
découlent de ces chansons. L'étude s'inscrit dans une approche
qualitative.
Selon Faget (2002 :76-77), la
perspective interactionniste symbolique est une posture méthodologique.
En tant que tel, précise cet auteur, elle consiste :
« à tenir compte dans l'analyse du point de vue des acteurs et
non pas comme dans de nombreuses recherches passées qui se penchaient
sur les institutions. »
Ce courant interactionniste considère que la conception
que les acteurs se font du monde social est l'objet essentiel de la recherche
sociologique. Si les individus définissent des situations
réelles, elles le sont aussi dans leur conséquence. Dans cette
optique, la société ou les institutions n'ont pas de
réactions indépendantes des interactions sociales.
Le même auteur précise ce qui suit au regard de
cette perspective comme démarche d'éclairage des
données : « Nous vivons dans un environnement à la
fois physique et symbolique et c'est nous qui construisons à l'aide de
symbole, les significations du monde et de nos actions »
(2002 :77).
Ceci étant, nous passons à
l'intérêt du sujet et les finalités de cette
étude.
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