2- Les
régimes de retraite
Les régimes de retraite présentent un
déséquilibre financier considérable, ils se
caractérisent par une couverture généreuse, une base de
cotisation étroite et des plafonds de cotisation peu
élevés; il n'y a pas de corrélation solide entre
cotisations et prestations. Selon certaines études, en l'absence de
réforme, le déficit annuel des régimes de retraite
marocains atteindra 130 milliards de DH et le déficit cumulé
s'élèvera alors à une année de PIB. Du fait de la
générosité avec laquelle les droits de pensions sont
accumulés et des pressions démographiques dues au vieillissement
de la population, il faudra augmenter les cotisations de façon
exponentielle pour maintenir le régime en équilibre. En outre, le
rendement des portefeuilles des caisses de retraite est loin d'être
optimal et ces portefeuilles sont plus risqués que nécessaire :
d'abord parce que le contrôle des opérations en capital limite les
possibilités de diversification et d'investissement en obligations
à long terme; ensuite, parce que la CDG exerce un quasi-monopole sur la
gestion des actifs des caisses de retraite, alors que son mandat ne garantit
pas que les fonds seront gérés dans l'intérêt bien
compris des futurs retraités. En fait, l'État utilise les
réserves des caisses de retraite comme des fonds captifs pour financer
son budget.
3- La
caisse des dépôts et de gestion
La CDG a été affaiblie par le rôle qu'on
lui a fait jouer dans le soutien aux objectifs de politique
générale, notamment dans le soutien aux institutions
financières publiques en difficulté. Dans la pratique, deux
missions incompatibles lui ont été confiées. D'un
côté, elle est supposée gérer avec prudence les
fonds de ses clients; de l'autre, on attend d'elle qu'elle utilise ces fonds,
ainsi que ses propres fonds, pour appuyer les objectifs de politique
générale. Ces deux missions incompatibles posent un risque
significatif dans la mesure où la CDG pourrait gaspiller l'argent des
investisseurs institutionnels et perdre la confiance de ses clients. La CDG est
actuellement confrontée à la fois une stagnation de
l'épargne institutionnelle et à une immobilisation progressive
d'une partie de ses actifs, en raison du volume de ses participations et du
rôle qu'elle joue dans le soutien à d'autres institutions
publiques. Fin décembre 2001, ses créances sur les ex-OFS
étaient deux fois plus élevées que ses fonds propres.
Conclusion du chapitre II
Selon les résultats du PESF en 2002, le risque d'une
crise financière paraît faible, à court terme, mais il est
peu probable que le système financier représente une source de
risque macroéconomique, car deux banques publiques
spécialisées soient en difficulté. À moyen terme,
la tendance vers l'intégration économique et financière
croissante du Maroc dans l'économie mondiale est susceptible de remettre
en cause la stabilité du système et il est donc nécessaire
de remédier aux vulnérabilités institutionnelles
existantes, en particulier les faiblesses du contrôle financier, la
fragilité du secteur financier non bancaire, et le
sous-développement de l'infrastructure du système financier.
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