b) Monsieur F.
Pour rappel, il souffre d'une schizophrénie
chronique de type désorganisé - syndrome autistique
prédominant - en phase résiduelle. Il bénéficie
d'un traitement assez conséquent, alliant un neuroleptique, un
anxiolytique et un stabilisateur de l'humeur. La médication soutient
monsieur F. dans ses efforts pour maintenir un contact avec la
réalité. Sujet à des hallucinations visuelles et
auditives, ses perceptions sonores en sont fortement modifiées.
Au regard du déroulement des séances, on
relève que son excellent sens de la musique et que son oreille musicale
l'aident à s'affirmer et à s'ouvrir aux autres en
intégrant un ensemble instrumental. Suite à une embolie
cérébrale, il souffre d'une recrudescence d'hallucinations
auditives et visuelles qui perturbent ses sens. Percevant des visages qui se
déforment et entendant des voix malveillantes, monsieur F. se referme
sur lui et devient verbalement agressif. La perception sonore de la production
d'autrui est modifiée, et l'être-soi musical se construisant en
fonction des représentations négatives qu'il se fait de
l'extérieur, il monte le volume sonore de son clavier et dit ne plus
s'entendre en groupe. Par compensation, il maintient des productions publiques,
tout en restant replié sur lui par rapport aux autres membres de la
chorale. Ce qu'il vit lors cette expérience schizophrénique n'est
que peu témoigné musicalement sinon par une absence de recherche
de sons personnels et d'imitation de sons d'autrui. Monsieur F. respecte
l'ensemble, chante de manière discrète au sein de la chorale mais
« suit le mouvement » musical. Il est cependant confirmé que
la perception sonore de soi, marquée par l'absence de recherche de sons
personnels, ainsi que la perception sonore des autres, à en juger par la
propre discrétion sonore du patient, se sont momentanément
modifiées à la suite de l'atteinte neurologique.
c) Monsieur N.
Pour rappel, il souffre d'une schizophrénie
paranoïde continue. Actuellement, sa situation s'est stabilisée, et
il travaille dans une imprimerie trois demi-journées par semaine. Son
traitement est composé d'un neuroleptique et d'un antidépresseur
qu'il prend une fois par jour ainsi que d'un anxiolytique à doser
quotidiennement en fonction des besoins. La médication est prise de
manière autonome et il est au bénéficie d'un traitement
relativement léger.
Au regard du déroulement des séances, on
observe, malgré une personnalité plutôt introvertie, une
belle expression sonore de soi. Etant donné une certaine
stabilité psychique permettant de développer ses capacités
d'apprentissage, grâce à un intérêt certain pour la
musique et les arts (l'écriture), la progression sonore effectuée
est harmonieuse. Le son amené comme expression de sentiment est
envisagé et l'aide à s'ouvrir aux autres, à ressentir et
à exprimer des émotions. D'abord discret et doux,
mélodique et harmonique, le son devient percussif et rythmique, plus
fort et plus
marqué. La perception sonore de l'autre s'avère
souvent plus clémente que de raison, à l'inverse de la perception
de soi qu'il juge sévèrement.
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