CHAPITRE 1 LES TABLEAUX CLINIQUES DE LA
SCHIZOPHRENIE
Nous ne pouvions aborder le thème de la
schizophrénie sans en faire d'abord un bref aperçu historique,
suivi de la partie descriptive de la clinique et des différents
syndromes, des symptômes décrits et des formes
répertoriées et classifiées, sans oublier
l'évolution actuelle de cette maladie recensée dans chaque pays
du monde.
1.1. Historique
En 1891, Emil Kraeplin décrit dans son traité
des maladies mentales différentes affections psychiatriques qui touchent
le jeune adulte et qu'il nomme « démence précoce »,
mettant en avant l'aspect progressivement déficitaire de la maladie et
recherchant des causes organiques à l'affaiblissement intellectuel. Le
terme de « schizophrénie » est introduit par Eugen Bleuler en
1911, terme issu des racines grecques « skizein » signifiant fendre,
couper et de « phren » faisant référence au cerveau et
à la pensée. Ne recherchant pas de cause organique au
désordre psychique, il met l'accent sur l'idée que sa conception
n'est plus évolutive mais clinique et psychopathologique pour favoriser
le diagnostic. On pense dès lors davantage à une coupure de
l'esprit que Bleuler nomme « Spaltung », littéralement «
scission-division », traduit en français par différents
termes : une désorganisation, une dissociation (Hesnard), une
discordance (Chaslin), un clivage de la personnalité, une rupture du
lien qui unifie l'individu alliée à une perte de contact avec la
réalité (Minkowski). Bleuler, dans Dementia Praecox ou Groupe
des Schizophrénies (1911), introduit ainsi le concept de
schizophrénie : « nous désignons sous le nom de
démence précoce ou schizophrénie un groupe de psychoses
qui évolue tantôt sur le mode chronique, tantôt par
poussées, qui peut s'arrêter ou même
rétrocéder à n'importe quel stade, mais qui ne permet sans
doute pas de restitution ad integrum complète. Ce groupe est
caractérisé par une altération de la pensée, du
sentiment et des relations avec le monde extérieur d'un type
spécifique et que l'on ne rencontre nulle part ailleurs ». (p.45,
traduction française A. Vaillard - 1993 - de l'ouvrage de Bleuler)
(Haouzir, Bernoussin, 2005, p.18.)
1.2. Signes cliniques
Cette pathologie affecte le sujet jeune, entre 15 et 35 ans,
et s'avère être une maladie universelle que l'on rencontre dans
tous les pays et dans les mêmes proportions. Elle touche autant les
hommes que les femmes à raison d'1 personne sur 1'000 selon
l'OMS1 et la prévalence communément acquise dans la
littérature internationale sur la vie entière est de 1%. Le
diagnostic s'avère difficile à poser étant donné
l'hétérogénéité des symptômes et l'on
considère, selon la classification nord américaine, que
l'évolution du trouble doit être égale ou supérieure
à six mois pour que l'on puisse poser un diagnostic de
schizophrénie, alors que la classification internationale de l'OMS ne
requiert qu'un mois d'évolution. Selon l'Association Américaine
de Psychiatrie (American Psychiatric Association) et le DSM IV-TR2,
les critères de diagnostics suivants doivent être
répertoriés :
A. Symptômes caractéristiques : au minimum deux
des cinq manifestations suivantes doivent être présentes, chacune
pendant une partie significative du temps, soit une période d'un mois
(ou moins si elles répondent favorablement à la
médication)
1) Idées délirantes.
2) Hallucinations.
3) Discours désorganisé (sauter du coq à
l'âne ou incohérence).
4) Comportement grossièrement désorganisé
ou catatonique.
5) Symptômes négatifs, par exemple un
émoussement affectif ou une perte de volonté.
B. Dysfonctionnement social des activités.
C. Des signes permanents de la perturbation persistent pendant
au moins 6 mois. Cette période de 6 mois doit comprendre au moins un
mois de symptômes qui répondent au critère A.
D. Exclusion d'un trouble schizo affectif et d'un trouble de
l'humeur.
E. Exclusion des troubles dus à des substances
ingérées ou à des pathologies organiques.
1 Organisation Mondiale de la Santé.
2 DSM IV-TR: Diagnostic and Statistical Manual -
4ème Révision - American Psychiatric Association.
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction
française, Paris, Masson, 2000.
F. Relation à un trouble envahissant du
développement, par exemple l'autisme.
|