CONCLUSION:
La hiérarchie de ces recommandations découle
naturellement du processus de remodelage. Etant donné que
l'élaboration de ce document, dans mon entendement, c'est
d'acquérir les informations et références pertinentes, de
les étudier en profondeur, de présenter des sommaires qui peuvent
guider les universitaires, et d'offrir des possibilités de solutions.
Les recommandations qui suivent représentent une synthèse
cohérente et non une compilation du contenu des contributions
écrites disponibles sur le site Internet des journées de
réflexion. Un résumé de ces contributions est dans
l'annexe (sous la rubrique Diagnostics et
Recommandations). Avant de présenter des
recommandations, je signale qu'un remodelage ne peut se faire sans un minimum
de patriotisme. Par conséquent,Pour faciliter la lecture de ces
propositions, Ils ont été numérotés, avec la
convention que la recommandation I.1 n'est pas
plus importante que la recommandation I.2 ou vice-versa,
à moins que cela soit établi. Similairement, les recommandations
I.1.2 et I.1.5 sont toutes liées à la recommandation I.1, mais
I.1.5 n'est pas nécessairement moins importante que I.1.2. Avec cette
convention:
I. Résoudre les Problèmes de Violence
et de Fraude en Milieu Scolaire et Universitaire Je signale que
dans une perspective globale, c'est une minorité presque infime
d'individus qui, de façon avérée, s'est rendue coupable
d'actes de violence. Un seul cas de violence est de trop. La fraude, selon les
cinq points qui suivent sur la violence, a plusieurs aspects en commun avec la
violence ! Toutes les deux sont des violations des lois et le bafouage du
système de valeurs, le contournement des qualifications et du
mérite (i.e., l'abolition du travail et de l'effort). Ce contournement
de l'effort et du travail, s'il n'est pas éliminé, peut conduire
à une gangrène socioculturelle. Comme dans le cas de la violence,
c'est une proportion infinie de différents groupes qui s'est rendue
coupable de fraude. D'un point de vue académique, étant
donné le nombre très large des facteurs qui façonnent la
personnalité et le comportement, tout groupement de plusieurs individus
(plus de 30, 100, etc.) peut être considéré comme un
échantillonnage aléatoire. Alors, selon le théorème
de la limite centrale, la distribution du groupe selon une vertu donnée
va approcher la distribution normale. Donc, il y aura une queue (comptant un
nombre relativement faible d'individus) qui court le risque de ne pas se
comporter correctement ! Toutes les sociétés (de plus de 30) du
monde ont potentiellement ce problème. De la préhistoire au
présent, les sociétés humaines ont vu la
nécessité de ne jamais permettre à cette queue de les
détruire. Là se trouve une raison profonde et globale pour ce qui
suit.
I.1.1 Mettre une Fin Définitive à la Violence
en Milieu Scolaire et Universitaire
Le problème de la violence en milieu scolaire ou
Universitaire a été traité dans le Rapport du Premier
Ministre (Le PM, 2005) et des solutions ont été
préconisées. Ce qui a manqué jusqu'à présent
semble être une analyse du problème de violence afin de le cerner
dans ses dimensions les plus effrayantes, destructives, et terroristes.
· L'usage de la violence ou de l'intimidation est une
violation de la loi, en ce 21ème siècle. Notons la longue
tradition de respect des droits de l'homme dans l'ancien Empire du Mali :
L'Article 5 de Kurukan Fuga stipule : « Chacun a le
droit à la vie et à la préservation de son
intégrité physique. » (Cet article du 13ème
siècle imposait la peine de mort pour les délinquants). C'est
l'application des articles de ce genre qui a servi d'éco environnement
favorable à la floraison intellectuelle et universitaire à
Tombouctou (particulièrement du 14ème à la fin du
16ème siècle). Il faut en effet rappeler que la
sécurité est le premier des trois facteurs gouvernant le
mouvement des intellectuels et autres (Bagayoko, 2006), les deux autres
étant l'adéquation (ou non) des ressources financières et
autres pour subvenir aux besoins de leurs familles confortablement et la
liberté d'opinion et d'expression accompagnée de moyens pour
exercer les expertises acquises au fil des années. Ces facteurs
constituent une taxonomie dans cet ordre.
· L'usage de la violence fausse totalement le
système de valeurs qui souscrit au mérite, aux récompenses
compatibles avec les qualifications, niveaux d'efforts et les résultats.
La stagnation et la régression sont induites par l'impunité qui
encourage,à,userdeviolence: les usagers impunis de violence et
intimidations n'ont pas besoin de fournir des efforts pour obtenir ce qu'ils
veulent (argent, bourses, bonnes notes, diplômes, positions ou emplois de
tout genre).
· L'effrayante réalité est que les usagers
récidivistes se professionnalisent dans leurs pratiques si la
société ne les arrête pas, figurativement et
littéralement Prière de noter qu'ils ne fourniront
généralement pas assez d'efforts pour apprendre. Des camarades et
membres des familles des usagers de violence et d'intimidations courent le
risque de devenir victimes. Cela est vrai également pour les partenaires
ou complices des usagers de la violence et de l'intimidation Apres
l'école, les délinquants impunis (i.e., encouragés)
emploient la même pratique d'intimidation et de violence au travail, dans
les
partis politiques ou autres organisations. Je prends l'histoire
et la psychologie à témoin
pour affirmer que ceux qui manipulent ou protègent les
auteurs de violence très souvent deviennent un jour leurs victimes,
qu'ils le comprennent à temps ou pas
· L'usage de la violence et de l'intimidation contribue au
manque d'enseignants en nombre suffisant. La sécurité est le
premier des facteurs régissant le mouvement des intellectuels :
Ils quittent les zones, pays, et villes où
l'insécurité sévit pour aller vers les destinations plus
favorables ou la sécurité règne. Plus le niveau de
formation est élevé, plus les opportunités sont grandes
pour échapper à la violence !
· L'usage de la violence et de l'intimidation
décourage les partenaires techniques et financiers (y compris ceux de
l'enseignement supérieur et de la recherche). Quelle entité va
investir des milliards et millions de Francs CFA dans des infrastructures
universitaires (rectorat, bibliothèques, laboratoires de recherche,
réseau Internet, complexes sportifs, dortoirs, décanat, etc.)
pour les voir saccagées ou brûlées ?
Les points ci-dessus montrent que l'éradication totale
de la violence et de l'intimidation en milieu scolaire ou universitaire est
nécessaire pour promouvoir l'effort,faire valoir le mérite
(AGEMPEM, 2008). Sans cette éradication, il ne peut pas y avoir de
progrès vers un enseignement de qualité. Cette
éradication, au vu des points ci-dessus, y compris le troisième
point, demande des actes spécifiques de tous. Le système de
« Transparence » dans le travail des services de
sécurité et dans celui des procédures judiciaires,
accompagné par l'aide de tous, permet d'éliminer totalement la
violence en milieu scolaire ou universitaire.
Il est recommandé que les services de
sécurité prennent les dispositions nécessaires pour la
prévention. Ces dispositions peuvent inclure une « brigade »
(ou autre) nationale anti- violence scolaire et universitaire. Elle doit avoir
des antennes dans toutes les régions, villes, et localités. Elle
doit avoir des numéros de téléphone et tout autre moyen de
contact. Elle doit permettre la provision d'informations dans l'anonymat.
Une telle information permettra à la police de cibler
ses enquêtes. Si les cinq points ci-dessus sont expliqués à
la population toute entière (dans toutes les langues nationales), alors
elle aidera les forces de sécurité dans leur travail.
Elèves étudiants, parents, et autres comprendront que c'est le
devoir de chacun (non seulement envers le Mali, mais aussi envers
soi-même, sa lignée, et autres) d'aider les forces de
sécurité. Que les vrais camarades et membres des familles des
«délinquants potentiels » se mettent au travail pour faire
voir les cinq points ci-dessus et aider les «délinquants potentiels
» à toujours éviter la violence et l'intimidation. Ne pas
aider à l'application des lois, au nom d'une parenté ou d'autres,
c'est pervertir nos valeurs et violer une des nouvelles lois
espérées dans un avenir très proche : un lien de
parenté ou une amitié aux dépens de tous, y compris les
membres de sa famille et d'autres, n'est pas dans les valeurs du Mali d'antan
ni d'aujourd'hui. Donc, il faut agir en amont pour prévenir un crime au
lieu de le faire rétroactivement pour sauver un criminel.
Prière de relire les cinq points ci-dessus au sujet de
la violence. Ils s'appliquent à la fraude également. Pour le
quatrième, les meilleurs enseignants n'acceptent pas une tricherie par
certains élèves ou étudiants ou par leurs collègues
ou des administrateurs. Quant aux partenaires techniques et financiers, inutile
d'ajouter que la fraude les découragent dans leurs efforts en faveur du
pays. Il est recommandé d'établir dans toutes les structures
d'enseignement supérieur ou de recherche un Comité d'Ethique et
de Déontologie au cas où il n'existe pas. [Les comités de
discipline peuvent jouer ce rôle pourvu qu'ils s'adonnent en amont
à la promotion de la décence, de l'éthique, et de la
probité envers l'état.] Il est recommandé que les
établissements et structures (décanat) développent (ou
relisent) leurs règlements intérieurs, avec la participation des
parties prenantes, et les mettent, de façon documentée, dans les
mains des parties concernée.Trop souvent des administrateurs supposent
que les enseignants (anciens ou nouveaux) sont au courant de choses qu'ils ne
savent pas.
Le cas flagrant, pour digresser, est celui des brevets :
plusieurs administrateurs, pendant les ateliers, ont affirmé que les
enseignants sont au courant des issues et procédures de brevets et
de propriétés intellectuelles ; au début
de leurs ateliers, aucun des 26 enseignants du supérieur qui
était présents, quand le sondage a été fait, ne
savait quoique ce soit sur ces sujets! Les administrateurs à tous les
niveaux (institutions, centres, décanats et départements) doivent
être tenus responsables de vérifier (au lieu de supposer) que les
informations pertinentes sont dans les mains de ceux qui sont affectés.
C'est seulement avec cette vérification que l'on peut amener qui que ce
soit à rendre des comptes, même au niveau d'actions judiciaires.
La lutte contre la fraude commence par l'élucidation des lois,
règles, procédures, règlements intérieurs, etc., et
leur provision (d'une manière documentée et vérifiable)
aux parties concernées.
Il est hautement recommandé que l'Assemblée
Nationale relise les lois relatives aux conflits d'intérêts pour
les modifier ou les compléter. En particulier, s'il n'est
présentement pas un crime d'avoir des relations sexuelles avec une
personne sous son autorité directe (et les élèves et
étudiants sont sous l'autorité directe de toute personne leur
délivrant des cours et participant à une évaluation de
leurs performances académiques), alors une nouvelle loi doit être
votée. S'il n'est présentement pas un crime d'user de sa position
publique pour des fins personnelles ou de politique partisane (ou
politicienne), alors une nouvelle loi doit être votée. En effet
les conflits d'intérêts conduisent à une forme de fraude
qui contourne les critères de qualifications et de mérite.
L'élimination de la fraude passe également par le contrôle
vigilant. Une considération sérieuse doit être
donnée à la possibilité de revoir les procédures de
tous les examens nationaux (CEP. DEF, BAC, Concours, etc.). Les
élèves et étudiants ont recommandé (AEEM, 2008), et
il semble raisonnable, que les corrections d'examens soient sur place,
centralisées (et non dans les maisons ou résidences des
correcteurs). La fraude institutionnelle existe même si elle n'est pas au
Mali ou n'est pas documentée au Mali (Boston Collège, 2008). Il y
a la fraude institutionnelle quand une institution, en connaissance de cause,
clame des ressources immobilières, matérielles, un personnel
hautement qualifié, une instruction qui est au diapason des standards et
normes compétitifs, etc., alors que cela n'est pas le cas. Avec
l'établissement des agences d'assurance qualité au Mali (voir
plus loin), espérées au Mali nous allons vacciner l'enseignement
secondaire et supérieur (public et privé) contre la fraude
institutionnelle. Pour l'Enseignement Supérieur, le Ghana (National
Accréditions Board, 2008), le Nigeria (National Universités
Commission, 2008) et d'autres pays l'ont fait avec un succès qui se
traduit par une élévation et un maintien de la qualité des
prestations institutionnelles et du niveau des étudiants.
Notons finalement, concernant la fin de la violence et
l'élimination de la fraude, que l'éducation civique fait partie
de la solution à long terme. Il faut signaler également que ce
qui se passe dans les établissements scolaires et universitaires est
souvent un reflet de la réalité socioculturelle.Par
conséquent, il est espéré que les efforts de lutte contre
la corruption (la fraude) dans la société malienne vont aboutir
aux résultats escomptés. Pendant des décennies
passées, des conditions de non perception de salaires
mérités, le bas niveau de ces salaires, en termes relatifs
à d'autres, et le coût de la vie ont servi de variables
médiatrices pour expliquer et non justifier la fraude dans certains cas.
Clairement, la revalorisation de la fonction enseignante et les mesures
d'accompagnement d'évaluation valide, fiable, et compréhensive
aideront à garantir la pérennisation de la fin de la violence et
de l'élimination de la fraude en milieu scolaire et universitaire.
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