3.1.5.
Comment les paysages ont-ils évolués entre 1999 et 2009?
Tableau 6: Superficie des unités d'occupation
des sols des années 1999 et 2009
Unités d'occupation des sols
|
Superficies (ha)
|
Proportion par rapport à la superficie totale
(%)
|
1999
|
2009
|
1999
|
2009
|
Broussailles
|
6716,6
|
5942,3
|
6,3
|
5,5
|
Brousse tigrée régulière
|
14775,4
|
14009,6
|
13,8
|
13,1
|
Brousse tigrée dégradée
|
8348,7
|
7829,0
|
7,8
|
7,3
|
Brousse tigrée très dégradée
|
5145,9
|
1452,5
|
4,8
|
1,4
|
Ceinture verte
|
1550,1
|
628,9
|
1,4
|
0,6
|
Cultures irriguées
|
4071,7
|
4126,2
|
3,8
|
3,8
|
Cordon ripicole
|
2069,7
|
1362,1
|
1,9
|
1,3
|
Cultures pluviales
|
42190,2
|
44868,2
|
39,3
|
41,8
|
Fleuve
|
2698,6
|
2066,9
|
2,5
|
1,9
|
Jachère
|
1100,2
|
-
|
1,0
|
-
|
Kori
|
154,0
|
1019,9
|
0,1
|
1,0
|
Lit sableux des Koris
|
1116,7
|
1152,1
|
1,0
|
1,1
|
Mares
|
717,4
|
398,6
|
0,7
|
0,4
|
Mosaïque cultures-jachères
|
428,1
|
-
|
0,4
|
-
|
Ville de Niamey
|
9296,6
|
14405,5
|
8,7
|
13,4
|
Terrains rocheux
|
6833,5
|
7804,8
|
6,4
|
7,3
|
Villages
|
111,1
|
257,9
|
0,1
|
0,2
|
Total
|
107324,5
|
107324,5
|
100
|
100
|
Sur
cette période aussi toutes les unités ont connu de
transformations. Celles qui sont représentées sont les plus
expressifs et qui peuvent être lisibles sur la figure 14.
De
l'observation du tableau 6, il apparaît clairement l'absence de deux
unités qui existaient en 1999. Il s'agit de la jachère et de la
mosaïque cultures-jachères. C'est l'un des faits le plus marquant
et le plus frappant de cette évolution. Elles ont toutes
été transformées en zones des cultures pluviales (fig.
14). Ces dernières passent de 42190,2ha en 1999 à 44868,2ha en
2009 soit une augmentation de2678ha équivalant à 6,3%. Mais cette
augmentation ne vient pas seulement de ces deux unités comme le montre
la figure 14. Leur apport se chiffre à 1528,3ha. D'autres unités
se sont aussi transformées en cultures pluviales. Il s'agit des lits des
koris, des sols nus sableux et de la ceinture verte (fig. 14). La cause de la
disparition de la jachère est sans doute liée à
l'accroissement urbain. Les zones de cultures se voient de ce fait repousser
plus loin autour de la ville sur les espaces où jadis existait la
jachère. La pression de la ville fait que certaines surfaces des sols
nus sont mises en culture.
L'autre fait marquant et le plus important dans cette
étude est l'extension de la ville. A la lecture du tableau 6, on
s'aperçoit que sa superficie a presque doublé entre 1999 et 2009.
Elle est passée de 9296,6ha à 14 405,5ha soit une
augmentation de 5108,9ha équivalant à 55,0%. La ville a presque
détruit la ceinture verte (fig. 14) et les zones d'habitation
s'étendent au-delà de cette unité. Mais sa vraie source
d'alimentation reste les zones de cultures sans doute profitant du lien de
contiguïté qui les uni. Ce sont 22055,3ha de zones de cultures qui
sont transformés en espace urbanisé. Les mêmes raisons
évoquées plus haut mais avec plus d'amplitude expliquent cette
croissance incontrôlée de Niamey. Il s'agit pour rappel de
l'accroissement rapide de la population et du flux de l'exode rural. Ces deux
phénomènes alimentent la croissance démographique de la
ville déjà très élevée. Pourtant des mesures
continuent d'être prises pour contenir et maîtriser la croissance
urbaine. C'est le cas le 13 septembre 2010 où le gouvernement adopte en
conseil des ministres un projet d'ordonnance portant érection des
communautés urbaines de Niamey, Maradi, Tahoua et Zinder en communes
à statut particulier ou villes et les communes les composant en
arrondissements communaux dépourvus de toute personnalité
juridique. Il modifie et complète la loi organique 2008-42 du 31 juillet
2008, relative à l'organisation et l'administration du territoire de la
République du Niger. Il s'agit de remédier aux nombreuses
difficultés de gestion et de fonctionnement mises en évidence par
les cinq (5) années d'expérimentation de la formule de
communauté urbaine au niveau des principales agglomérations
urbaines du pays.
L'extension de la ville est aussi observable sur les brousses
tigrées très dégradées notamment celles qui sont
situées sur le plateau de l'Aéroport.
La construction du second pont sur le fleuve Niger (fig. 14)
amplifiera sans nul doute cette urbanisation galopante surtout sur la rive
droite. L'on assistera à l'envahissement total des certaines
unités comme c'est le cas des jachères en 2009.
Les brousses tigrées continuent elles aussi de se
transformer. Hormis sur les brousses tigrées très
dégradées, cette fois-ci les sols nus sont apparu même sur
les brousses tigrées régulières. C'est l'exploitation du
bois-énergie dont elles constituent les réserves qui perturbe
l'équilibre de ces forêts. Les citadins ont besoin de cette
ressource pour différentes tâches domestiques ; le bois
étant utilisé pour la construction et pour la cuisson. La coupe
du bois est un processus irréversible au niveau des bandes
boisées. Les superficies sont passées de 14775,4ha en 1999
à 14009,6ha en 2009 pour les brousses tigrées
régulières, de 8348,7ha à 7829,0ha pour les brousses
tigrées dégradées et de 5145,9ha à 1452,5 pour les
brousses tigrées très dégradées. Ces
dernières sont les plus touchées car elles sont situées
plus proche de la ville. Dans le même temps, les broussailles ont
passé de 6716,6ha à 5942,3ha. Leur transformation s'est
effectuée essentiellement en sols nus.
Les cultures pluviales ne se sont pas seulement
transformées en espace urbanisé. Les villages en ont
occupé eux aussi une bonne partie et leur superficie a doublé
entre 1999 et 2009 passant de 111,1ha à 257,9ha.
Le long des lits des koris on rencontre les mares, les
dépôts sableux et les cordons ripicoles. Les mares ont vu leur
superficie en baisse puisque passant de 717,4ha en 1999 à 398,6ha en
2009. Cela peut être dû au fait que l'image a sans doute
été prise en plein saison sèche. Les dépôts
sableux eux n'ont pas connu une grande variation en termes de superficie
occupée car elle est restée à peu près constante.
Elle est de 1116,7ha en 1999 à 1152,1ha en 2009. Les cordons ripicoles
ont passés dans le même temps de 2069,7ha à 1362,1ha.
Le fleuve bien qu'il a connu d'inondation par endroit, sa
superficie est passée de 2698,6ha en 1999 à 2066,9ha en 2009. Ce
sont les cultures irriguées qui ont connu une légère
hausse. De 4071,7ha, elles sont devenues 4126,2ha. La population s'adonne de
plus en plus à ces cultures par la pratique du jardinage et de la
riziculture afin de subvenir à ses besoins.
En définitive, les différents changements
observés dans l'évolution des unités d'occupation des sols
montrent une tendance à la dégradation des ressources. Notons
aussi que c'est l'accroissement de la ville qui commande toute la dynamique du
changement. La disparition de la couverture végétale met le sol
à nu en entrainant son encroûtement et conséquemment
accroît le ruissellement.
Figure 14: Carte des changements intervenus dans
l'occupation des sols dans la ville de Niamey et sa périphérie
entre 1999 et 2009
|
|