Internet à Touba: approche géographique des usages du réseau dans les cybercafés de la ville( Télécharger le fichier original )par Paul Marie Benoit Mamadou DIOUF Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009 |
2. Les activités des cybercafésLes cybercafés sont des lieux d'accès collectifs à Internet à but lucratif. Il s'agit donc d'endroits où l'on peut utiliser « le réseau des réseaux » moyennant une somme d'argent bien défini. En outre pour diversifier les sources de revenus et se faire ainsi plus de lucres, de nombreux cybercafés mettent à la disposition de leur clientèle un large éventail de service comme le fax, le traitement de texte, la formation en informatique... 2.1 La connexion à Internet Les tarifs de connexion pratiqués dans les cybercafés sont établis en fonction des charges liées au fonctionnement de l'infrastructure. En effet, le coût de la location du local, les factures d'électricité et d'Internet, le salaire du personnel, la concurrence, la maintenance des ordinateurs etc. sont autant d'éléments qui agissent directement sur le choix des prix à appliquer dans le cybercafé. A Touba, dans les cybercafés visités, les tarifs de connexion varient entre 150 FCFA et 300 FCFA pour une heure de connexion, et 100 FCFA et 150 FCFA pour la demi-heure. C'est au cybercafé de Darou Marnane que l'on trouve les tarifs les plus bas : 150 FCFA pour une heure de connexion et 100 FCFA pour la demi-heure. Cette activité est inhérente aux cybercafés et permet aussi aux populations d'intégrer le « réseau des réseaux », Internet. Celui-ci comporte des applications très pratiques qui permettent d'avoir accès à des services multiples et variés dont la plupart sont gratuits. Internet est une confédération de réseaux informatiques. Il a été développé au USA dans les années 1960 et devait permettre aux chercheurs de l'armée et des universités américaines de s'échanger des informations entre eux et aussi d'établir des communications interpersonnelles. De nombreuses applications ont été ainsi mises sur pied pur répondre à cette fin. Le courriel, les newsgroups (ou forum de discussion), la messagerie instantanée, l'IRC, Skype sont autant d'applications qui permettent à des individus utilisant des serveurs spatialement éloignés de communiquer par écrit ou oralement via Internet et ce nonobstant les obstacles liées au temps ou à la nature. Avec le Web et FTP, tous les ordinateurs et serveurs connectés au réseau Internet deviennent accessible à tous (ou presque) et il est même possible de rapatrier sur son ordinateur un quelconque fichier se trouvant dans l'une de ces machines. Ces deux applications permettent donc d'avoir accès à la masse impressionnante d'informations contenue dans les ordinateurs inters reliés au sein d'Internet. Le web, encore appelé indifféremment W3, WWW ou World Wide Web (toile d'araignées mondiale en français) est souvent confondu à tort à Internet alors qu'il n'est qu'une des applications de ce réseau qui a pris le pas sur les autres. Il s'agit en fait « d'un système d'échange d'informations à l'échelle planétaire permettant la manipulation de tout type de document qu'ils soient des photos, des textes, des cartes géographiques, des dessins animées ou fixes, des vidéos des sons »37(*). Le web est devenu aujourd'hui la principale application dont se servent les internautes pour accéder à l'un des serveurs inter reliés au sein d'Internet et de manipuler les informations qui s'y trouvent. S'il en est ainsi, c'est parce qu'il attribue à chaque serveur une adresse qui lui est spécifique et qui permet ainsi de le localiser et d'y accéder. Avec les progrès scientifiques réalisés dans le domaine de l'informatique, une nouvelle génération de services et d'applications Internet a émergé depuis quelques années. Ceux-ci sont couramment désignés par l'expression web 2.0 et à travers eux, Internet apparaît désormais comme un espace communautaire et interactif. En effet l'utilisation de ce réseau ne se limite plus à la connexion à des serveurs distants ou à la communication. Ce réseau n'est plus aussi uniquement l'affaire des webmasters. Au contraire avec le web 2.0, l'internaute devient le principal acteur du réseau grâce à la possibilité qu'il a de disposer d'une page personnelle interactive où il peut raconter ses activités quotidiennes et présenter ses principaux centres d'intérêts (blog), de partager des vidéos, photos ou sons de nature diverses, de rencontrer des personnes partageant les mêmes centres d'intérêts ou qui souhaitent explorer ceux d'autres personnes (les sites de rencontre), de personnaliser les sites web qu'il visitent, ... Le web 2.0 apparaît donc comme une centralisation de l'ensemble des applications Internet. Le service connexion à Internet permet ainsi donc aux populations d'être en contact avec Internet qui est à la fois une riche source de documentation, un outil de communication, un cadre d'échange, de rencontre, de divertissement et d'expression. 2.2 Les autres services proposés dans les cybercafés En dehors de la connexion à Internet, les cybercafés visités à Touba offrent à leurs clientèles une gamme diverse de services, listés dans le tableau n° 4. Tableau n° 4 : Les autres services proposés à part la connexion à Internet
Source: Paul Diouf, enquête de terrain, 2009 Tous les quatre cybercafés visités proposent à leurs clientèles des services bureautiques. Ceux-ci concernent les activités de traitement de texte, de photocopie, de scannage, de reluire, de gravure de CD ROOM, de confection de badges ou cartes et d'impression. En outre, ce sont essentiellement des commerçants, des agriculteurs, des élèves, et des dahiras mourides qui les utilisent soit, pour confectionner des badges ou des cartes de membre ou d'invitation, soit pour rédiger une demande d'attribution de semences ou de terrains de culture, soit pour rédiger des PV, soit pour confectionner des bons de commande ou des factures, etc. La formation en informatique n'est disponible que dans les cybercafés de Darou Marnane et de Darou Khoudoss et porte sur la maîtrise de l'outil informatique et de certaines applications comme Word, Excel, Publisher... Le coût de cette formation varie entre 15 000 et 25 000 FCFA par élève pour une session de formation d'une durée de trois mois. Pour les élèves, constitués en majorité de filles, cette formation devra leur permettre de trouver un emploi en tant que caissière, comptable ou secrétaire dans un des boutiques ou centres commerciaux de la ville ou dans le secteur privé moderne émergent. La catégorie de services regroupés sous l'appellation autres concerne la maintenance/vente d'ordinateurs et d'accessoires informatiques (clavier, souris, micro casque, logiciels ....) et la confection de sites web. Ces services sont proposés par le cybercafé de Darou Marnane et sont essentiellement utilisés par ceux qui possèdent un ordinateur fixe ou portable ou qui s'intéressent aux réseaux informatiques. La formation spéciale en Internet constitue un ensemble de cours portant sur la maîtrise des applications du réseau et elle est ouverte à toutes les catégories de population : commerçants, alphabétisé, analphabète, élève, chauffeur, fonctionnaire, etc. Seul le cybercafé de Darou Marnane propose ce type de formation, dont le coût s'élève à 12 000 FCFA. Pour le gérant du cybercafé concerné, « cette formation va permettre de se libérer de l'une des principales contraintes liées à notre travail : les demandes d'assistance des clients internautes ». Ainsi, la formation spéciale en Internet peut être perçue comme une stratégie développée à partir des caractéristiques propre au territoire et qui vise à faciliter l'accès et l'usage d'Internet aux populations. La communication concerne les activités de télécentres et de fax et elle n'est proposée que par le cybercafé de Darou Marnane. D'une manière générale, on peut retenir que ces cybercafés de la ville ont su adaptés leurs prestations de services aux caractéristiques, aux besoins du territoire. La connexion à Internet, la communication, la formation en informatique ou en Internet, ... sont en effet autant de services qui répondent aux attentes des commerçants, des élèves, des chômeurs, des dahiras, des fonctionnaires, des femmes au foyer, etc. qui peuplent la ville de Touba.
* 37 Dominique Hoeltgen, 1995, Internet pour tous, p. 46 |
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