SECTION B : ANALYSE
PROSPECTIVE : LES GAINS ATTENDUS DE LA RATIONALISATION DU COPAX SUR LE
PROCESSUS D'INTEGRATION
Cette présentation des différents axes
d'amélioration du COPAX serait, à notre sens incomplète si
elle ne contenait pas une illustration même à titre de projection,
de ce que serait la CEEAC, dans le cas d'un fonctionnement correct. Nous
pensons même, dans la perspective d'une amélioration du rendement
du COPAX, que l'idéal voudrait qu'on se fixe des objectifs au
départ sur la base desquels il serait possible de procéder
à mi ou fin parcours, à l'évaluation du degré
d'avancement et de réalisation des activités de rationalisation
programmées.
Afin que notre analyse prospective ne soit pas
réductible à une construction chimérique et même
idéaliste, nous l'appuierons sur les théories envisagées
comme cadres conceptuels du processus de l'intégration. Grâce aux
lumières fournies par ces approches nous envisagerons les
résultats d'un bon fonctionnement du COPAX au plan sécuritaire,
économico-fonctionnel, et enfin, au plan culturel.
Paragraphe 1 : Au plan sécuritaire : La pacification de
toute la sous-région
Le constat de la concomitance entre la recrudescence des
guerres en Afrique centrale et le fléchissement du processus
d'intégration dans la même zone nous a mené, ainsi qu'on la
précisé plus haut, à conclure de l'étroite liaison
qui existe entre ces deux notions. En d'autres termes, il semble
évident, soit que les Etats traversés par les guerres ne trouvent
pas les moyens de participer au projet de construction de l'identité
sous-régionale qui leur parait, du reste, de moindre importance dans
leur contexte, soit que l'absence d'une identité sous-régionale
forte favorise l'avènement de facteurs incitateurs de conflits.
L'approche fonctionnaliste, et plus tard l'approche
néo-fonctionnaliste, identifient des questions telle
l'insécurités transfrontalière et sous-régionales
comme sortant du cadre des capacités des Etats et constituant un point
de départ du processus d'intégration parce que la perspective de
leur gestion efficace appelle forcement la mise en communs, par les Etats, de
leurs moyens et de leurs ressources en la matière. Ainsi, l'ampleur des
préoccupations sécuritaires, dont la résolution
dépasse en large partie le cadre et les capacités nationales,
persuaderait les Etats qu'une paix durable serait atteinte plus facilement
grâce à la coopération que par le chemin de l'opposition et
de la contrainte réciproque (Meyer, 2006 :275)
Poursuivant dans la même lancée, nous sommes
d'avis que l'intégration, en même temps qu'elle constitue le point
de départ et le moyen idoine de la gestion de la problématique
sécuritaire, en est aussi un des acquis. En termes plus clairs, s'il est
vrai qu'on s'intègre pour mieux gérer le problème de
l'insécurité, alors il n'est pas moins vrai que
l'établissement d'un climat de stabilité ne ferait que renforcer
le processus d'intégration enclenché dans ce but.
Au sein de la CEEAC, nous l'avons vu, il persiste des menaces
telles la criminalité transfrontalière, l'extraversion des
mouvements de rébellion et la circulation incontrôlée des
ALPC. Toutes ces menaces créent un climat d'incertitude,
d'instabilité et d'insécurité qui empêche
particulièrement le rapprochement des hommes et donc limite le processus
d'intégration.
En particulier, le facteur de la criminalité
transfrontalière est assez perturbateur car, celle-ci sévit dans
des zones frontalières où précisément devrait se
ressentir la vigueur de l'intégration sous-régionale. Nous
pensons donc à ce propos, que l'efficacité du COPAX qui se
traduirait par une éradication de ce fléau susciterait un
véritable regain d'intérêt des populations pour les
relations internationales en général et sous-régionales en
particulier.
En ce qui concerne l'extraversion des mouvements de
rébellions, notons qu'en plus de créer de l'instabilité
dans les zones où ils se projettent, ces groupes constituent très
souvent la pomme de discorde qui sépare les Etats de la
sous-région. On ce rappelle à ce propos du refroidissement des
relations Tchado-centrafricaines à partir de l'année 2000 suite
aux accusations réciproques des deux Chefs d'Etat d'alors,
d'héberger et de soutenir les rebellions qui menacent leurs
régimes respectifs. Une telle problématique ne peut, en fait,
être efficacement résolue que dans le cadre d'une approche
consensuelle que permet justement le cadre d'intégration
sécuritaire qu'est le COPAX. En fait, la disparition des groupes
rebelles transfrontaliers parce qu'elle inhibe les sources de mésentente
en les chefs d'Etats sera d'un apport certains dans le réchauffement des
rapports entre Chefs d'Etats et dans le renforcement de l'intégration
sous-régionale en général. En conclusion, moins
d'insécurité signifie, pour la sous-région, plus de paix
à l'intérieur et entre les Etats et donc plus de chances de
renforcement du processus d'intégration.
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