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La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale

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par Abel Hubert MBACK WARA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA/Master II en Science Politique  2006
  

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La stratégie des Etats : La poursuite de l'intérêt national au détriment de l'efficacité du COPAX

Pour ce qui est des Etats, la coopération au sein du COPAX se fait dans des cadres et des objectifs fixés conjointement et qui s'imposent à ceux-ci. Cependant, au-delà de l'aspect prédéfini de ce cadre de coopération, il est évident qu'il « n'y a pas de système social entièrement réglé ou contrôlé. Les acteurs individuels ou collectifs qui les composent ne peuvent jamais être réduits à des fonctions abstraites et désincarnées » (Crozier et Friedberg, 1977 : 29). Les Etats dans les jeux de coopération disposent donc, à proximité du cadre relationnel prédéfini, d'une marge de manoeuvre à laquelle ils font recours pour promouvoir leur enjeu principal à savoir l'intérêt national. Trois cas de figures peuvent nous permettre d'illustrer notre propos :

Premièrement, citons l'attitude du Gabon qui, dans le cadre de sa politique extérieure sous-régionale, n'adhère pas au projet d'intégration selon le modèle supranational, lui préfère les rapports de coopération intergouvernementale, et dont toute l'action diplomatique dans la sous-région vise à s'assurer que le processus d'intégration ne dépasse pas le seuil de la coopération intergouvernementale. Cette position explique les nombreuses entraves posées systématiquement à l'égard des initiatives communautaires notamment la libre circulation, le droit d'établissement et les faibles contributions au financement de la CEEAC (Awoumou, 2005 : 07).

Comme deuxième exemple, citons le Cameroun qui dans son option de diplomatie apaisée préfère une action évitant tout engagement direct dans les problématiques sécuritaires sous-régionales, préfère une diplomatie faite de dialogue basée sur les acquis du Droit International et qui évite tout engagement militaire précoce. Cette position explique les réticences du Cameroun à s'engager dans toutes les situations appelant une intervention militaire tel que ce fut le cas en RCA.

Au titre du troisième exemple, on peut expliquer l'implication du Rwanda et du Burundi dans la situation d'insécurité qui prévaut dans les Kivu comme résultant des stratégies de prédation de ces derniers, mais aussi du souci de maintenir le conflit hors de leurs frontières. (Braeckman 2003 : 281). Au sein du système, cette tentative de détournement des objectifs du COPAX s'est traduite par des réticences de ces deux pays à s'engager dans le processus de résolution de la crise en RDC (Braeckman op.cit). En tout état de cause, on a là un cas patent de stratégie d'acteurs allant clairement à l'encontre des principes de l'action organisée du COPAX. La quête de cet intérêt national au sein des structures du COPAX, marque d'un détournement et d'une appropriation des éléments d'incertitude par les Etats, est souvent renforcée par les querelles de leadership existant entre certains Etats de la sous région.

Toujours dans la rubrique de l'instrumentalisation des cadres d'action du COPAX, force est de noter l'existence, au sein du corpus juridique du COPAX, d'une ambiguïté qui a, dans le passé, justifié la passivité de certains Etats face au drame qui se vivait au sein de la sous-région. Cette ambiguïté porte sur les principes d'action qui guident les interventions du COPAX dans les crises internes des Etats de la sous-région.

En effet, l'Article 3 alinéa (b) et (d) du Protocole relatif au COPAX reconnaît explicitement comme principe directeur de l'action du COPAX, la non-ingérence dans les affaires internes des Etats et le respect de la souveraineté des Etats, tandis que l'Article 4 du même Acte précise la compétence du COPAX à gérer toute situation d'insécurité dans la sous-région. Mais comment peut-on prévenir, régler et gérer des conflits qui sont presque tous intra étatiques sans commettre par là même un acte d'ingérence dans les affaires internes d'un Etat ? Quand on considère au surplus que ces crises constituent les menaces les plus graves et les plus récurrentes que rencontre actuellement l'Afrique centrale, on est plus porté à penser que le mieux aurait été d'en faire une des raisons fondamentales d'une intervention rapide. Il faut penser que cette contradiction peut avoir été la cause du désengagement de certains Etats-membres dans la résolution de crises qui traversent la sous-région. Retenons en somme que l'ambiguïté des principes juridiques d'action du COPAX, parce qu'elle ne permet pas de cerner avec exactitude le fondement et les moyens d'action du système, peut constituer une opportunité de détournement des acteurs de leurs fonctions et de leurs obligations premières dans le système. Notons cependant que cette incongruité juridique ne suffit pas à elle seule à justifier l'indécision et le manque d'engagement dont le COPAX fait montre.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus