CHAPITRE III : ENDOSCOPIE DU
RENDEMENT INSUFFISANT DE L'INSTRUMENT DE PREVENTION DES CONFLITS
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L'objectif de ce chapitre est de procéder à une
tentative d'explication de la faiblesse du système en se servant de la
grille systémique qui est au centre de notre recherche et de la grille
stratégique qui nous est paru être un palliatif aux limites de
l'approche systémique.
Dans un deuxième mouvement, nous essayerons de
déceler les conséquences de la faiblesse du système sur
son environnement en général, et sur le processus
d'intégration sous régionale en particulier.
Le but ultime de ce chapitre est de nous permettre de
répondre à la question de savoir si le système de
prévention des conflits a effectivement joué un rôle
quelconque dans la dynamique de construction de l'identité
sous-régionale de l'Afrique centrale.
SECTION A : EVALUATION DE L'EFFICACITE DU COPAX : UN
RENDEMENT ENCORE INSUFFISANT
Après avoir identifié les situations appelant
une réaction du COPAX et les actions menées par celui-ci, il
devient possible de juger de l'efficacité de cette institution. Dans
cette perspective, il semble que l'efficacité du COPAX peut être
déduite d'une analyse synthétique mettant en parallèle
quantitativement et qualitativement, les sollicitations de l'environnement et
les réactions du système face à ces sollicitations. Nous
espérons, en d'autres termes, dans cette section, parvenir à une
lisibilité de l'efficacité du COPAX grâce à un
rapport simple entre la somme des situations appelant une intervention du
système de prévention des conflits et la quantité mais
aussi la qualité des actions et interventions du COPAX,
envisagées ici sous l'angle de l'apport définitif dans la
résolution des crises.
Paragraphe 1 : Evaluation au plan quantitatif
Au plan quantitatif, nous partons sur la base de huit crises
majeures identifiées au sein de la CEEAC entre les années 2000 et
2008 qui constitueront notre échantillon d'analyse. Selon les textes
fondamentaux du COPAX, notamment les articles 4 et 5 du Protocole relatif au
COPAX, il est de la compétence et même de la responsabilité
de celui-ci de mettre en oeuvre des initiatives afin de permettre une
résolution efficace des crises survenant dans la sous-région. En
d'autres termes, face aux huit crises enregistrées, le COPAX aurait du
opposer au moins huit initiatives visant la résolution de ces crises.
Or, de ces huit crises, cinq sont parvenues à une
normalisation marquée notamment par l'arrêt des actes de violence
et la restauration du dialogue social. Il s'agit en l'occurrence des conflits
angolais, burundais, congolais, de Sao Tome et de la guerre civile
centrafricaine de 1996 à 2003. Mais, des crises recensées, deux
sont allées jusqu'à leur aboutissement péjoratif à
savoir la conclusion de la crise par la victoire militaire de l'une des
factions en conflit. Tel fut le cas de la guerre en Angola et de la guerre
civile centrafricaine de 1996 à 2003. Les trois autres cas ont, pour
leur part, connu une conclusion plus décente marquée notamment
par une atténuation des clivages, par l'initiation d'un dialogue et la
cession de concessions entre les principaux belligérants, marquant ainsi
le retour à un état de paix sociale contrôlable. Ce fut le
cas avec la crise du Pool au Congo, avec le différend consécutif
au putsch du 16 Juillet 2003 à Sao Tome et avec la guerre civile du
Burundi.
Trois des crises sécuritaires recensées ne se
sont pas résorbées, du moins jusqu'en fin de l'année 2008.
Il s'agit en l'occurrence de la guerre Démo-Congolaise principalement
dans la région du Kivu, de l'insécurité au Tchad et en
RCA.
Ainsi, sur huit crises qu'a connu la sous-région,
seules trois à savoir la Crise centrafricaine, la crise en RDC et les
putschs Santoméen ont bénéficié d'une intervention
du COPAX et la conclusion qui s'impose alors est celle de la faiblesse du COPAX
démontrée par un taux de participation de 37,5 % dans la
résolution des crises ayant traversé l'Afrique centrale dans la
période 2000-2008. Qu'en sera-t-il de l'évaluation qualitative
des interventions du COPAX ?
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