Paragraphe 2 : Evaluation au plan qualitatif
De prime abord, précisons que l'évaluation au
plan qualitatif ne porte pas sur la qualité perçue dans le sens
de l'adéquation des missions, mais visera à mettre en exergue
l'apport des interventions du COPAX dans le processus général de
résolution des conflits en Afrique centrale.
Dans cette perspective, notons de prime abord que les actions
du COPAX portent plus sur la mise en oeuvre du dispositif que sur le
déploiement effectif de cette structure dans la sous-région. On
note en effet que, à l'exception des trois actions menées au plan
opérationnel, toutes les autres actions portent soit sur le recrutement
du personnel, sur la formation et le perfectionnement de ce personnel, sur la
mise en place des cadres institutionnels ou sur la recherche de financements,
ceci dans le but ultime de rendre le COPAX effectif.
Ce constat nous donne l'occasion de lever une équivoque
qui partirait de la question de savoir s'il n'est pas incongru de vouloir
analyser l'efficacité d'une structure encore virtuelle, étant
donné que toutes ses instances ne sont pas encore
opérationnelles ? Le fait est que, jusqu'en 2007, le MARAC n'est
pas encore pleinement opérationnel et certaines de ses instances ne sont
pas encore pourvues du personnel chargé de l'animer. Il s'agit en
l'occurrence du Directeur du MARAC, du Chef du Bureau d'observation et de
collecte d'information du MARAC, de l'Expert en Technologie de l'Information et
de la Communication du MARAC qui ont tous été recrutés
entre juillet 2006 et mars 2007. Il en va de même de la Direction des
Actions Politiques et Diplomatiques dont le Directeur n'est nommé qu'en
2007.
La perspective de répondre à cette question,
loin d'appauvrir le débat, nous permet d'étendre notre
évaluation qualitative sur le processus même de mise en place du
système. Il est en effet intriguant et même suspect que, huit ans
après sa création, le COPAX ne soit pas encore doté de
tous les moyens structurels et infrastructurels devant matérialiser et
animer son existence. On est particulièrement intrigué par le
contraste existant entre la précision, la finesse et la rapidité
mise en oeuvre dans la conception textuelle du COPAX, et le peu d'entrain mis
à doter et équiper le COPAX des ressources matérielles et
humaines devant l'animer, ce d'autant plus que la sous région doit
faire face à de multiples crises qui appellent l'intervention efficace
du COPAX.
En guise de réponse à cette question, nous
estimons que l'efficacité du système ne devrait pas être
déduite seulement de son déploiement opérationnel
marqué par des actions de terrains, elle devrait aussi être
envisagée sur la base de l'observation de son processus
d'institutionnalisation, c'est-à-dire de sa capacité à
passer efficacement du stade de l'existence textuelle à celui de la
présence effective et pratique sur le terrain. Et, sur ce point force
est de constater une faiblesse du processus d'institutionnalisation du COPAX
caractérisé par une très longue mise en place du
système qui s'étale, pour le cas d'espèce, sur une
période de plus de huit ans.
Sur un autre volet, il apparaît que des actions
recensées, seules trois constituent des esquisses de solutions face
à l'insécurité à laquelle la sous-région
fait face. Il s'agit de la contribution à la sécurisation des
élections en République Démocratique du Congo, de
l'important rôle de médiation joué dans le cadre de la
restauration de la légalité constitutionnelle à Sao
Tomé & Principe et du projet MICOPAX de transfert de
compétence de la FOMUC à la FOMAC en ce qui concerne le maintien
de la paix en république Centrafricaine.
Notons cependant que des trois actions envisagées, une,
à savoir la contribution à la sécurisation des
élections en République Démocratique du Congo, laisse
entrevoir une approche assez complète incluant le volet diplomatie
préventive marqué par l'installation d'un Ambassadeur,
Représentant Spécial du Secrétaire Général
de la CEEAC avec un Observatoire à Kinshasa, la prévention
structurelle marquée par l'envoi d'une mission d'observation
électorale de la CEEAC, conduite par un ancien Chef d'Etat, et la
prévention opérationnelle marquée par Le montage d'un
Groupement Tactique Interarmées (GTIA) en « On Call »
pour sécuriser Kinshasa. Une approche aussi complète
démontre en fait la capacité institutionnelle du COPAX à
agir efficacement dans la sous-région et bien que le succès
de l'opération ne puisse être objectivement imputable seulement
à la CEEAC, il n'est pas moins vrai que son apport à
été déterminant dans la conclusion heureuse des
élections en RDC.
En somme, la CEEAC est un concept viable mais demeure
minée par des maux de divers ordres. (Awoumou, 2005 :11). Et, en ce
qui concerne l'action du COPAX, force est de convenir, au-delà d'un
potentiel d'action considérable, d'une faiblesse réelle
marquée par une faible implication quantitative et qualitative dans la
gestion des crises qui traversent l'Afrique centrale dans l'intervalle
2000-2008. Mais quelles peuvent en être les raisons ?
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