b) Les considérations géostratégiques
La géostratégie part de l'analyse du rôle
des acteurs dans l'espace, de la réflexion de leurs appareils
politico-militaires et diplomatiques, pour expliquer les différentes
configurations observables sur l'échiquier international. Or, parlant
des conflits d'Afrique centrale, il est opportun de relever qu'ils ne
connaissent pas que des implications des acteurs de la Sous-Région
CEEAC. On constate en effet, une grande implication d'Etats issus des
sous-régions voisines et même l'implication de puissances
mondiales. A ce titre, nous pensons que la géostratégie peut
apporter un éclairage nouveau sur les considérations et les
motivations qui portent les conflits en Afrique centrale.
Pour le Pr. Zongola (2003 : 15), les conflits en Afrique
centrale relèvent d'un type nouveau. Ce sont des « guerres des
ressources », dont les objectifs sont à la fois
économiques et politiques, et qui rassemble des acteurs internes et
externes, y compris les réseaux criminels internationaux. En effet, le
contraste de cette Afrique centrale très pauvre dans les fait mais
virtuellement très riche par ses ressources suscite des antagonismes
entre certains acteurs internationaux qui y entrevoient des
intérêts quelconques.
Les conflits d'Afrique Centrale apparaissent comme
résultant de la confrontation de puissances dans l'optique de
l'acquisition ou de la préservation de leurs intérêts
particuliers. C'est ce qu'il faut lire dans cette déclaration de Kounou
(2001 :242) : « la dernière
caractéristique importante des guerres africaines postérieures
à l'effondrement du soviétisme est qu'elles seront
marquées sous le sceau de la rivalité entre les Etats-Unis et la
France pour le contrôle stratégique du continent ».
Ainsi peut-on expliquer les évolutions et le dénouement de la
guerre d'Angola comme la manifestation des querelles idéologiques entre
les puissances bipolaires. Plus près encore, on peut relever
l'implication de multinationales dans le trafic de minerais précieux et
notamment du Coltan durant la guerre de RDC. Dans la même logique, la
recrudescence de la rébellion en RCA et au Tchad peut s'expliquer par
les antagonismes existants entre l'occident (la France et les Etats-Unis) qui
sont des partenaires économiques de ces pays, et l'Iran et la Chine,
concurrents géostratégiques de l'occident, et alliés du
Soudan.
Ici encore, une approche concertée au sein des
instances sous-régionales devrait permettre une meilleure
représentativité de la sous-région et dissuader par
l'éventualité d'une réplique sous-régionale et d'un
recours aux voies de sanctions prévues par le Droit et la pratique
internationale.
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