II L'érosion des médias traditionnels
Les supports numériques se sont inscrits durablement
dans le paysage médiatique français entraînant une mutation
du mode de consommation des médias (A), et des investissements
publicitaires (B). Ces bouleversements ont donc conduit les médias
traditionnels à se moderniser grâce au numérique (C).
A) Le mode de consommation des médias en pleine
mutation
2006 a été sans conteste l'avènement de
l'« egocasting ». Ce terme, s'oppose au
« Broadcasting » (télédiffusion de masse) et
consacre l'individualisation de la consommation des médias.
Désormais, grâce à l'arrivée de nouvelles
technologies, les individus peuvent s'affranchir des contraintes de lieux et de
temps. Pour Laurence Meyer, directrice d'étude à l'Institut de
l'Audiovisuel et des Télécommunications en Europe, L'egocasting
peut être défini comme « tout ce qui a trait à
l'individualisation de la société, l'envie très forte de
satisfaction de ses besoins personnels, la montée en puissance de
l'hédonisme, mais aussi l'émergence des NTIC et l'apparition de
l'économie participative. L'individu devient un "conso-acteur" qui veut
être maître de ses choix. Trois mots clés
caractérisent l'egocasting : la personnalisation, le contrôle et
la participation».
Rattachés à ce concept, le podcasting, la Web
TV, et la vidéo à la demande entre autres font de plus en plus
d'émules.
1) Le Podcasting
Ce nouveau mode de consommation des médias est le fer
de lance de l'egocasting. Le podcasting consiste à
télécharger (légalement et gratuitement) un fichier audio
ou audiovisuel sur un baladeur numérique, un ordinateur portable ou un
mobile.
Il se différencie de la radiodiffusion dans le sens
où ce n'est pas un mécanisme centralisé qui diffuse un
contenu de masse, mais l'utilisateur qui va chercher les fichiers qu'il
recherche pour les consommer quand il le souhaite.
Les principales stations de radio mettent ainsi à
disposition de leurs auditeurs ce genre de contenu qui pourra être
téléchargé directement dans son Ipod. De plus en
plus de chaînes de télévision leur emboîtent le
pas.
Les utilisateurs disposent ainsi de fichiers audio ou
vidéo utilisables à n'importe quel moment, s'affranchissant ainsi
des grilles de programmation des diffuseurs de contenu de masse.
2) Le partage de vidéo en
ligne
Hier il fallait attendre les 2 journaux
télévisés quotidien des chaînes de
télévision hertzienne pour voir des informations en image.
Aujourd'hui, le partage des vidéos en ligne bouscule cette habitude en
allant plus loin que les rédactions des principaux
JT et surtout en étant plus réactif :
l'internaute devient journaliste pour le meilleur et pour le pire.
L'exécution de Saddam Hussein, les déclarations de
Ségolène Royal sur le temps de travail des enseignants, le
succès du rappeur Kamini, ne doivent leur impact que grâce aux
services de vidéo en ligne.
Ce moyen de diffusion de contenu rencontre une audience de
plus en plus importante. Selon une étude du cabinet Comescore,
les internautes américains de 15 à 34 ans regardent en moyenne
2h30 de vidéos en ligne chaque mois, et cette tendance de consommation
semble débarquer en France.
En tête de ce phénomène, Youtube
est devenu un des sites les plus visités au monde avec plus de 100
millions de vidéos consultées chaque jour. Rachetée en
2006 par Google pour près d'1,5 milliard d'euros, cette
plateforme intègre depuis mai 2007 dans ses vidéos, un dispositif
publicitaire sous forme de lien ou parfois de texte. Parmi les principaux sites
de partage de vidéos, citons notamment Dailymotion (concurrent
français de Youtube avec 10 millions de visiteurs quotidien),
Google Vidéo et Yahoo Vidéo. L'intérêt
principal de ces sites pour les utilisateurs est de proposer des contenus
audiovisuels par catégorie, ainsi qu'une recherche de fichiers par mot
clé. Par conséquent, l'internaute jouit gratuitement d'une totale
autonomie dans sa consultation de vidéo, ce dont il ne dispose pas
devant sa télévision.
3) La vidéo à la
demande
Encore peu utilisée aujourd'hui, la vidéo
à la demande permet d'acheter un film à l'unité et de le
visionner sur un ordinateur, un téléphone mobile ou un simple
téléviseur. L'individu, dans sa quête d'autonomie voit
ainsi s'ouvrir devant lui un marché de masse : plus besoin de
rendez-vous imposé par la grille de programme des chaînes ou les
horaires des séances de cinéma.
Pour répondre à cette nouvelle demande,
Orange, Neuf Cegetel, Free et Club Internet proposent ce
genre de service.
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