Les apports du web 2.0 sur les futurs sites web, les enjeux dans la relation client et les impacts sur les modeles economiques( Télécharger le fichier original )par Dany Stéphane ZIE FOMEKONG Université de Picardie Jules Verne - Master 2 Systèmes d'Information et Informatique Nomade (SIIN) 2009 |
b. Les interfaces de partages d'images et de VidéosDailymotion Dailymotion est un site web français permettant de partager et de visionner des vidéos diverses et variées. Il est semblable en ceci à Youtube, mais va plus loin dans l'utilisation du web 2.0, notamment dans la gestion des tags. Ce genre de site a un succès certain, Dailymotion compte plus de 800 millions de pages vues par mois14. Dailymotion a été créé en février 2005 par deux développeurs travaillant à l'origine dans une société d'hébergement, Benjamin Bejbaum et Olivier Poitrey. Son capital de départ était de 250 000 euros, apporté par des investisseurs individuels. En septembre 2006 les deux créateurs ont révélés que deux fonds d'investissement, Atlas Ventures et Partech International ont levés 7 millions d'euros, levée de fonds la plus importante de l'année 2006 pour le web 2.0 français. Dailymotion utilise comme la plupart de ces outils la technologie flash, mais à la différence de Youtube, il se démarque par une interface multilingue et un moteur d'encodage développé en interne. Ce type de site est exemplifie tout à fait le caractère `démocratique' du web 2.0. En effet l'auteur du site ne met à disposition aucun contenu, aucune information. C'est l'utilisateur lui même qui ajoute les vidéos qu'il veut faire partager. La page d'accueil du site comporte plusieurs encarts, mis en page de façon typiquement `web 2.0'. Le style graphique souvent semblable de ces sites fera d'ailleurs l'objet d'une partie ultérieure de cette étude. 14 source : comScore World Metrix, Septembre 2009 http://publicite.dailymotion.com/?page_id=9 Le premier outil de recherche est la recherche simple sur des mots clés, les fameux tags. Lorsqu'on entre un mot clé dans ce champ, le site effectue une recherche sur les tags entrés par l'uploadeur de la vidéo. Jusqu'ici le principe est le même que pour un moteur de recherche normal. Mais lors de l'affichage de la page des résultats, un encart nous présente les `hot tags'. Des mots clés connexes classés de manière visuelle par ordre de popularité. C'est la que les tags deviennent vraiment un nouveau mode d'utilisation d'Internet, la classification se faisant par les internautes eux mêmes sans action d'un quelconque modérateur. (En dehors des vidéos classées X ou à caractère raciste). Ces tags se retrouvent en page d'accueil sous la forme d'un encart intitulé également `hot tags' et mis en forme toujours selon un code couleur précis correspondant à leur popularité. Lors du clic sur un de ces liens on accède à une page contenant les vidéos connexes à ce mot clé. On peut ensuite préciser sa recherche en ajoutant d'autres tags afin de réduire le nombre de résultats. Cette recherche intuitive correspond aux balbutiements du web sémantique, en effet ces tags permettent d'isoler des ontologies (concepts) plutôt que de simples mots clés. En effet dans un moteur de recherche classique, type Google, l'application ne recherche pas les mots clés ayant des sens s'approchant, mais uniquement des orthographes proches, lors d'une faute de frappe par exemple. D'autres outils de recherche existent également. Afin de renforcer l'aspect communautaire et de fidéliser les utilisateurs, il est possible de créer sa propre page présentant ses vidéos, mais également de créer des groupes, des chaînes (assimilable à des chaînes de télévision) Ces classifications sont affichées sur la page d'accueil sous la forme d'une sélection des vidéos dans chaque catégories, des membres affichées de façon aléatoire ainsi que des partenaires. Dailymotion met ainsi à disposition de ces partenaires (Le Monde, Itélé, ...) des espaces leur permettant de mettre en ligne des vidéos (interviews, etc...) Youtube Aujourd'hui, les vidéos sont incontournables sur le Web. Les grands journaux en agrémentent leurs pages, les chaines spécialisées se développent pour partager du contenu audio et vidéo, professionnel comme amateur, et les internautes ne sont pas en reste car ils sont les plus gros consommateurs et producteurs de vidéos. Youtube, principalement consulté par un public anglophone, en est encore le leader mondial. Beaucoup de services professionnels se dégagent et produisent des émissions indépendantes, du contenu sponsorisés avec ou sans publicité et offrent des plus grandes fonctionnalités que Youtube. Reste que le site américain est encore le plus populaire avec plus de 60 millions de visites au mois de mai 200815. 15Selon le site Movers 2.0 utilisant la technologie Alexa Fondé en 2005 et racheté par Google en 2006, Youtube reste encore LE site de référence pour le partage de vidéo. La recherche se fait avec des mots-clés, « Tags » utilisés par les utilisateurs, dans la barre de recherche. Depuis peu la barre de recherche affiche des suggestions de recherches (comme Google). Les utilisateurs qui téléchargent des vidéos les regroupent dans des chaines (channels) et n'importe quel internaute peut s'y inscrire et ainsi être mis au courant des nouvelles vidéos de sa chaîne favorite. Les internautes inscrits peuvent voter pour leurs vidéos favorites, les sauvegarder dans une liste de favoris, composer leurs « playlists » et commenter les vidéos regardées. Les vidéos peuvent aussi être téléchargées à partir d'un téléphone mobile. Dans l'affichage vidéo, à droite de l'écran, s'affichent les vidéos du membre qui les met en ligne et encore des « related vidéos » avec les mêmes mots-clés. S'affichent aussi des vidéos sponsorisées par des professionnels et des publicités. Les vidéos peuvent être visionnées en plein écran mais leur qualité n'est pas toujours homogène, étant donné le taux de compression utilisé pour le téléchargement. Une fonctionnalité intéressante est d'utiliser un code, présent à droite des vidéos, qui les incorpore dans un cadre pour les afficher dans des blogs et des forums. La page d'accueil regroupe les abonnements aux diverses chaînes, les suggestions de vidéos basées sur les mots-clés des favoris et les vidéos commerciales qui sont développés par des professionnels. Comme beaucoup d'autres sites, Youtube tend à regrouper plusieurs services sur la même interface. Ainsi, un service de courriel est disponible pour recevoir les messages d'autres utilisateurs et suivre leur activité. Le service permet aussi de suivre la trace des commentaires laissés sous une vidéo, permettant de voir qui a répondu. Un carnet de contacts permet d'organiser les différents contacts et de les classer dans des catégories avec des options de confidentialité diverses. Plusieurs options sont disponibles pour protéger les informations personnelles des internautes inscrits, comme la possibilité de rendre des vidéos accessibles seulement pour les amis et la famille. Pour ce qui est du contenu, Youtube reste intéressant pour voir un extrait de concert, vidéo, ou une interview des médias, mais on y trouve également beaucoup de vidéos personnelles des utilisateurs qui parlent de leur vie sentimentale, leurs relations. Le fait de pouvoir interagir directement avec des gens qui parlent de problèmes bien réels a beaucoup d'attrait pour les internautes, mais il ressort qu'il y a beaucoup de contenu sans intérêt réel. Le problème le plus fréquemment rencontré est l'abus des mots-clés utilisés pour attirer le plus d'auditeurs pour une vidéo ou une chaîne. Ces mots-clés sont souvent sans rapport avec le contenu même de la vidéo. Flickr Flickr est un site web de diffusion et de partage d'images. Il est gratuit mais certaines fonctionnalités sont payantes. Flickr est une interface totalement web 2, elle utilise de façon complète les fonctionnalités offerte par les tags et exploite très bien le concept de folksonomie. Flickr est une interface souvent utilisée par les blogueurs pour faire partager leurs albums photos. C'est un des sites les plus symboliques du web 2, qui a dépassé en février 2006 les 100 millions de photos. Mis en ligne en 2004, il a été développé par Ludicorp, une société canadienne fondée en 2002. A l'origine, il s'agissait d'un ensemble d'outils développé pour un jeu multi-joueurs sur Internet : Game Neverending, qui a finalement été abandonné. Il consistait en un chat room dédiée au partage des photos, mais a ensuite évolué vers le téléchargement et le classement des photos. En 2005, Ludicorp a été rachetée par Yahoo, et ses serveurs ont été transférés aux Etats-Unis, assujettissant ses contenus aux lois américaines. L'interface de Flickr utilise AJAX, permettant à l'utilisateur de gérer ses photos en rajoutant des tags, titres et descriptifs automatiquement sans recharger la page. Les sites de partages de photos existent depuis les débuts d'Internet, Flickr se distinguant par plusieurs différences caractéristiques de son offre. Tout d'abord le fait que par défaut les photos publiées sont publiques, même si chaque utilisateur peut créer des groupes ayant des accès différents à ses photos. Ensuite, la possibilité pour l'utilisateur de marquer les photos uploadées de tags lui permettant de décrire l'objet de ses photographies. Et enfin le service dispose d'un grand nombre d'outils permettant de fidéliser les utilisateurs et développe un certain nombre d'applications gratuites, telles qu'un navigateur intégrant des outils permettant de faciliter l'envoi d'images. Une autre fonctionnalité intéressante est la possibilité de rajouter des notes sur sa photo. Ainsi il est possible de dessiner un cadre autour d'un élément de la photo (par exemple un bateau dans une crique) et d'ajouter un commentaire lisible par l'internaute lors d'un survol sur cette partie de la photo (par exemple `c'est moi'). Le résultat de ces caractéristiques uniques est que 80% des photos sont publiques, que la moitié est balisée de mots clés et que plusieurs dizaines de milliers d'utilisateurs participent à une communauté bâtie autour de Flickr. L'essentiel est ici de montrer ses photos, la page d'accueil, le blog et les flux RSS présentant les dernières photos, les plus populaires ou les plus insolites. Flickr dispose d'un système de tags abouti, qui fonctionne de la même façon que celui de Dailymotion, nous ne le détaillerons donc pas ici. Il propose tout de même quelques fonctionnalités supplémentaires comme la possibilité de s'abonner aux flux RSS de chaque tag, permettant ainsi à l'internaute de se tenir au courant des nouvelles images en ligne mais également d'afficher les images d'un même thème sur un autre site, en respectant la licence de l'auteur. En effet Flickr est attaché à défendre le droit des créateurs d'image et a donc mis en place un système de licence Creative Commons régi par l'utilisateur lui-même. Creative Commons est une licence de droit d'auteur qui est de plus en plus utilisée dans le monde de l'informatique libre mais également lors de la distribution d'oeuvres numériques. Elle permet de donner un certain nombre de droits à l'internaute téléchargeant l'oeuvre, en fonction de la volonté de son auteur. Son objectif est d'encourager la circulation des oeuvres sur Internet de manière licite et d'encourager les internautes à mieux respecter le droit, mais elle ne prévoit aucune rémunération pour l'auteur. L'interface permet de gérer les groupes ayant accès à ses photos et de gérer les droits d'accès en lecture des différents groupes. Les développeurs ont intégrés un certain nombre d'outils innovants, comme par exemple le `badge'. Cette petite bannière, intégrable sur n'importe quel site web (le code source est donné), permet d'afficher de manière aléatoire en flash ou en html des photos de son propre compte ou de n'importe quel utilisateur, selon certains tags à définir. Il permet ainsi de montrer des images en rapport avec un thème et de proposer un lien vers la galerie de photos de son choix. A cela s'ajoute toujours le bouton `blog this' permettant d'afficher directement sur son blog n'importe quelle photo issue de Flickr. Les développeurs ont également mis à disposition des programmeurs indépendants les API (interfaces de programmation ouvertes) leur permettant de créer une infinité d'applications ou d'extensions. Comme par exemple Flickr Graph permettant de visualiser les réseaux sociaux au sein de la communauté, la Flickr Clock affichant l'heure avec des photos ou d'autres mashups. L'aspect communautaire est présent à travers la possibilité donnée aux utilisateurs de se regrouper en communautés qui regroupe des internautes d'un milieu donné. On trouve ainsi des communautés d'utilisateurs d'une marque d'appareil photo, de photographes d'un thème précis, ou des regroupements par styles,... Ce sont ces regroupements qui font la force de Flickr, en effet une photographie d'une fleur n'a que peu de valeur en soi, mais c'est le fait que plusieurs photographes vont confronter leurs clichés pour en discuter et faire ainsi vivre la communauté qui rend cette plateforme vivante On retrouve dans Flickr l'esprit des skyblogs et Myspace, la popularité au sein de la communauté. Celle-ci est mesurée au travers du nombre de pages vues et par le nombre de commentaires laissés par les visiteurs. Flickr propose également un accès payant pour 25$ par mois, permettant à l'utilisateur `pro' de bénéficier d'un nombre de photo illimité à uploader, de la disparition des publicités, et l'archivage permanent des photos haute résolution, l'interface permettant de poster différentes résolutions Le principal écueil de Flickr est sa difficulté à convaincre les professionnels, ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord pour des questions techniques, ceux-ci préférant travailler avec des fichiers en haute résolution, dont la qualité est située bien au delà des standards Flickr. De plus on assiste à un sentiment de « dépossession ». En effet, la qualité des photographes amateurs ne peut être comparée à celles des professionnels, néanmoins ceux-ci rencontrent un succès certain. Dans ce cas les photographes vivant de leur art peuvent se sentir quasiment humiliés par le succès d'amateurs enclins à partager gratuitement des photos, alors qu'eux même tirent leurs ressources de la publication de leurs clichés. Pour Luc Pérénom, photographe professionnel, les outils amateurs ne doivent se mélanger avec ceux destinés aux professionnels, qu'ils soient acheteurs ou vendeurs : «Vu la profusion d'images numériques aujourd'hui, je ne pense pas qu'un professionnel, qui doit savoir montrer la valeur ajoutée de son travail, doive utiliser les mêmes outils que les amateurs. Flickr propose une interface relativement pauvre, peu dédiée à l'usage professionnel. L'espace d'échange est vite limité : les commentaires tournent vite en rond à se congratuler les uns les autres. Sans compter que la photographie est une démarche personnelle, indépendante par définition. C'est sa vision qu'on a besoin de pousser au bout, pas les avis des uns et des autres.» La réticence des professionnels s'explique ainsi par deux raisons. Le coté non-commercial, excluant toute forme de rémunération, et l'aspect amateuriste constaté. Convaincre les professionnels sera donc la prochaine étape de cette start-up, ainsi que l'ajout de certaines fonctions encore en développement comme la reconnaissance automatique des lieux et des personnes sur les photos. |
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