c. L'ouverture des services :
disponibilité d'API et création de MashUp
Autre facteur que l'on voit de développer ses quelques
derniers mois : la disponibilité d'API (Application Programming
Interface). Ces API sont en fait de véritables interfaces de
programmation libre d'accès permettant à quiconque de
développer sur son site Internet ou pour le site Internet proposant
l'API de nouveaux modules directement basé sur le modèle du site
en question. Un exemple concret est la plateforme Netvibes.com (interface web
personnalisable par chacun à l'aide de modules divers comme des lecteurs
RSS, des infos météo, trafic et autres...). Avec l'API de
Netvibes, beaucoup de développeurs se sont mis à
développer eux-mêmes des modules pour ce concept et ainsi, d'une
part, grossir le catalogue de modules disponibles mais aussi, d'autres part,
fédérer ces utilisateurs en les faisant devenir de
véritables acteurs du concept.
La diversification des API disponibles et cet esprit
communautaire grandissant favorisent les réalisations faites grâce
à ces API et généralement cela se concrétise par la
réalisation de MashUp se basent sur la programmation
événementielle. Ces applications composites (ou MashUp) peuvent
être sous la forme d'un site Web combinant du contenu provenant de
plusieurs sites Web. Le principe est donc d'agréger du contenu provenant
d'autres sites, afin de créer un site nouveau. Techniquement, cela est
rendu possible par l'emploi de fonctionnalités incluses dans AJAX ainsi
qu'avec les API fournies par certains sites. Un exemple pourrait être de
créer un service qui mélange les annonces d'eBay et Google Maps
pour visualiser l'emplacement du vendeur. Là encore
l'intérêt est d'inciter les développeurs à
répandre et à diffuser le contenu d'autres sites à une
échelle plus importante.
d. Les limites
Le problème qui se pose aux grands
sites 2.0 comme MySpace et Youtube est de réussir à transformer
leur énorme popularité en bénéfices nets.
Leur rachat par de grands groupes médias, stratégie dite de
« service en marque blanche », qui ont enrichi leurs fondateurs va
même dans le sens d'une bulle de spéculation qui a
toutes les chances d'éclater. Les deux exemples des ces plates
formes novatrices rachetée respectivement pour 650 millions de dollars
et 1.65 milliard est particulièrement édifiant, en effet ils
correspondent à environ 1000 fois le total de leurs pertes mensuelles.
De plus MySpace a un revenu annuel d'environ 200 millions de dollars pour un
milliard de pages vues par jours. Ce qui correspond au vingtième
du chiffre d'affaire de Yahoo, avec un nombre équivalent de pages
visitées, d'après le New York Times19.
Néanmoins certaines différences avec l'éclatement de
la bulle 1.0 peuvent laisser espérer que 2007 ne verra pas
encore l'e-économie s'effondrer.
19
http://www.nytimes.com/2006/04/23/business/yourmoney/23myspace.html?_r=1&ex=1303444800&en=68144371c
En effet à l'époque les entreprises
réelles ne rachetaient pas des virtuelles, mais on observait le
contraire : AOL rachetant Warner, etc.
On observe aujourd'hui plutôt une diversification et une
injection de capitaux dans le web par des groupes déjà
riches et solidement installées. Le rachat de Youtube par Google
permet ainsi à une gigantesque régie publicitaire
d'accéder à une audience mondiale. La deuxième
différence est le cout de développement. Comme
évoqué précédemment, celui-ci a
énormément baissé, la faillite d'une startup 2.0
est donc beaucoup moins grave pour son PDG qui peut presque en
démarrer une autre tout de suite.
Ainsi, l'éclatement d'une bulle 2.0 ne
semblerait pas venir d'un parallèle avec l'effondrement de la
net-économie des années 90, qui à force de
spéculation s'est retrouvée totalement en faillite. Mais il
existe d'autres facteurs qui peuvent rendre inquiets les
spécialistes, comme par exemple la difficulté d'attirer des
annonceurs sur un portail contenant des informations et des contenus
totalement hétérogènes car mis en ligne par les
internautes. Ainsi le Cout Pour Mille (CPM : le cout de la
visualisation de 1000 bannières de publicités) est
très inférieur sur les espaces web 2.0 que sur les
grands portails médias où le contenu est à l'avance connu
des annonceurs. L'arrivée du micro-marketing, c'est-à-dire le
marketing à portée des très petites entreprises,
grâce notamment aux Adsense et Adwords Google, a permis aux
pourvoyeurs de ces services de recueillir d'énormes
bénéfices. Mais les grands groupes, dont le budget
publicité ne s'est pas vraiment orienté sur le web, n'ont
pas suivi le mouvement, entrainant une baisse de la croissance de ce
secteur. Ainsi l'augmentation du nombre d'annonceurs et l'illusion de
l'expansion du marché pourrait conduire à une recette globale en
baisse. En effet le marché de la publicité est tiré vers
le haut par de grands comptes qui dépensent énormément
dans leur moyens de communication vers l'utilisateur, Internet y
compris. Que se passe-t-il si au lieu d'utiliser les moyens
traditionnels du web, ceux-ci préfèrent prendre en compte les
solutions beaucoup moins chères offertes par l'e-pub 2.0 ?
Or le web 2.0, encore jeune, va évoluer.
D'abord caractérisé par un mouvement gratuit collaboratif
entre internautes, il s'est vu ajouter une dimension produit, business et enfin
devra trouver un moyen de stabiliser son activité afin de réussir
dans la durée et bien sûr de monétiser et de dégager
une valeur ajoutée à son activité.
|