3.2. FORMES FONCTIONNELLES DU MODELE64
Nous utilisons ici le modèle de l'économie d'un
« petit pays », ouvert au RDM et intégrant l'agent Etat. Il
formalise tous les flux ayant eu lieu entre différents agents
économiques, sur le territoire congolais, pendant une année, 2005
pour notre cas : c'est un modèle statique. Il s'agit de façon
générale des activités de production et la consommation,
le tout arbitrés par les prix relatifs qui assurent de manière
simultanée l'équilibre entre l'offre et la demande sur tous les
marchés, tout en recherchant la maximisation, selon le cas, du profit et
du bien-être. De façon schématique, un MEGC présente
les flux tels que présentés dans la figure ci-dessous :
Figure 1 : flux des revenus dans une
économie
![](Lunion-douaniere-du-COMESA-Avantages-et-inconvenients-pour-la-RDC-Une-analyse-agra6.png)
Producers
Exports Rest of the Foreign Savings
World
Factor Costs
Sales Revenues
Demand for Intermediate Inputs
Circular Flow of Income
Factor Markets
Product Markets
Imports
Wages & Rents
Households
Private Consumption
Demand for Final Goods
Transfers
Taxes
Government
Domestic Private Savings
Government Expenditure
Gov. Savings
Savimg/INV
Investment Demand
Source : IFPRI, Introduction to general
equilibrium modeling for policy analysis, Kuwait, 2001.
Ces différents flux, représentent en terme
mathématique, les formes fonctionnelles du modèle.
64 Les équations sont présentées
en annexe 3 de ce travail.
Ainsi, il reprend la structure de notre MCS,
présentée ci-dessus et sur laquelle il est calibré,
c'est-à-dire 2 facteurs de production (Travail et Capital), 2
ménages (ménages urbains et ménages ruraux), 4 autres
agents (Sociétés, ISBL, Etat et le RDM) et 5 branches
d'activités (Agriculture, Extraction, Industries, Services marchands et
Services non-marchands). Il compte 180 équations et 230 variables dont
50 exogènes.
Ce modèle est éclaté en 6 blocs
d'équations, à savoir : Prix, Production, Revenu et
épargne, Commerce extérieur, Demande et Conditions
d'équilibre. Ces différentes équations constituent nos
formes fonctionnelles.
Les formes fonctionnelles sont des expressions
mathématiques qui décrivent la façon dont les
différents agents agissent dans leur objectif de maximisation. Il s'agit
plus globalement des fonctions d'offre et de demande d'outputs et d'inputs.
Nous reproduisons ici, les formes fonctionnelles du modèle EXTER 2 avec
les quelques avancées telles que présentées dans la
section précédente.
3.2.1. Les prix
Plusieurs prix sont compris dans le modèle : les taux
de salaire et les taux de rendement du capital ; les prix à la
production du produits de chaque branche ; les prix de la VA de chaque branche
; les prix domestiques des produits, incluant les taxes ; les prix domestiques
des produits, excluant les taxes ; les prix à la consommation des biens
composites ; les prix domestiques des importations ; et les prix domestiques
des exportations. Le numéraire (1) utilisé ici, est le prix
intérieur auquel s'ajoutent d'autres composantes pour déterminer
le prix final.
Le prix à la production des
branches [équation 34] est constitué du prix
domestique excluant les taxes des biens produits pour la demande
intérieure et le prix domestique des exportations des biens
destinés au marché extérieur ; le prix de la
VA [équation 26] est la différence entre le prix
à la production et la consommation
intermédiaire, le tout sur la VA. Soulignons que la
consommation intermédiaire est exprimée au prix du marché
des produits composites, donc elle comprend les biens produits localement aussi
bien que les biens importés ; le prix domestique des
produits incluant les taxes [équation 30] est
l'illustration de la présence d'un système fiscal. Ce prix est en
effet, le prix domestique des produits auquel sont ajoutées les
différentes taxes intérieures. De ce fait, celles-ci sont
déterminantes pour en fixer le niveau ; le prix domestique
des importations [équation 31] est le prix international
des biens importés exprimé en monnaie nationale par
l'intermédiaire du taux de change, auquel s'ajoute les taxes
douanières et d'autres taxes intérieures. Comme pour le prix
domestique incluant les taxes, la fiscalité joue un grand rôle
dans la détermination de ce prix ; le prix à la
consommation des biens composites [équation 33] est
constitué du prix des biens produits localement et du prix
intérieur des biens importés ; le prix domestique des
exportations [équation 32] n'est tout simplement que le
prix international exprimé en monnaie locale par l'intermédiaire
du taux de change, puisqu'il n'y a de subventions à l'exportation.
L'hypothèse de « petit pays » étant retenue, il est
fixé au niveau mondial et donc exogène à l'économie
congolaise.
Cette spécification des prix permet de retracer
l'évolution du prix de production vers le prix de vente final. Il est
alors possible, en cas de hausse ou de baisse de prix, d'identifier à
quel niveau se situe la variation.
3.2.2. La production
Les équations représentant la production sont des
fonctions nichées, c'est-à- dire des fonctions
spécifiées à plusieurs niveaux, de haut vers le bas.
Figure 2 : Diagramme arborescent de la
production des branches
XSI
![](Lunion-douaniere-du-COMESA-Avantages-et-inconvenients-pour-la-RDC-Une-analyse-agra7.png)
Leontief
VAI CII
![](Lunion-douaniere-du-COMESA-Avantages-et-inconvenients-pour-la-RDC-Une-analyse-agra8.png)
CET
L CFI (Terre et Capital)
Au premier niveau se trouve la production totale d'une branche
[équation 1]. Elle est constituée de la VA [équations 2 et
3] de cette branche et de ses CI [équation 4], la relation entre les
deux étant établie par une fonction de type Leontief. La
consommation intermédiaire est une demande de bien composite,
constituée de biens domestiques et des biens importés. Etant
constituée des biens composites, l'arbitrage entre biens locaux et biens
importés se fait par une fonction de type Armigton65. Par
ailleurs, l'arbitrage entre les biens des différentes branches est
dicté par une fonction de type Leontief.
65 l'Argmington est mieux explicité au point
3.2.4. sur la demande.
Au second niveau, la VA est constituée des
rémunérations des facteurs. Dans notre modèle, la VA des
APU est constituée de la même façon que toutes les autres
branches. C'est-à-dire qu'elle comprend outre la
rémunération du travail, celle du facteur composite. La relation
de substitution entre ces deux composantes est une fonction de type CET
(Constant Elasticity of Transformation ; élasticité de
transformation constante).
3.2.3. Revenu et épargne
Notre modèle reprend dans un même bloc les revenus
et épargne de tous les agents (ménages, sociétés et
Etat).
En ce qui concerne l'agent Ménage, dans notre
modèle il est non seulement offreur de main d'oeuvre, mais aussi
détenteurs des capitaux. Son revenu [équation 8] est alors
constitué de la rémunération des facteurs, des autres
dividendes reçus par les ménages et des transferts versés
par le Gouvernement et par le RDM. Le revenu disponible est obtenu après
payement impôts sur le revenu des ménages [équation 9].
L'épargne des ménages est une proportion fixe du revenu
disponible [équation 12].
Le deuxième agent est « les sociétés
ou firmes ». Elles ne possèdent que le facteur capital qu'elles
utilisent dans le processus de production. Leur revenu est ainsi
constitué de la rémunération du capital, à laquelle
on s'ajoutent les transferts leur versés par le Gouvernement est le RDM
[équation 10]. L'épargne est trouvée de façon
résiduelle, en soustrayant du revenu les dividendes versés aux
ménages, les impôts sur les revenus des firmes payés
à l'Etat et transferts versés au RDM [équation 13].
L'Etat reçoit son revenu des différentes taxes
payées par les autres agents et impôts perçus auprès
des autres agents, soit sur les revenus des ménages et des firmes, soit
sur la production, la consommation, les importations et les exportations ; des
transferts lui versés par le RDM ; et aussi, l'Etat étant
entrepreneur, des revenus des capitaux en sa possession [équation 11].
Son épargne est trouvé de façon résiduelle
après déduction, sur ce revenu, de ses
dépenses de consommation finale et des différents transferts
qu'il effectue en faveur des autres agents.
3.2.4. Demande
Dans ce bloc, sont réunies les équations exprimant
la consommation des ménages, l'investissement et la demande
intermédiaire.
Dans les lignes qui ont précédé, nous
avons dit que l'épargne du ménage était une proportion
fixe de son revenu disponible [équation 12]. Ceci étant
donné que le modèle est basé sur la conception
néoclassique de l'équilibre général. Toujours selon
cette dernière, la consommation des ménages est obtenue de
façon résiduelle, en soustrayant du revenu l'épargne
[équation 21]. Les ménages retirent la satisfaction de leurs
besoins de la consommation des biens composites [équation 22] sur le
marché. La présence de l'agent RDM leur offre la
possibilité de choisir entre un bien produit localement et un bien
importé, l'élasticité de substitution étant
considérée finie (hypothèse de Armington). Cette
consommation leur procure l'utilité qui est elle
représentée par une fonction de type LES (linear expenditure
system) développée par Stone-geary [voir annexe 1 sur la notion
du bien-être].
Les investissements sont exprimés en bien composite
[équation 23] et en valeur [équation 24].
La demande intermédiaire comme pour le cas des biens
demandés par les ménages est constituée des biens
composites. De la même manière, l'hypothèse de Armington
est retenue pour le choix entre biens domestiques et biens importés.
3.2.5. Commerce extérieur
La prise en compte du RDM dans notre modèle offre aux
autres agents la possibilité d'opérer un arbitrage entre bien
domestique et bien extérieur.
C'est ainsi que les producteurs peuvent orienter leur
production soit vers le marché local, soit vers le marché
extérieur, avec une relation entre les deux spécifiée par
une fonction de type CET [équation 38]. Le partage entre les deux
destinations ayant été fait, l'offre d'exportation est faite aux
prix mondiaux (hypothèse de « petit pays ») [équation
39]. La demande étrangère pour les produits d'exportation a une
élasticité-prix finie (particularité de EXTER 2 par
rapport à EXTER où cette élasticité est
infinie).
De la même manière que les producteurs, les
consommateurs eux aussi opèrent un choix entre le produit domestique et
le produit importé [équation 40]. La relation spécifiant
ce choix est une fonction à élasticité de substitution
finie, ressortant l'hypothèse de Armington. Une fois les importations
dégagées, celles-ci sont, à leur tour, soumises à
un arbitrage entre les importations des produits originaires des pays membres
du COMESA et du RDM (objet spécifique de notre étude)
[équations 42 et 43]. Le prix domestique des produits importés
est constitué du prix mondial (converti en monnaie nationale par le taux
de change), augmenté des droits de douane et d'autres taxes à
l'intérieur.
Le solde de toutes les opérations effectuées entre
les agents économiques intérieurs et le RDM est
réalisé dans le compte de la balance courante [équation
44].
3.2.6. Conditions d'équilibre
L'absorption domestique des biens exprime dans quelle mesure
les biens composites sont employés sur le marché domestique. En
d'autres termes, elle exprime l'équilibre des ressources totales en
produits composites et de leurs utilisations intérieures
intermédiaires et finales [équation 45].
La deuxième condition d'équilibre est celle qui
assure l'équilibre épargne investissement [équation
46].
3.3. CALIBRAGE DU MODELE
Les formes fonctionnelles étant toutes définies,
il faut leur attribuer des valeurs numériques ou paramètres afin
de rendre le modèle calculable. Ces paramètres doivent
correspondre à la réalité observée dans
l'économie sous étude. Ce processus d'attribution des
paramètres est connu sous le nom de « calibrage du modèle
».
Notre travail traite de l'économie congolaise, qui a
été ci-dessus présentée à travers la MCS
[voir supra, chapitre 2]. Ainsi donc, c'est sur cette matrice que notre
modèle est calibré afin de formaliser l'économie
congolaise.
Le critère fondamental d'un bon calibrage est que :
lorsque les paramètres sont introduites dans le modèle, celui-ci
doit reproduire la situation de référence, soit celle de la
MCS.
Après avoir obtenu à l'aide du modèle la
situation de la matrice de départ [Annexe 4], notre modèle est
prêt à être utilisé pour l'analyse du scénario
dont il est question, « l'adhésion de la RDC à l'UD du
COMESA ».
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