CHAPITRE III. LE MODELE
3.1. PRESENTATION DU MODELE
La problématique de la libéralisation du
commerce internationale est une question cruciale de nos jours. En effet, bien
que apparaissant limitée au commerce extérieur, elle a des
implications sur l'ensemble de l'économie nationale étant
donné que celle-ci est constitué en système,
c'est-à-dire composé de plusieurs sous-ensemble
corrélés et interdépendants. C'est ainsi que le MEGC est,
de nos jours, l'outils le mieux élaboré pour l'analyse d'une
telle problématique. « Un MEGC est un système
d'équations simulant le fonctionnement d'une économie de
marché. Les prix et les quantités des produits et des facteurs
productifs sont déterminés simultanément sur tous les
marchés (`Général'), assurant l'égalité de
l'offre et de la demande (`Equilibre').»59 Il présente
l'avantage de prendre en compte tous les circuits de transmission par lesquels
passent les différents chocs économiques. De ce fait, un
problème qui peut paraître, à première vue,
localisé à un secteur peut avoir plusieurs autres implications
sur d'autres secteurs, si pas sur l'ensemble de l'économie nationale,
dans la mesure où, comme dit plus haut, celle-ci est un ensemble
d'élément corrélés et interdépendants. Par
conséquent, la problématique traitée ici, étant
celle relative à l'UD du COMESA et s'insérant dans la
problématique de libre échange, nous choisissons d'utiliser ce
modèle afin de ressortir, dans les détails, les effets que cet UD
pourrait avoir sur l'ensemble de l'économie en général, et
en particulier, sur certaines grandeurs spécifiques.
Le modèle que nous utilisons ici s'inscrit dans la
théorie néoclassique de l'équilibre général
; il reprend la structure générale de EXTER 2
développé par Décaluwé, Cockburn et
Robichaud.60
59 Fofana I., op.cit., p.2.
60 EXTER 2 est un modèle d'une économie
ouverte intégrant l'Etat et où la demande extérieure des
produits d'exportation est supposée avoir une
élasticité-prix finie.
Un MEGC est censé reprendre la structure de
l'économie étudiée. C'est-à- dire, qu'il doit
présenter les interrelations entre les différents agents agissant
dans l'économie. Pour ce faire, il doit être préalablement
calibré sur une MCS représentant l'économie que l'on se
propose d'étudier. C'est ainsi que, de la structure
générale du modèle, ou le modèle standard tel que
présenté par ces concepteurs, on passe à un modèle
plus spécifique intégrant des particularités relatives
à l'économie sous-étude. Ainsi, pour mieux
représenter l'économie congolaise, dont il est question dans ce
travail, le modèle que nous utilisons présente quelques
avancées par rapport au modèle standard. Pour mieux
représenter l'économie congolaise, le modèle EXTER 2 a du
lui être adapté afin de prendre en compte ses différentes
spécifités. Ces adaptations ont portées sur : la structure
générale du modèle, les hypothèses et les formes
fonctionnelles. Afin de mieux ressortir les avancées apportées au
modèle EXTER 2, faisons d'abord un aperçu sur celui-ci avant de
présenter les particularités que comporte le nôtre.
3.1.1. Le modèle EXTER 261
3.1.1.1. Structure générale du
modèle
Au niveau de la structure générale, le
modèle EXTER 2 comprend : 4 branches d'activité (Agriculture,
industrie, SM et APU) ; 2 facteurs de production (travail et capital) ; 5
agents (ménages salariés, ménages capitalistes,
entreprises, Etat et RDM).
3.1.1.2. Hypothèses du modèle
Pour ce qui est des hypothèses, EXTER 2 se
présente comme suit : l'économie étudiée est
considérée comme celle d'un « petit pays »,
c'est-à-dire qu'elle fait face à des prix internationaux (que ce
soit pour les importations que pour les exportations) fixés sur les
marchés mondiaux et sur lesquels elle n'a aucune influence. Le passage
du prix international à la monnaie locale se fait l'aide d'un
coefficient de
61 Ce point s'inspire largement de la politique du
développement (titre du livre incomplet).
conversion, le taux de change. Les prix domestiques des
importations sont constitués d'outre les prix internationaux, des taxes
douanières et autres taxes intérieures. L'ouverture au commerce
extérieur offre le choix aux consommateurs et aux producteurs. Aux
premiers, elle leur permet de choisir, lorsqu'ils achètent le bien dit
composite (c'est-à-dire constitué des biens importés et
produits localement), entre se le procurer sur le marché
intérieur ou de l'importer ; de même les producteurs ont la
possibilité de vendre leur production sur le marché
intérieur ou de l'exporter. Les choix opérés par les
agents leur sont dictés sur la base des incitations créées
par des variations entre les prix intérieurs et les prix internationaux
des biens concernés.
En ce qui concerne les facteurs de production, le capital et
le travail sont tous deux considérés comme étant
internationalement immobiles, dans la mesure où leurs dotations
initiales ne sont pas affectées par des transferts de ressources avec le
RDM. A l'intérieur du pays, le capital est spécifique à
chaque branche d'activité, donc immobile, alors que le travail est
parfaitement mobile entre les différentes branches.
3.1.1.3. Les équations du
modèle62
Le modèle EXTER 2 est présenté en 7 bloc
d'équations, à savoir : la production, les
révenus-épargne des ménages et entreprises, les
recettes-épargne de l'Etat, le commerce extérieur, la demande
finale intérieure et les conditions d'équilibre.
Dans les fonctions de production utilisées ici, il y a
stricte complémentarité entre les intrants intermédiaires
d'abord, et ensuite entre la somme de ceux-ci et le total de la valeur
ajoutée. Dans les branches d'activités produisant les produits
marchands, le travail et le capital sont substituables dans la VA selon une
relation de type Cobb-Douglas à rendements d'échelle constants.
Dans les SNM, quant à eux, la VA de la production n'est
constituée que des salaires.
62 Nous ne reprenons ici que les points qui
présentent de différences avec les nôtres.
En ce qui concerne la demande finale des ménages, elle
est représentée par une fonction qui prend en compte les revenus
des ménages, les biens domestiques et les importations.
Le modèle EXTER 2 comprend ainsi, 106 équations
avec 122 variables dont 16 exogènes.
3.1.2. Notre modèle
3.1.2.1. Structure générale du
modèle
A la différence de EXTER 2, notre modèle,
comprend : 5 branches d'activité (Agriculture, Extraction, Industrie, SM
et APU) ; 2 facteurs de production (travail et capital ; ce dernier est un
facteur composite constitué de terre et capital proprement dit) ; 6
agents (ménages urbains, ménages ruraux, sociétés,
ISBL, Etat et RDM). En plus, le compte RDM a été
éclaté pour ressortir le compte des importations qui, à
son tour, a été éclaté en importations originaires
des pays membres du COMESA et importations originaires des autres pays.
Les avancées consistent en ce que notre modèle
compte plus de branches d'activité (5 contre 4) et plus d'agents (6
contre 5). Elles consistent aussi en l'éclatement du RDM telle que
présentée ci-dessus. En ce qui concerne les facteurs de
production, les 2 ont été retenus.
3.1.2.2. Hypothèses du modèle
Les hypothèses en rapport avec le RDM sont retenues
pour notre modèle. C'est ainsi que nous ne reprenons que celles portant
sur les facteurs de production qui ont quelque peu été
modifiées.
facteur travail. Le facteur travail est ainsi
considéré comme étant mobile sur le plan mondial, alors
que dans EXTER 2 il était immobile. Sur le plan interne, reste
parfaitement mobile comme dans le modèle standard.
Le facteur capital est quant à lui, maintenu
internationalement immobile tout comme sur le marché
intérieur.
3.1.2.3. Les équations du
modèle
Le modèle utilisé dans ce travail est, quant
à lui, présenté en 6 bloc d'équations, à
savoir : la production, les révenus-épargne incluant ceux des
ménages, entreprises et de l'Etat, le commerce extérieur, la
demande finale intérieure et les conditions d'équilibre.
Par rapport à EXTER 2, les fonctions de production
utilisées dans ce travail présente deux différences
majeures. Dans les branches d'activités produisant les produits
marchands, la relation entre le travail et le capital est une fonction de type
CET. Dans les SNM la VA de la production n'est plus seulement constituée
que des salaires, mais aussi des revenus du capital. Ce qui introduit la
spécificité selon laquelle, l' Etat ne se limite pas à ses
fonctions régaliennes, mais participe aussi à la production des
biens et services, notamment à travers les entreprises publiques et
mixtes.63
La consommation des ménages est
représentée, dans notre modèle, par une fonction de type
LES qui prend en compte outre les revenus disponibles des ménages, un
niveau de consommation jugé minimum, c'est-à-dire en
deçà duquel un consommateur ne peut descendre, soit la
consommation incompressible.
Prenant en compte ses différentes avancées, notre
modèle compte alors 180 équations avec 230 variables dont 50 sont
exogènes.
63 Celles dont l'Etat possède des actions
à côté des privés.
Après avoir présenté les
différences entre le modèle EXTER 2 et celui utilisé ici,
voyons dans la section suivante les détails sur le modèle que
nous utilisons ici, notamment sur les formes fonctionnelles choisies.
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