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La problématique du financement de la décentralisation territoriale au Cameroun

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par Jean Raoul NKOUDOU BENGONO
Université de Yaoundé II Soa - DESS 2006
  

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I -Contexte

Jusqu'à la fin de la première moitié des années 80, le Cameroun a connu une hausse continue de son taux de croissance réelle, qui est passé de 4,5% entre 1970 et 1978 à 8% entre 1979 et 1985(PNUD, 1993). Le secteur agro-industriel, bénéficiaire d'importants volumes d'investissements publics et le secteur pétrolier furent les principaux moteurs de cette croissance. Pendant cette période, la politique économique du Cameroun fut principalement gouvernée par deux impératifs : d'une part, développer au maximum la production sous toutes ses formes, en exploitant les ressources naturelles et en créant des industries de substitution ; d'autre part, veiller au strict équilibre du budget de l'Etat pour ne pas être contraint des manipulations monétaires qui pourraient avoir de fâcheuses répercussions sur l'ensemble de l'économie.

Ainsi, à la veille de la crise, l'économie camerounaise alignait les atouts de l'autosuffisance alimentaire et de l'indépendance énergétique, de la bonne santé des finances publiques et du faible niveau d'endettement extérieur. Grâce aux revenus tirés des exportations agricoles et pétrolières, le pays entretenait par ailleurs d'importants avoirs extérieurs. Mais à partir de 1985/86 intervint un retournement de tendance de grande ampleur, qui se traduisit par une croissance moyenne négative de l'ordre de 4% sur la période 1986/87-1990/91(PNUD, 1993).

Face à cette tendance déclinante, le gouvernement camerounais mit en oeuvre un ensemble de mesures de politique économique visant à assainir les finances publiques et à remettre l'économie sur le sentier de la croissance. En dépit de ces réformes, la situation économique continua à se dégrader et les taux de croissance du PIB restèrent négatifs jusqu'en 1994(Touna et Kamgnia, 2000). Pour faire face à cette situation et compte tenu des exigences des bailleurs de fonds internationaux, les pouvoirs publics s'engagèrent dans un vaste programme de réformes structurelles parmi lesquelles la poursuite des réformes institutionnelles. C'est dans cette optique que, au cours des années 90, le gouvernement camerounais a entrepris de promouvoir dans le pays le renforcement de la bonne gouvernance, plus de démocratie dans le fonctionnement de la société politique et des institutions de la république et d'organiser avec efficacité la mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté. A cet effet plusieurs actions ont été entreprises et parmi lesquelles la promulgation en janvier 1996, de la loi portant révision de la constitution. Cette loi légitime ainsi le point de départ d'une nouvelle réforme de l'administration publique camerounaise en général et de l'administration territoriale en particulier, car la réalisation du voeu collectif qu'est la décentralisation appelle un bouleversement profond de toutes les structures du pouvoir de l'Etat. Plus récemment, dans sa composante « décentralisation », le programme national de gouvernance(PNG), approuvé et rendu exécutoire par le Président de la République le 29 juin 2000, a retenu cinq grands objectifs parmi lesquels :

- le renforcement des libertés des collectivités locales ;

- la conception d'un programme de réformes, basé sur le principe de subsidiarité et adapté au progrès de la décentralisation.

Pour sa part, le document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) réaffirme l'engagement du gouvernement :

- à assurer une meilleure participation des citoyens à la gestion quotidienne des affaires publiques au niveau des collectivités territoriales décentralisées ;

- à accélérer la mise en oeuvre de la décentralisation.

Le document de stratégie globale de mise en oeuvre du PNG et de lutte contre la corruption, quant à lui, rappelle que la décentralisation est une option politique majeure. Après avoir déploré que « les pratiques actuelles comportent quelques aspects contradictoires et réducteurs qu'il apparaît nécessaire de corriger », ce document annonce « la mise en oeuvre des mesures novatrices, mais réalistes, susceptibles d'assurer le fonctionnement harmonieux des structures décentralisées de l'Etat. »

La décentralisation est donc un processus qui touche à priori tous les aspects de la gestion de l'action publique. Il s'agit cependant d'un processus qui doit prendre corps avec la société au rythme de l'évolution des mentalités. Ainsi, au-delà de la définition d'un cadre législatif et réglementaire susceptible de favoriser la mise en oeuvre effective de la décentralisation, il paraît indispensable d'inscrire dans la durée et de manière progressive les aménagements nécessaires à la construction d'un équilibre durable et cohérent entre l'Etat et les collectivités territoriales décentralisées.

Une bonne mise en oeuvre de cette politique nécessite une étude préalable de la situation actuelle, une évaluation des coûts de nouveaux transferts des compétences et la détermination des modalités pratiques de ces transferts et si possible la définition de quelques mesures d'accompagnement à l'effet de garantir le succès de la réforme. Ainsi face aux difficultés de l'Etat centralisé à répondre aux besoins sans cesse croissants des populations, il est admis qu'une décentralisation bien pensée et efficacement mise en oeuvre sera porteuse d'une plus value démocratique et de développement. Pour ce faire le financement est la condition sine qua non pour atteindre les résultats escomptés à travers la décentralisation. C'est fort de cette réalité que le thème de la présente recherche est orienté vers la problématique du financement de la décentralisation territoriale au Cameroun.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille