I-1-1-2 Le modèle Harrod et Domar (1947)
Après la seconde guerre mondiale, les
économistes Harrod et Domar (1947), influencés par Keynes, vont
chercher à comprendre les conditions dans lesquelles une phase
d'expansion peut être durable. Ainsi, s'il ne propose pas à
proprement parler une théorie de la croissance (expliquant son origine
sur une longue période), le modèle Harrod-Domar permet,
néanmoins, de faire ressortir le caractère fortement instable de
tout processus d'expansion. En particulier, il montre que, pour qu'une
croissance soit équilibrée (c'est-à-dire que l'offre de
production augmente au même rythme que la demande), il faut que
l'investissement augmente à taux précis, fonction de
l'épargne et du coefficient du capital (quantité de capital
utilisée pour la production unitaire) de l'économie. La
croissance est donc, selon une expression de Harrod, toujours
« sur le fil du rasoir ». Ce modèle
construit après la guerre et marqué par le pessimisme
engendré par la crise de 1929, a toutefois été fortement
critiqué. Il suppose, en effet, que ni le taux d'épargne, ni le
coefficient du capital ne sont variables à court terme, ce qui n'est pas
prouvé.
I-1-1-3 Le modèle de Robert Solow : Le
progrès technique comme résidu
Robert Solow a été le premier à proposer
un modèle formel de la croissance. D'inspiration néo-classique,
ce modèle se fonde sur une fonction de production à deux
facteurs : le capital et le travail. La production résulte donc
exclusivement de la mise en combinaison d'une certaine quantité de
capital (moyens de production) et de travail (main d'oeuvre).
Le modèle de Solow se fonde sur l'hypothèse que
les facteurs de production connaissent des rendements décroissants,
c'est-à-dire qu'une augmentation de ceux-ci dans une certaine proportion
engendre une augmentation dans une proportion plus faible de la production. Il
pose également comme hypothèse que les facteurs de production
sont utilisés de manière efficace par tous les pays. En supposant
que la population connaît un taux de croissance que Solow qualifie de
« naturel » (non influencé par
l'économie), le modèle déduit trois
prédictions :
i) Augmenter la quantité de capital
(c'est-à-dire « investir ») augmente la
croissance : avec un capital plus important, la main d'oeuvre augmente sa
productivité (dite apparente).
ii) Les pays pauvres auront un taux de croissance plus
élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins
de capital, et connaissent donc des rendements décroissants plus
faibles, c'est-à-dire que toute augmentation de capital y engendre une
augmentation de la production proportionnellement plus forte que dans les pays
riches.
iii) En raison des rendements décroissants des facteurs
de production, les économies vont atteindre un point où toute
augmentation des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la
production. Ce point correspond à l'état stationnaire. Solow note
toutefois que cette troisième prédiction est
irréaliste : en fait, les économies n'atteignent jamais ce
stade, en raison du progrès technique qui accroît la
productivité des facteurs. Autrement dit, pour Solow, sur le long
terme, la croissance provient du progrès technologique. Toutefois, ce
progrès technologique est exogène au modèle,
c'est-à-dire qu'il ne l'explique pas mais le considère comme
donné.
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