Développement financier et croissance économique au Tchad de 1982 à 2007( Télécharger le fichier original )par Ahamat Djabre Genson Université de Douala - DEA 2008 |
Conclusion générale------------------------------------------------------------------------------------74Bibliographie------------------------------------------------------------------------------------------- 78Annexes---------------------------------------------------------------------------------------------------82INTRODUCTION GENERALE Au cours des quinze dernières années, l'étude de la croissance économique est devenue l'un des champs de recherche les plus actifs de la théorie macroéconomique. Les théories modernes de la croissance mettent l'accent sur des éléments d'explication différents quoique non exclusifs (Katheline, 2000). Le niveau de croissance que les économies développées et certaines économies en développement connaissent semble être dû en partie à une profonde mutation de leurs structures monétaires et financières. En effet, concernant l'économie tchadienne, durant l'ère coloniale, un nombre important de banques commerciales au Tchad était la propriété des grandes banques des puissances coloniales. Le système financier tchadien qui émerge après les indépendances reflète, dans une certaine mesure, les infrastructures institutionnelles mises en place au cours de l'ère coloniale. Cependant, des changements notables interviennent au cours de la période post coloniale. Conscient du rôle primordial des banques dans le développement économique, l'Etat tchadien procède à la nationalisation des intermédiaires financières existants et à la création de nouvelles banques détenues en majorité par le pouvoir public. Le secteur bancaire est devenu un outil de la promotion du développement et va connaître, à ce titre, un interventionnisme public marqué. Au début de cette politique, l'économie tchadienne est marquée par la répression financière. Le gouvernement maintient le contrôle sur le taux d'intérêt dans le but de minimiser les coûts de crédits aux entreprises publiques et à certains secteurs dits prioritaires, en croyant que le taux d'intérêt faible peut stimuler l'investissement. Le secteur bancaire est utilisé à des fins de financement du déficit budgétaire. Au même moment, les autres secteurs de l'économie, considérés comme non prioritaires, font l'objet d'un rationnement de crédit. Le crédit bancaire est devenu une modalité de dépenses publiques comme le souligne Collier ( 1994)1(*). l'Etat impose aux banques commerciales l'octroi des crédits aux offices de commercialisation des produits d'exportation alors que les offices sont dans une situation déficitaire, principalement à cause de la politique des prix que les mêmes pouvoirs publics leur avaient fixée. Vers la fin des années 70, l'environnement économique n'était pas favorable à cause de l'instabilité politique, notamment à cause de la guerre civile de 1979 et des évènements de 1982 qui ont paralysé complètement l'économie et l'Etat qui posséde plus de 43% des dépôts à court terme. A cela s'ajoute le niveau élevé de l'inflation et des taux d'intérêt réels qui deviennent très faibles, voire négatifs au Tchad. Le système financier Tchadien se trouve déprimé. Dans le but de leur profitabilité, les banques font peser la charge aux épargnants et aux emprunteurs du secteur non prioritaire en jouant sur l'écart entre les taux de rémunération des dépôts et les taux de prêts. Les dirigeants des entréprises publiques financées échappent au contrôle et ils ne remboursent pas les prêts. Dans cette situation, le secteur bancaire n'arrive plus à remplir deux de ces rôles fondamentaux : assurer l'allocation optimale des ressources et la surveillance des dirigeants d'entreprises. Il en resulte donc un sous-développement du système financier. Les interventions des pouvoirs publics dans le secteur financier ne sont pas la seule cause du sous-développement de celui-ci. Ont note aussi la faiblesse de l'environnement légal, la dégradation de l'environnement macroéconomique (faible croissance, niveau d'inflation et de déficit budgétaire élevé,...) et une faible régulation du système financier. Cette déstabilisation de la sphère bancaire, du fait du manque d'épargne, conduit inévitablement à une baisse drastique du taux de croissance. Mais du fait de son appartenance à la zone CEMAC, le Tchad amorce une réforme monétaire commune à la zone CEMAC qui porte très rapidement ses fruits. L'entrée en vigueur de la nouvelle politique monétaire en 1992 et le renforcement de la capacité des organes de supervision bancaire, conduit à une plus grande prudence des banques, l'observation très stricte des ratios prudentiels de gestion dans la canalisation de l'épargne et la reprise des financements privés. De façon générale, ces réformes sont focalisées sur la réduction de la répression financière, la restauration de la solvabilité des banques par la privatisation des banques publiques, la restructuration des banques en difficulté et la facilitation de l'entrée des banques étrangères dans le capital des banques domestiques. La libéralisation financière vise à relâcher le contrôle de l'Etat sur les taux d'intérêt, à la diminution des réserves obligatoires, à l'abandon complet ou partiel de l'encadrement du crédit, à la privatisation du secteur bancaire et financier, à une meilleure réglementation du système financier, et à la mise en place de mesures visant à promouvoir la concurrence dans le secteur financier. Ces mesures ont théoriquement pour effet de relancer l'épargne, l'investissement et la consommation. Cette réforme bancaire et le climat politique favorable accentuent le développement du système financier Tchadien et accroit le nombre des banques au Tchad, nombre qui est passé de 2 en 1982 à 7 en 2007. Leurs guichets s'ouvrent dans toutes les grandes villes du pays, à savoir N'djamena, Moundou, Abéché, Doba et Sarh. Suite à ces réformes, le pays connaîtra une croissance positive de 33,7 % du PIB en 2004 àprès la dévaluation du franc CFA et la concrétisation du projet pétrole après des taux faibles dans les années antérieures (INSEED 2006). C'est cette évolution qui nous amène à nous poser la question principale suivante : Quel lien existe t-il entre le développement financier et la croissance économique ? De cette question principale découle deux autres questions subsidiaires à savoir : 1- Le développement financier a-t-il un impact sur la croissance économique au Tchad ? 2- Quelle sont les consequences de la croissance du PIB sur le développement financier au Tchad ? Notre étude a pour objectif de mettre en relief le lien entre le développement financier et la croissance économique. Nous envisageons particulièrement de : - Evaluer l'impact du développement financier sur la croissance. - Caractériser la nature du lien entre le développement financier et la croissance économique. La réalisation de cet objectif aura un intérêt théorique certain. Elle permettra d'apporter un éclairage supplémentaire sur le lien entre développement financier et croissance économique dans un contexte particulièrement spécifique comme celui du Tchad. En particulier, notre travail permettra de mettre en relief l'importance du développement financier dans la croissance économique du Tchad. Au plan pratique, cette étude permettra de voir la contribution du développement financier à la croissance afin d'assurer une meilleure mobilisation de l'épargne indispensable au financement des investissements susceptibles à même de soutenir la croissance économique et conduire à un développement durable. La théorie économique a toujours été partagée entre deux courants concernant l'importance du système financier dans la croissance économique. D'un côté, il y a ceux qui, dans la lignée de Bagehot et Hicks, parlent de son rôle actif dans le démarrage de l'industrialisation en Angleterre. Schumpeter (1912) dans son ouvrage « La théorie de l'évolution économique » précise que le crédit sert le développement industriel et qu'il est une condition préalable à la création et au développement de l'innovation et donc à la croissance économique. D'autre part, il y a ceux qui ne croient pas à l'importance de la relation entre finance et croissance économique. Robinson (1952) et Lucas (1988) sont les principaux économistes de cette tendance. Le développement financier est défini par Gurley et Shaw (1967) comme « une maturité des activités d'intermédiation monétaire en terme d'extension de la sphère bancaire, apparition des marchés financiers avec innovation et création des produits financiers de plus en plus adaptés permettant une plus grande couverture géographique de l'économie ainsi que des économies d'envergure et d'échelle conduisant à l'efficience des banques et marchés financiers ». Ces auteurs seront encore plus précis en 1973 en mettant l'accent sur les reformes structurelles des banques pour une meilleure collecte de l'épargne et l'octroi des crédits pour le financement des investissements. Dès lors, se pose la question de la contribution du développement financier à la croissance économique. Des travaux de MC Kinnon et Shaw (1973) sur la répression financière, une vaste littérature empirique et théorique détermine un lien positif entre le développement financier et la croissance économique connu comme l'accroissement du PIB annuel global d'une nation. D'après les travaux de Goldsmith (1969) et MC Kinnon (1973) à travers l'école dite de la répression financière, le secteur financier joue un rôle important dans le processus de la croissance économique mais il peut être limité dans un contexte de répression financière. Ainsi, la libéralisation financière entraîne un développement financier conduisant à une meilleure mobilisation de l'épargne et sa répartition efficiente pour le financement des investissements. Cette approche sera simplifiée suite aux travaux de nombreux auteurs comme (Kapur, 1976), (Collier et Gunning, 1999) qui assimilent le développement financier à l'allègement des conditions de taux d'intérêt et la proximité des marchés financiers. Le rapport sur le développement dans le monde, publié par la Banque Mondiale en 1989, présentait déjà une étude approfondie du lien entre finance et croissance en insistant sur le développement du secteur financier dans les pays en développement pour renforcer la croissance économique. Un des premiers modèles financiers de croissance endogène, celui de Bencivenga et Smith (1991), montre qu'une meilleure gestion du risque de liquidité par le secteur bancaire permet d'augmenter la part de l'épargne allouée à des placements plus productifs tout en gardant un niveau général d'épargne constant. Ainsi, une relation positive entre secteur financier et croissance économique est établie de manière théorique. Les modèles de croissance qui nous apprennent que l'investissement et la croissance sont positivement liés justifient alors le niveau d'importance qu'il convient d'accorder à l'intermédiation financière. Les secteurs bancaire et financier qui ont la responsabilité de mobiliser le maximum d'épargne et d'allouer efficacement ces ressources collectées pour stimuler l'économie par le biais de l'investissement doivent évoluer et diversifier les biens et services qu'ils fournissent. Le développement financier augmente la croissance économique de multiples façons. La finance mobilise et rassemble l'épargne, produit de l'information sur les investissements possibles de sorte que les sources peuvent être canalisées vers leurs emplois les plus productifs, surveille l'emploi des fonds, favorise le négoce, la diversification et la gestion du risque, et facilite l'échange de biens et services (Levine, 1997). Le lien entre la finance et la croissance repose de façon importante sur le dépassement des contraintes financières extérieures qui, sans cela, entraveraient l'expansion des sociétés. Parmi les pays d'Afrique subsaharienne autres que les pays producteurs de pétrole, les économies qui ont connu la croissance la plus rapide entre 1960 et 2004 sont celles qui sont le plus développées sur le plan financier selon le rapport de FMI publié en 2006. Cependant, la causalité entre ces deux phénomènes a connu une importance particulière lors de l'évaluation au début des années 90 des politiques de libéralisation financière entreprises à la fin des années 80 et surtout la prise en compte du contexte de financement des économies africaines par des intermédiaires bancaires ou les marchés financiers sont naissants. De nouveaux axes d'analyse conduisent alors à une relation positive inverse comme les travaux de Spears (1992) ; Levine (1996) ainsi qu'une double interaction réciproque entre le développement financier et la croissance économique prouvée par Barthélemy et Varoudakis (1996) suivi de St Paul (1996). D'autre par contre, s'inspirant des travaux de Patrick (1966), arrivent à des résultats plus mitigés à l'instar de Pagano (1993) ; Amable et Châtelain (1995) qui décèlent plutôt que le développement financier par la répression et l'instabilité financière qu'elle induit est défavorable à la croissance économique. Parmi ces diverses études, peu nombreuses sont celles qui se sont intéressées à l'Afrique Centrale, à plus forte raison au Tchad qui constitue un cas particulier où le développement financier s'est amorcé dans une situation d'instabilité politique et de perpétuels troubles. La reconnaissance du lien entre le développement financier et développement économique peut être retrouvée dans la littérature depuis plus de trois décennies chez des auteurs tel que : Bagehot (1873), Goldsmith (1955, 1969), Gurley et Shaw (1955, 1960). Mais ce thème est déjà présent chez Adam Smith (1776), qui défend le principe selon lequel le niveau d'activité industrielle d'un pays dépend fortement de l'utilisation plus ou moins efficace de l'épargne que le système bancaire peut constituer. De même Schumpeter (1912) avait mis l'accent sur le rôle primordial des banquiers qui, par leur ciblage et leur financement des entrepreneurs, encouragent l'innovation technologique, l'accumulation du capital et stimulent ainsi la croissance économique. On peut donc dire que le développement financier stimule la croissance à travers l'accroissement du taux d'investissement et à travers l'allocation du capital aux projets les plus productifs. Dans la même ordre d'idée, Bencivenga et Smith (1991) ont montré que les intermédiaires financiers, par l'allocation de l'épargne aux actifs peu liquides, et par la réduction de la liquidation prématurée d'investissement rentables, améliorent la productivité du capital et stimulent donc la croissance économique. En l'absence de système financier, les agents en seraient réduits à autofinancer leurs projets d'investissement. C'est le paradigme du « petit paysan pauvre» présenté par Mc Kinnon (1973) qui, en l'absence de système financier, est incapable de financer la mise en place de techniques de production plus efficaces parceque cela représente un sacrifice trop important en termes de consommation. Ainsi, comme l'épargne constitue un préalable à tout investissement et que l'accumulation du capital est à l'origine de la croissance, il est nécessaire que se développent les structures financières destinées à faciliter la constitution de l'épargne financière. Pour McKinnon, comme pour Shaw ( 1973 ), le développement de la sphère financière constitue donc une condition nécessaire au développement économique. Cette explication peut être complétée en ajoutant le fait que la collecte de l'épargne sur une grande échelle induit des coûts de transaction difficilement supportables par un seul individu. Il résulte de ces travaux que la mesure de la relation qui s'établit entre secteurs réel et financier repose sur une hypothèse fondamentale : Il existe une relation bidirectionnelle entre le secteur financier et le secteur réel. En examinant la littérature, cette hypothèse peut se décomposer en deux sous hypothèses : H1: Le développement financier a un impact positif sur la croissance économique au Tchad. H2 : la croissance du PIB influe sur le développement financier. Ces hypothèses découlent des travaux plus récents : Roubini et Sala Martin (1992), King et Levine (1993), Easterly (1993), Pagano (1993), Gertler et Rose (1994), Levine (1997), Loayza et Beck (2000), Han et Senhandji (2003), Christopoulos et Tsionas (2004) parviennent à des conclusions relativement concordantes quant à l'impact positif du développement financier sur le taux d'investissement et sur la productivité du capital, et partant, sur la croissance. Malgré toutes les faiblesses du système financier des pays africains, ainsi que son évolution contrastée, la majorité des travaux de recherche s'accorde néanmoins sur l'existence d'un effet modeste du développement financier sur la croissance en Afrique. Les premiers travaux remontent à Bhatia et Khatkhate (1975). Plus récemment, Gelbard et Leite (1999), Collier et Gunning (1999) et Ndikumana (2001) arrivent à la même conclusion que le développement financier a un impact positif sur la croissance économique en Afrique. Pourtant, et à la suite des travaux de Patrick ( 1966 ), il convient de s'interroger sur l'existence d'un lien de causalité inverse. Patrick distingue deux étapes dans le développement économique d'un pays. Dans la première étape, c'est le développement financier qui induit la croissance. C'est la phase de « supply leading» ou le développement financier permet, comme chez Schumpeter, le transfert des ressources d'un secteur traditionnel peu productif vers un secteur moderne plus efficace. Une fois cette première étape franchie, le sens de causalité s'inverserait. C'est la phase de « demande following» où le système financier répond de manière passive à la demande de services qui s'adresse à lui. De même, certains auteurs comme Robinson (1952, p.82 ), en soutenant que « lorsque l'entreprise tire la finance suit » , montrent que le développement financier n'est que le résultat de la croissance économique. Même si la plupart des travaux théoriques tente de légitimer l'existence d'un lien causal univoque entre le développement financier et la croissance de la sphère réelle, un sens de causalité inverse peut également être envisagé. Afin de tester cette double hypothèse, nous emprunterons le modèle de King et Levine (1993). En effet, l'étude de cette relation a connu un regain d'intérêt depuis une dizaine d'années avec les modèles de croissance endogène. Le premier article d'importance capitale est celui de King et Levine (1993). Sur un échantillon mondial de 80 pays au cours de la période 1960-1989, ces auteurs ont étudié l'impact du développement financier sur la croissance, le rythme de l'accumulation du capital et la productivité des facteurs. Une étude qui viendra combler plusieurs faiblesses de l'étude de Goldsmith notamment: elle ne tient pas compte de l'ensemble des facteurs qui influencent la croissance economique; elle n'examine pas si le développement financier est associé à l'augmentation de la productivité et l'accumulation du capital; la taille des intermédiaires financiers retenue peut ne pas mesurer correctement le fonctionnement du système financier; l'importance de corrélation entre la taille du système financier et la croissance économique n'identifie pas la direction de causalité. C'est ainsi que King et Levine (1993) ont construit quatre indicateurs de développement financier qui sont devenus par la suite les plus utilisés et que nous prenons à notre compte dans le développement qui suit. Il s'agit : - du ratio de liquidité divisé par le PIB; - de la part du crédit accordé aux enterprises privées par rapport au PIB; - du ratio du crédit accordé par les banques commerciales sur le PIB ; - du ratio du crédit bancaire accordé par les banques commerciales sur l'ensemble du crédit bancaire domestique, y compris celui de la banque centrale; Les deux dernières mesures concernent donc l'allocation du crédit. Etant donné leur pertinence, nous allons utilisé dans le cadre de notre étude sur le Tchad, les trois premiers indicateurs de mesure compte tenu de la disponibilité des données qui nous permettent d'élaborer un modèle permettant de tester nos hypothèses de recherche. Et ce, àprès avoir verifié l'influence des variables associées à la croissance économique, il s'agit du PIB initial, de l'ouverture commerciale, de la consommation du gouvernement en proportion du PIB. Les données sont annuelles et portent sur la période de 1982 à 2007, période prenant en compte à la fois la dévaluation du FCFA, la stabilité politique et l'exploitation du pétrole, qui ont entraîné une réprise timide de l'activité économique au Tchad et le retour des investisseurs étrangers parmi lesquels les banques commerciales. Ces variables seront estimées par la méthode de cointégration et traitées à l'aide du logiciel statistique E-VIEWS, après avoir verifié la stationnarité de séries et procéder au test de Granger pour mettre en évidence le lien de causalité entre développement financier et croissance de la sphère réelle. Nous allons ainsi nous appesantir, dans une première partie, sur l' analyse de l'évolution de l'activité économique globale et du système financier tchadien de 1982 à 2007. Dans cette partie, on étudiera, dans un premier temps, l'évolution de l'activité économique globale (chapitre I) et, dans un second temps, l'évolution des indicateurs du système financier (chapitre II). La deuxième partie aura pour objet de déterminer la nature du lien entre le développement financier et la croissance économique au Tchad. La réflexion portera d'abord sur l'analyse économétrique des données et la procédure d'estimation ( chapitre III) . Ensuite, l'accent sera mis sur le caractère univoque de la causalité de la croissance économique sur le développement financier ( chapitre IV). PREMIERE PARTIE: EVOLUTION DE L'ACTIVITE ECONOMIQUE GLOBALE ET DU SYSTEME FINANCIER TCHADIEN DE 1982 A 2007 L'objectif de cette partie est de présenter l'évolution de l'activité économique globale et du système financier tchadien de 1982 à 2007. Il s'agira de mettre en évidence les tendances des principaux indicateurs réels et financiers. L'approche adoptée ici est purement historique , ce qui permet de structurer cette partie en deux mouvements. Dans un premier temps, on analysera l'évolution de l'activité économique globale et son implication sur la croissance économique. On fera le point sur la contribution de chaque secteur au développement économique. Dans un deuxième temps, on analysera l'évolution des indicateurs du système financier. Dans ce cas, on présentera d'une part l'évolution des indicateurs de liquidité et d'autre part l'évolution des indicateur d'allocation des crédits. CHAPITRE I : L'EVOLUTION DE L'ACTVITE ECONOMIQUE GLOBALE TCHADIENNE DE 1982 A 2007 L'économie tchadienne a évolué en 2007 dans un environnement caractérisé, au plan extérieur, par une hausse des prix du pétrole, une évolution favorable du cours du coton sur les marchés internationaux et une dépréciation du taux de change du dollar par rapport au FCFA. Au plan intérieur, malgré la dégradation de la situation sécuritaire à l'Est du pays, l'INSEED (Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques) indique que le taux de croissance économique a atteint 3,6 % en 2007, contre 1,2% en 1982, tiré par la consommation privée. La variation de l'indice des prix à la consommation des ménages s'est établie à -9 %, en moyenne annuelle, à fin décembre 20072(*). Cependant l'évolution de l'activité économique globale au Tchad sera apprehendée selon deux aspects, l'aspect réel ( section I) et l'aspect financier ( section II). SECTION 1 : Evolution de l'activité économique réelle tchadienneLa problématique de la mesure et du suivi du secteur réel de l'économie s'est posée aussi bien en statistique, pour appuyer la Comptabilité Nationale, qu'en analyse macro économique. En analyse macroéconomique, on a souvent retrouvé le cadre traditionnel de Solow et toutes les améliorations qu'il a subit pour rendre compte de taux de croissance de l'activité et des différents facteurs qui contribuent. La préoccupation du présent mémoire étant d'établir le lien entre la sphère réelle et la sphère financière, il nous semble judicieux de passer par les extensions de ces modèles qui ont tenu compte de la dimension financière comme le modèle de Pagano (1993) dont celui de Levine ne semble être qu'une application. Par la suite, on pourra rendre compte de l'évolution du secteur réel, les faits historiques. I - 1: Les apports du modèle de croissance de Pagano La littérature économique definit la croissance comme « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit net en termes réels »3(*). Les théories portant sur le thème de la croissance ont connu une évolution depuis les classiques jusqu'aux nouvelles théories de la croissance endogène.
I-1-1 Des théories traditionnelles au modèle de PaganoLes modélisations expliquant le phénomène de croissance ont connu des améliorations à partir des travaux de Harrod et Domar, de Robert Solow, de Paul Romer, dont le modèle de Pagano est la résultante. * 1 Collier,P.,(1994), cité par Kangni R.Kpodar,(2003), Le développement financier et la croissance: L'afrique subsaharienne est -elle marginalisée?, Sept 2003 pp 37. * 2 ONU, (2007) « Bilan commun de pays au Tchad (CCA) », Coordination Résidente des activités opérationnelles des Nations Unies au Tchad, Décembre 2007 pp 159. * 3 Lexique d'économie, 8 edition, pp.202-205 |
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