CONCLUSION DU TROISIEME CHAPITRE
Ce chapitre a mis en évidence les
principales études économétriques et les
différentes procédures d'estimation. La première section a
présenté les différents éléments de
modélisation de la relation entre le secteur financier et le secteur
réel. La seconde section, quant à elle, a présenté
les propriétés statistiques des series des indicateurs et la
procédure d'estimation. De maniére générale, ce
chapitre nous a permis d'examiner les différentes variables
financières et de contrôle susceptibles d'expliquer le
phénomène et de présenter le modèle retenu. Ainsi
nous allons procéder à des tests économétriques
à l'aide du logiciel statistique Eviews. Tests dont les resultats sont
présentés en Annexe. Cependant, l'interprétation et les
implications feront l'objet du prochain chapitre.
CHAPITRE IV: LE CARACTERE UNIVOQUE DE
LA CAUSALITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER AU
TCHAD
Après la présentation de la procédure
d'estimation et du modèle retenu pour notre étude dans le
chapitre précédent, nous essayerons, dans le chapitre IV, de
procéder aux différents tests décrits au chapitre III,
ainsi que leur interprétation statistique et économique.
Cet chapitre s'articule autour des deux points essentiels. La
première section procéde à la présentation des
résultats des estimations économétriques. la seconde
section, quant à elle, propose des mesures de politique
économique envisagéés en vue de favoriser la croissance du
PIB au Tchad.
SECTION 1: La significativité plus importante
de la causalité de la croissance sur le développement
financier
Dans cette section, on procédera à une analyse
des résultats des tests économétriques et leurs
interprétations.
1-1 Résultats et
interprétation.
L'analyse descriptive des différentes variables, le
test de stationnarité des séries, le test de cointégration
des séries de Johansen, l'estimation du modèle à
correction d'erreurs, le test de causalité de Granger et le test de
stabilité structurelle retiendront notre attention dans cette
sous-section.
1-1-1 Analyse descriptive
Les caractéristiques des différentes variables se
présentent comme suit :
Tableau 1 :
Caractéristiques des variables financières et réelles.
|
PIBT
|
M2
|
CSP
|
CBC
|
OUV
|
DP
|
Moyenne
|
191,4615
|
13,14346
|
6,915000
|
12,97885
|
51,67308
|
9,406154
|
Mediane
|
189,5000
|
12,30000
|
4,240000
|
12,00000
|
49,15000
|
8,325000
|
Maximum
|
218,0000
|
21,20000
|
21,20000
|
22,20000
|
76,40000
|
15,80000
|
Minimum
|
154,0000
|
8,430000
|
3,310000
|
9,120000
|
20,10000
|
5,470000
|
Ecart type
|
14,82762
|
2,697849
|
5,022520
|
3,156122
|
13,90745
|
2,806384
|
Skewness
|
-0,307358
|
1,372149
|
1,732384
|
1,834663
|
0,153661
|
0,782932
|
Kurtosis
|
2,960939
|
5,232016
|
5,137735
|
6,050465
|
2,569156
|
2,680772
|
Jarque et Bera
|
0,411017
|
13,55582
|
17,95573
|
24,66673
|
0,303414
|
2,766658
|
Probabilité
|
0,814233
|
0,001139
|
0,000126
|
0,000004
|
0,859240
|
0,250742
|
Observations
|
26
|
26
|
26
|
26
|
26
|
26
|
Source : Auteur à partir des
données.
Selon ce tableau, on constate que :
- Selon le ratio m2 qui indique la part de
l'agrégat monétaire M2 dans le PIB nominal, la population
Tchadienne détient en moyenne 13,14% de leur revenu sous forme d'actifs
liquide, ce ratio reste en dessous de la moyenne pour les pays en
développement.
Cependant, ce résultat n'est pas conforme à
celui de Garip Turunç ayant mené une étude sur le
développement du secteur financier et la croissance
économique dans les pays émergents
méditerranéens sur la période 1990-1995. Ce dernier
conclut que ce ratio était de 48,2% pour l'ensemble de
l'échantillon contre 67% dans les pays riches et 36% dans les pays en
développement.
Pour le Tchad, la plus grande valeur de ce ratio se situe
à 21,20% et la plus petite valeur est à 8,43% sur la
période 1982-2007.
- Selon le ratio cbc qui représente
la proportion des crédits accordés par les banques commerciales
dans le PIB nominal, on constate qu'en moyenne la part des crédits
octroyés par les banques commerciales représente 12,97% du PIB
nominal au Tchad avec une valeur maximale de 22,20% et minimale de 9,12%.
- Selon le ratio csp indiquant la proportion
du crédit privé dans le PIB nominal, on a une moyenne de 6,9% sur
la période. Ce faible taux milite en faveur du sous développement
du crédit au secteur privé.
1-1-2 Test de stationnarité des
séries
Les résultats des tableaux du test de racine unitaire
de l'annexe II (page 82) confirment la non stationnarité des Toutes les
variables au même niveau. Elles sont tous stationnaires en
différences premières à l'exception de CBC qui est
stationnaire à niveau.
1-1-3Test de cointégration des séries de
Johansen
Au regard des résultats portant sur l'ordre
d'intégration des variables, on remarque qu'il pourrait y avoir une
relation de cointégration entre d'une part la variable à
expliquer PIBT, et d'autre part les variables explicatives M2, CSP, OUV et
DP qui sont toutes stationnaire en différence première. Par
ailleurs, la possibilité de l'existence de relation de
cointégration entre PIBT par exemple (ou toute autre variable) qui
demeure en différence première et CBC est à exclure, les
ordres d'intégration étant différents.
Au terme du test de Johansen, l'hypothèse nulle de
l'absence de relation de cointégration est rejetée 1 % par les
deux tests de la « trace statistic » et du maximun
d'« Eigenvalue » qui donnent le même résultat
à ce niveau. En effet, 112,8565 est supérieurs à 68,52 et
76,07 (valeur critique à 1 % et 5 % respectivement). De même,
l'hypothèse nulle de la présence d'une seule relation de
cointégration est rejetée 1 % par le test de la « trace
statistic », car 57,7902 est supérieurs à 54,46. Au
total, on constate qu'il existe deux relations de
cointégration :
PIBT = 29,28634 + 26,79300*CSP + 0,081393*OUV -
42,55730*DP
(34,5704) (1,09534)
(53,6373)
M2 = -0,678558 + 0,526507*CSP + 0,006011*OUV - 1,710091*DP
(1,41837) (0,04494)
(2,20065)
NB : les t de Student sont entre
parenthèses.
La première équation nous intéresse au
premier chef, car elle représente la relation de long terme entre la
variable à expliquer d'une part, et les variables explicatives d'autre
part.
Il résulte de la relation de cointégration
qu'à long terme le PIBT est donné par une constante, le
crédit au secteur privé, l'ouverture commerciale moins la
dépense publique. Tandis que, à court terme, la masse
monétaire (M2) est aussi fonction d'une constante, le crédit
au secteur privé, l'ouverture commercial moins la dépense
publique.
1-1-4 Estimation du modèle à correction
d'erreur
Le modèle à correction d'erreur met en
évidence la dynamique de court et de long terme entre la variable
à expliquer et les variables explicatives intégrées de
même ordre. Il se fait en deux étapes:
Première étape : estimation du
modèle PIBT, M2, CSP, OUV et DP
La première étape consiste à
régresser la variable à expliquer sur les variables principales
variables explicatives intégrées au même ordre. PIBT M2
CSP OUV DP
Deuxième étape : estimation du
modèle différencié à l'ordre 1 : PIBT,
M2, CSP, OUV, DP et résidu (de la précédente estimation)
décalé d'une période
D(PIBT) D(M2) D(CSP) D(OUV) D(DP) RESID01(-1)
Tableau 2 : Modèle à
correction d'erreur dont la variable dépendante est le DLPIBRT.
Variable
|
Coefficient
|
t-Statistic
|
Prob
|
Part des crédits bancaires octroyée au
secteur privé (DLCSP)
|
2.104881
|
2,088315
|
0,0491
|
Ratio M2/PIB (DLM2)
|
3,160748**
|
1,626372
|
0,0355
|
Part des dépenses publiques dans le PIB (DLDP)
|
1,480585
|
1,222539
|
0,2350
|
Ouverture commerciale (DLOUV)
|
0,367933
|
1,842815
|
0,0795
|
Produit intérieur brut retardé
(LPIBT_1)
|
-0,860020***
|
-4,520810
|
0,0014
|
Part des crédits bancaires octroyée au secteur
privé retardée (LCSP_1)
|
14,20936
|
3,773733
|
0,0044
|
Ratio M2/PIB retardé (LM2_1)
|
-1,701956***
|
-1,166020
|
0,0070
|
Part des dépenses publiques dans le PIB retardée
(LDP_1)
|
2,144574
|
0,881013
|
0,2034
|
Ouverture commerciale retardée (LOUV_1)
|
-0,207065
|
-0,681202
|
0,5129
|
Constante
|
131,5348
|
6,335830
|
0,0000
|
Note : (***), (**) signifie respectivement
significatif à 1% et 5%.
Source : Auteur à partir des
estimations
Dans cette équation, selon la variable LPIBRH_1, on
constate que la force de rappel à l'équilibre est négative
et significative au seuil de 1% égal à -0,8600. Ainsi, la
stabilité de la relation de long terme mise en exergue après le
test de cointégration est confirmée. On arrive alors à
ajuster 86% du déséquilibre entre le niveau désiré
et effectif du produit intérieur brut par habitant.
Dynamique de court terme
A court terme, l'augmentation d'un pour cent des indicateurs
de développement financier mesurant la part des crédits
accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp) et de la
profondeur financière (m2) fait augmenter respectivement la croissance
économique de 2,10 ; 3,16 pour cent. Cependant, la part des
crédits accordés au secteur privé dans le PIB nominal
(csp) et la profondeur financière (m2) ont une influence significative
sur la croissance du secteur réel au Tchad à court terme. Ce
résultat pourrait se justifier par la performance du secteur bancaire
dans l'allocation des crédits dans l'économie tchadienne.
L'influence de la profondeur financière n'est pas conforme aux
conclusions de Berthélemy et Varoudakis (1998) qui soutenaient dans leur
analyse l'idée selon laquelle, l'impact de l'approfondissement financier
sur la croissance ne se manifeste qu'à partir d'un certain seuil
(M2/PIB) au moins égal à 36,5% alors qu'en
moyenne ce ratio est de 13,14% au Tchad.
En effet, toutes les variables de contrôle ont une
influence positive et non significative sur la mesure de la croissance à
court terme au Tchad
Dynamique de long terme
Les élasticités de long terme se présentent
comme suit :
Tableau 3 : Elasticités de
long terme
Variables
|
DLcsp
|
DLm2
|
DLdp
|
DLouv
|
Elasticités de long terme
|
- â6/â5
|
- â7/â5
|
- â8/â5
|
- â9/â5
|
Valeurs estimées
|
-2,49
|
1,97
|
-2 ,67
|
0,24
|
Source : Auteur à partir des
résultats du MCE
A long terme, l'augmentation de la part des crédits
accordés au secteur privé dans le PIB nominal (csp)
augmentés d'un pour cent fait baisser le niveau de croissance de
l'économie Tchadienne de 2,49 pour cent à long terme. Et la
profondeur financière (m2) augmentés d'un pour cent augmente le
niveau de croissance de l'économie Tchadienne de 1,97 pour cent à
long terme
Cependant seule la profondeur financière a une
influence significative à long terme sur la croissance économique
Tchadienne.
1-1-5 Test de causalité de Granger
Note : Pour faire le test de
causalité de Granger on part des hypothèses suivantes :
H0 : L'approfondeur financier cause au sens de Granger
PIBT
H1 : PIBT cause au sens de Granger l'approfondeur
financier
Décision : si la probabilité est
supérieure à 5%, on accepte l'hypothèse nulle H0 ;
sinon on rejette H0 et on accepte H1.
Pour l'étude du sens de causalité, le test de
causalité de Granger prouve qu'au Tchad, la croissance économique
cause le ratio de la profondeur financière (m2) et la part des
crédits octroyés par les banques commerciales dans le PIB nominal
(cbc) au seuil de 5%.
Tableau 4 : Résultats du test
de causalité de Granger
Hypothèses
|
Observations
|
F-Static
|
Proba
|
M2 cause au sens de Granger PIBT
|
24
|
0,75606
|
0,48312
|
PIBT cause au sens de Granger M2
|
24
|
5,72633
|
0,01132
|
CSP cause au sens de Granger PIBT
|
24
|
1,07670
|
0,36062
|
PIBT cause au sens de Granger CSP
|
24
|
1,98010
|
0,16554
|
CBC cause au sens de Granger PIBT
|
24
|
1,60336
|
0,22728
|
PIBT cause au sens de Granger CBC
|
24
|
3,93788
|
0,03709
|
Source : Auteur à partir des
résultats du test de Granger
Conclusion : C'est le secteur
réel qui cause le secteur financier.
1-1-6 Les autres tests (de stabilité
structurelle)
Test du CUSUM of SQUARES sur le modèle global
: il s'agit de vérifier si les coefficients sont stables dans
l'ensemble de la période de régression (1982-2007).
On remarque que la courbe du CUSUM of SQUARES (voir annexe)
reste confinée dans l'intervalle de confiance à 95 % dans le
temps. On peut considérer que les coefficients sont stables sur la
période indiquée et, par conséquent, les
régressions sont plausibles avec le fait d'avoir utilisé les
données telles quelles.
1-2 Conformite des resultats a la theorie
Les implications des résultats de notre étude
confirment nos hypothèses, à savoir : le
développement financier a un impact positif sur la croissance
économique au Tchad et la croissance du PIB influe sur le
développement financier. Car en analysant de façon
detaillée la contribution du développement financier à la
croissance économique au Tchad, nous nous rendons compte que les
variables explicatives financières ont une influence faible sur la
croissance du PIB mais le sens de causalité reste mitigé. Ces
résultats constiuent une justification de la théorie sur
l'existence de la relation entre le développement financier et la
croissance économique dans les pays en développement.
Cette conformité des resultats aux hypothèses
ne cache pas pour autant les limites du système financier tchadien. Il
convient donc de rechercher les justifications empiriques de cette
faiblesse.
1-2-1 : Un système financier peu
développé
De façon générale, nous traiterons ici
les faiblesses du système financier tchadien.
1-2-1-1 : Un système financier en
reconstruction: une restructuration tardive et inachevée
La conjoncture économique du Tchad est
façonnée d'une manière ou d'une autre par la structure
financière de l'économie. Contrairement à certains pays
d'Afrique qui ont entrepris les reformes de leurs secteur financier à
l'aurore des années 90, le Tchad n'a vraiment entrepris le sien qu'au
début de l'année 1994 suite à l'adoption du programme
d'ajustement structurel qui consacre un volet spécifique à la
restructuration bancaire. Ce programme a néanmoins permis de restaurer
un système financier un peu étouffé par la politique
prudente des banques étrangères implantées au Tchad et
fortement déprimé par la mauvaise gestion des entreprises
publiques, des recettes publiques qui ont conduit à la
décroissance voire la baisse drastique du PIB.
Ce pendant au delà de multiples efforts pour restaurer
la paix, la sécurité intérieure et la libre circulation
des capitaux, condition incontournable pour une attractivité de
l'économie tchadienne nous remarquons que le cadre réglementaire
et juridique des banques n'est pas totalement assaini. Les gros clients des
banques sont des entreprises para publiques ou privées mais très
influentes qui imposent leurs lois au marché du fait de leur monopole.
En outre le système financier n'est pas totalement
libéralisé.
Ces résultats font ressortir une restructuration
bancaire inachévée malgré une politique monétaire
prudente et efficace de l'institut d'émission qui permet de maintenir
une stabilité monétaire permanente et un taux d'inflation
acceptable ainsi que le renforcement des prérogatives de la COBAC et du
conseil national de crédit. La surveillance de l'activité
bancaire par ces deux institutions est louable mais suscite des interrogations
car jusqu'à présent, le fonctionnement des banques concernant la
tarification des prestations, la rémunération des
dépôts et le coût du crédit bancaire est livré
à une certaine anarchie. En fait, les banques ne se conforment pas
vraiment à la fourchette des taux créditeurs et débiteurs
confère enquête auprès des usagers de la banque pour le
compte de la CBT 2007 et le rapport 2005 de la BEAC qui atteste que le taux
servi sur les crédits a atteint la marge de 18 à 20% alors qu'il
est fixé autour de 5% par la banque centrale. La conséquence
cumulée de ces facteurs conduit à des résultats suivants:
Une politique de collecte d'épargne et d'octroi de crédit peu
stimulante qui conduit à une surliquidité conséquente des
banques. Ce qui confirme bien le paradoxe de l'épargne et de
l'investissement dans un pays où tout est accès sur le seul
secteur pétrolier.
1-2-1-2 Une politique de collecte d'épargne et
de crédit peu stimulante et inefficient
L'une des préoccupations fondamentales de la zone BEAC
lors des reformes financières et de la restructuartion bancaire est la
mobilisation suffisante de l'épargne pour le financement des
économies et surtout la promotion de l'entreprenariat privé qui
permettrait de redynamiser la production intérieure et relancer la
croissance économique dans toute la zone. Cette politique a permis de
crédibiliser les banques d'où l'afflux des ressources externes et
l'accumulation de l'épargne interne. Seulement cet
accroissement des ressources des banques n'a pas permis le financement effectif
de l'économie.
D'ailleurs les indicateurs de la masse monétaire sont
à leur beau fixe depuis 1985 en dépit de quelques baisse
acceptable. La masse monétaire prise globalement a connu une nette
hausse continuelle pour atteindre finalement une variation de 15,39% de 2006
à 2007. De même une analyse de ses composantes fait ressortir
aussi une variation continuelle durant cette période pour se chiffrer
à 28,71% entre 2006-2007 pour la monnaie scripturale ainsi qu'une
variation de 36,3% pour les quasi-monnaie.
Ces statistiques nous montrent effectivement que la
stabilité monétaire sous la houlette de la BEAC a porté
ses fruits: les causes et raisons de la faible productivité de
l'économie tchadienne ne sont pas à seulement chercher dans la
masse monétaire mais plutôt dans l'environement économique
du pays. Il est vrai que de temps à autre, les soubresauts militaires
font renaître un climat de méfiance du côté des
banques quand au crédit à accorder à l'économie.
Les crédits à l'économie au Tchad sont orientés
vers les entreprises paraétatiques à l'instar de la CotonTchad,
la Compagnie Sucrière du Tchad et la STEE ainsi que de nombreuses autres
entreprises. La preuve est qu'en 2006, les créances sur l'Etat ont
augmenté de 2,8% pour atteindre 86,2 milliards de franc CFA.
En outre, la faible productivité de l'économie
tchadienne s'explique par la non prise en compte de la
spécificité et surtout de l'évolution de la conjoncture
économique de chaque pays par l'institut d'émission. Mais aussi
par le faible niveau du revenu et l'absence d'une politique stimulant
l'épargne.
1-2-1-3 Une sphère financière
restreinte et surliquide
Tous ces manquements cités ci-haut ayant conduit
à une faible contribution du développement financier à la
croissance économique se matérialisent empiriquement suite au
résultat des tests.
En effet la faible couverture géographique de
l'économie tchadienne par le réseau bancaire ne contribue pas
à la croissance économique au Tchad. Ceci s'explique par le fait
qu'en dépit de l'implantation de nouvelles banques depuis 2003, la
repartition des banques ne couvre pas l'ensemble du territoire et reste
fortement concentrée dans la capitale et les quelques villes
économiquement rentables comme Moundou, Sarh, Abéché. En
plus de cette mauvaise répartition, le nombre de population par guichet
est très élevé sensiblement 650 000 habitants autour d'un
guichet, car actuellement pour presque 10 000 000 d'habitants les banques ne
totalisent que 18 guichets opérationnels en 2007.
De même parmi les sept banques implantées
au Tchad seule la SGTB a une répartition acceptable de ces guichets dans
l'ensemble du territoire suivi de l'ECOBANK. Quant au reste, elles ne disposent
que d'un ou deux guichets tout au plus et n'opèrent que dans la capitale
soit à Moundou ou à Abéché. Ceci peut expliquer le
fait qu'une grande partie des fonctionnaires du secteur publique ou du
privé se trouve au billetage.
La faiblesse du taux de liquidité dans
l'économie tchadienne est la résultante de l'étroitesse de
la sphère financière. Le ratio M2/PIB est de 13,14% ce qui
signifie qu'il contribue faiblement à la croissance économique,
même si dans certaines économies la faiblesse de ce taux traduit
des innovations conséquentes au niveau des moyens de paiement et
instruments financiers, tel n'est pas le cas du Tchad, où on remarque
l'utilisation des moyens de paiement et instruments financiers traditionnels.
De toutes les banques, seule la SGTB utilise des techniques bancaires modernes
comme les guichets et distributeurs automatiques de billets. Or selon la
théorie, plus la couverture bancaire est grande, plus les banques sont
proches de la clientèle, ce qui leur permet une assistance technique et
un contrôle accru pour une meilleur collecte de l'épargne et
distribution des crédits.
1-2-1-4 Une intermédiaton
financière peu performante
L'efficacité de l'activité bancaire
s'apprécie par le dynamique des banques. Or l'observation de
l'évolution des indicateurs du système financier tchadien montre
une inadéquation entre le niveau d'épargne collecté et le
crédits distribués. Ceci prouve que les banques sont peu
efficaces. La mauvaise répartition des termes de l'épargne
domestique sont les conséquences du manque de créativité,
d'incitation et de l'absence de dynamique des banques. En outre cette faible
performance bancaire peut trouver aussi son fondement dans l'application sans
tenir compte de la spécificité du contexte et de la conjoncture
économique du Tchad des mesures prudentielles de gestion. L'absence
d'une réelle concurrence interbancaire justifie aussi à
suffisance la faible performance des banques.
SECTION 2: Les implications de politiques
économiques de la causalité mise en évidence
Après avoir cerné la faible
contribution du développement financier à la croissance
économique au Tchad, il importe de mettre en exergue des politiques
macroéconomiques et microéconomique succeptibles de stimuler les
instruments financiers favorisant la croissance économique.
2-1 : Propositions de politiques sur le plan
macroéconomique pour une amélioration du système bancaire
tchadien
Sur le plan macroéconomique les mesures susceptibles
d'influence la performance bancaire passent par un ensemble
d'élément dont : l'assainissement du cadre réglementaire
et légal, le renforcement des prérogatives de la COBAC et la
poursuite des restructurations bancaires
2-1-1 Assainissement du cadre
réglementaire et légal
Depuis les années 1990, les autorités publiques
ont entrepris de nombreuses actions allant dans le sens de la
sécurité intérieure, de la libre circulation des capitaux
et des personnes. Cela se manifeste par les législations et les accords
signés à l'intérieur du pays ou dans le cadre de la sous
région. Malgré la recrudescence des affrontements armés au
niveau de la frontière la sécurité intérieure
semble rétablie. Mais force est de constater que de nombreuses lois
édictées souffrent du manque cruel d'application. L'emprise de
l'Etat sur le secteur financier n'est complètement
relâchée: les dirigeants des grandes entreprises en infraction ne
peuvent pas être poursuivi par les institutions financières. Le
tribunal de commerce seul compétent en charge des litiges
financières n'est pas d'abord implanté dans toutes les
régions du pays et sa neutralité est contestable. Il faudra
alléger les coûts des poursuites judiciaires et surtout
réduire les delais de déroulement des procès afin de
permettre aux banques d'entrer en possession de leur fonds. Enfin il faudra
dans la mesure du possible édicter des lois qui renforce la
sécurité des banques et des usagers ainsi que la réduction
de la fiscalité des banques car si les fiscalités sont
élévées, cela se repercute sur le coût de
crédits et des prestations.
2-1-2 Le renforcement des
prérogatives de la COBAC
Depuis la création du marché
monétaire de la zone BEAC, la commission bancaire de l'Afrique centrale
et le conseil national des crédits sont les principaux organes de
surveillance de l'activité bancaire au Tchad. En dépit de
quelques progrès significatifs, nous constatons avec regret que la
surveillance de la COBAC n'est pas très active. La libéralisation
des conditions des banques n'a pas vraiment milité en faveur de la
concurrence inter bancaire mais serait plutôt source de gestion
anarchique des crédits et dépôts par les banques
tchadiennes. Pour une surveillance accrue, il faut une plus grande implication
de la commission bancaire dans la gestion des banques au lieu de se focaliser
tout simplement sur le respect des normes strictes des ratios prudentiels de
gestion. La COBAC doit décentraliser ses sous commissions de
surveillance et de contrôle dans chaque état membre de
façon à exercer de manière permanentes sa mission.
2-1-3 La poursuite des
restructurations bancaires
Il ne s'agit pas ici de porter un
jugement sur le fonctionnement des banques et de battre en brèche la
politique monétaire de la banque centrale, qui d'ailleurs porte des
résultats très satisfaisants en matière de
stabilité monétaire. La reforme financière sous la
houlette du Fonds Monétaire International mérite bien
d'être accentuée et même perpétrée au regard
des résultats que portent les mesures de restructuration bancaire au
Tchad, qui ont permis non seulement de crédibiliser tout le
système financier mais aussi de donner une impulsion à toute
l'économie. Il convient en outre de réorienter ces
restructurations bancaires du coté de la gestion même des actifs
bancaires tenant compte de la surliquidité qui handicape lourdement le
financement. Il est tout simplement question suite à cette
évaluation empirique du développement financier au Tchad de
partir des incompatibilités de certaines mesures prises dans le cadre de
ces reformes bancaires pour tenir compte des spécificités et
exigences du contexte économique tchadien pour une meilleure orientation
des reformes structurelles et du cadre de fonctionnement des banques.
2-2 : Préconisation de politiques sur le
plan microéconomique
Sur le plan microéconomique les mesures à
même d'influer sur l'efficacité du secteur bancaire peuvent
être les suivantes : la nécessité
d'élargissement de la couverture bancaire et la réorientation de
la politique de collecte d'épargne et de financement des investissements
par les banques secondaires.
2-2-1 : La
nécessité d'élargissement de la couverture
bancaire
La taille actuelle de la sphère financière
n'est pas du tout favorable à la croissance économique. La faible
couverture de l'économie tchadienne par les banques laisse entrevoir de
nombreuses difficultés tout d'abord du coté de la mobilisation de
l'épargne et ensuite au niveau du financement des investissements et
enfin dans les relations de proximité banque clients. La faible
implantation des banques contribue à nourrir l'asymétrie
informationnelle donc le risque de perte du capital investi et la mauvaise
orientation ainsi que le manque de suivi des entreprises par les banques. Les
nouvelles théories d'agence et la théorie des contrats stipulent
que l'efficacité des banques ainsi que la gestion des risques de
crédit et de liquidité passent forcement par l'implication des
banques dans la vie de l'entreprise. Ainsi, cette faible répartition des
banques handicape lourdement à la fois la rentabilité des banques
elles-mêmes et l'activité économique tout entière.
Il est donc urgent et très impératif que les banques s'implantent
d'abord dans toutes les provinces du Tchad et procèdent ensuite à
la sophistication des instruments financiers. L'élargissement de la
sphère bancaire permet de relancer la concurrence entre les banques et
stimuler ainsi la croissance économique.
2-2-2 : La réorientation de la politique de
collecte d'épargne et de financement des
Investissements par les banques secondaires
Les implications des resultats prouvent que les crédits
octroyés aux secteurs privés sont faible et contribuent de
façon mitigée à la croissance économique au Tchad,
ces résultats attestent aussi que la profondeur financier doit
être améliorée.
Les solutions envisagées dans cette
direction sont la révision des taux de rémunération sur
les dépôts à moyen et long terme. Il consiste à
augmenter le taux de rémunération des comptes d'épargne et
des dépôts à moyen et long terme afin de renverser la
tendance et permettre une plus grande mobilisation de l'épargne de
longue durée.
Le véritable problème se pose au
niveau de la politique d'octroi des crédits: interrogées sur les
raisons fondamentales des faiblesse des crédits bancaire au Tchad, les
banques ont pour raison l'absence des projets bancales,
l'insécurité et l'environement légal et juridique. Il est
donc necessaire d'améliorer le climat des affaires et confier la
responsabilité des projet à des personnes conpétent en la
matière.
Auctuellement, seule les banques secondaires
détiennent le monopole de financement de l'économie au Tchad car
elles constituent l'organe optimal de transfert de ressources dans un pays ou
le marché financier est totalement inexistant. En l'absence de
concurrents et d'autres structures spécialisées de financement
des investissements, ces dernières imposent leurs lois au marché
et ne se soucient pas vraiment de la satisfaction de leur clientèle au
niveau de la tarification des prestations et de taux servis sur les
crédits. Il est donc important de songer d'abord à la
réhabilitation des sociétés spécialisées de
financement des projets de développement en général et
celles oeuvrant dans le financement de l'habitat et du capital productif.
Ensuite la banque centrale devrait songer à développer d'avantage
le marché financier de la sous région, afin de relancer la
concurrence au niveau du marché.
Enfin, l'institut d'émission doit
évaluée conséquemment certaines institutions
financières non éligible à son refinancement afin de les
soutenir financièrement. Il s'agit d'un cas typique qui a porté
ses résultats au Bangladesh avec les institutions de microfinance comme
la Gramen Bank qui a été financièrement secouru par la
banque centrale et la banque mondiale.
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