2.1.3. Modélisation des
facteurs d'inefficacité
À l'instar des approches déterministes,
l'approche stochastique permet d'obtenir un indice d'efficacité
technique pour chaque firme et plusieurs études ont voulu estimer les
facteurs susceptibles d'expliquer les indices d'efficacité. Jusqu'au
début des années quatre-vingt-dix, les études utilisaient
une approche à deux étapes : soit l'estimation de la
frontière stochastique dans un premier temps et une deuxième
étape qui consistait à spécifier un modèle de
régression mettant en relation l'indice d'efficacité technique de
la firme k au temps t (Ukt) et une série de variables
socio-économiques ou autres (niveau de scolarité du gestionnaire;
statut de propriété, taille de la firme, temps, etc.). Cette
procédure en deux étapes a cependant été
contestée puisque l'estimation des paramètres dans la seconde
étape contredit une hypothèse faite dans la première
étape, notamment l'indépendance des termes d'erreurs lors de
l'estimation de la frontière.
Pour pallier cette lacune, plusieurs auteurs ont
proposé des modèles qui permettent d'estimer simultanément
la frontière de production stochastique et l'impact des facteurs
explicatifs des écarts d'efficacité technique entre les firmes.
En outre, pour les modèles qui ne tiennent pas compte des interactions
entre les intrants et les caractéristiques des firmes, la forme
fonctionnelle du type Cobb-Douglas s'est avérée
appropriée. Cependant, cette forme fonctionnelle est inappropriée
pour le modèle qui tient compte de ces interactions.
2.2. Facteurs de blocage de la
production rizicole :
La production rizicole au Togo se heurte à de maintes
difficultés. TOKPA (1996) a relevé dans son mémoire
intitulé rentabilité et facteurs de blocage de la production
rizicole au Togo : cas du périmètre irrigué
d'Agomé glozou (Lacs-Est), certains éléments
influençant la production rizicole au Togo :
· l'inorganisation administrative du centre. Cette
inorganisation a engendré comme conséquences le non entretien des
infrastructures hydro-agricoles (la station de pompage, les tracteurs, les
canaux d'irrigation) et le manque d'encadrement technique des paysans,
lesquelles influencent négativement le développement de la
riziculture dans le milieu. Cette situation décourage les paysans et
constitue sans doute un facteur inhibiteur du développement de
production rizicole dans le milieu.
· le non regroupement des exploitants du
périmètre en véritables coopératives. En effet il
est démontré que l'une des conditions de l'exploitation
rationnelle et intensive d'un périmètre irrigué est que
les exploitants doivent travailler en groupements. Ceci parce que,
l'exploitation d'un périmètre irrigué implique certains
problèmes notamment le respect des dates de semis par quartier
d'irrigation, l'utilisation de l'eau conformément au tour d'eau et
l'utilisation des équipements dont la résolution n'est possible
que si les irrigants sont en véritables groupements.
· le manque de capital financier aggravé par la
mauvaise organisation des exploitants. Ce manque de moyens financiers
empêche les riziculteurs d'étendre leurs parcelles et les paysans
non riziculteurs de devenir riziculteurs.
· l'inexpérience des paysans en riziculture
irriguée n'est pas sans effet sur les rendements.
Abordant la même thématique, DJELE (2006)
souligne que les contraintes liées à la production de riz
sont :
· les difficultés de la maîtrise de l'eau
dans les zones les plus basses soumises aux marées et dans les zones
centrales mal drainées nécessiteraient des interventions avec des
moyens mécaniques.
· les techniques de production manuelles mêmes
quand elles sont efficaces limitent les superficies cultivées et exigent
une abondante main d'oeuvre qui peut manquer dans les zones proches des
villes.
· l'absence d'expérience en matière de
préparation des sols, et le coût élevé de
l'utilisation du tracteur.
· le système d'approvisionnement en intrants,
malgré les tentatives de recouvrement des dettes, n'est pas
complètement assaini. L'endettement et les difficultés
d'accès au crédit consécutives ont des répercutions
négatives sur les niveaux de rendement et sur, et sur les revenus.
La résorption des dettes et l'accès au
crédit sont donc indispensables pour accroître ou pour maintenir
la productivité.
· les doses d'urée demeurent inférieures
aux doses recommandées mêmes si elles sont augmentées
significativement depuis la dévaluation du franc CFA et ont
contribuées à un accroissement des rendements. L'urée
reste inférieure aux doses recommandées pour 70% des exploitants
avec un pourcentage relativement plus élevé en zones non
réaménagées (85% des exploitants contre 50% en zones
réaménagées).
· le risque de consacrer des revenus additionnels aux
dépenses de consommation plutôt qu'aux investissements productifs
(engrais par exemple) pourrait remettre en cause les gains des
productivités futures.
· le coût élevé des engrais, s'il
n'est pas maîtrisé, risque de diminuer la
compétitivité du riz Togolais par rapport au riz
importé.
· la participation croissante des producteurs aux
investissements dans les infrastructures d'irrigation et au recouvrement des
frais d'entretien, même si elle est nécessaire pour assurer la
pérennité financière du système, ne doit pas
occulter les risques que cela peut représenter pour les producteurs les
moins performants (producteurs endettés par exemple ou producteurs ayant
une capacité financière limitée).
Etudiant les contraintes et potentialités de la
production rizicole dans la vallée de zio, région maritime,
MEERTENS (2001) a relevé les contraintes suivantes :
· l'utilisation anarchique de l'eau et l'inégale
répartition de l'eau d'irrigation.
· l'insuffisance d'engrais : les rupture de stock
sont graves pour les riziculteurs qui ont toujours besoin d'engrais avec deux
campagnes de riz par an. La disponibilité de l'engrais est un facteur
déterminant pour le rendement car l'engrais doit être
appliqué à temps.
· l'insuffisance des motoculteurs : elle
entraîne le retard des labours. Il faut beaucoup de temps avant qu'un
motoculteur parvienne à celui qui attend et cela rallonge la
durée de vie des pépinières.
· l'insécurité foncière : les
terres exploitées n'appartiennent pas aux riziculteurs donc ils peuvent
en être dépossédés facilement.
· le manque de décortiqueuses, des magasins de
stockage et des aires de séchage, des batteuses, des vanneuses, des
faucilles, des bâches et des moyens de transport. En plus, les pistes
sont généralement mauvaises.
· le coût élevé du
crédit : les riziculteurs qui n'ont pas les moyens de financer la
riziculture doivent recourir au crédit. Souvent ils empruntent de
l'argent auprès des commerçantes de riz. Celles-ci donnent
15000FCFA comme préfinancement et à la récolte ont droit
à un sac de 100kg de riz blanc (environ 25000FCFA). Cela
représente un taux d'intérêt de 66,7% sur 5 mois, donc 13%
par mois et 160% par an. Ce qui entraîne l'endettement des
producteurs.
De plus selon AGBOGLI et TETEVI (2005), bien qu'ayant une
vieille tradition dans la riziculture, les rendements de riz sur le
périmètre irrigué de Mission-Tové sont très
faibles (1-2 T/ha) et les causes de cette situation sont :
· la mauvaise gestion du système d'irrigation en
mauvais état
· le manque d'équipement de labour
(motoculteurs)
· la mauvaise qualité des semences, le paysan
préférant utiliser sa récolte comme semence.
· la pénurie d'engrais et l'absence de
crédit agricole.
La faible compétitivité sur le marché du
riz local est à la base du peu d'intérêt des riziculteurs
pour la culture intensive, au point que les rendements sont tombés
à 1- 2 T/ha.
D'après d'autres auteurs, les contraintes qui limitent
l'intensification de la riziculture sont nombreuses et importantes. A
côté des problèmes d'organisation que rencontre la
filière depuis la libéralisation du secteur, les contraintes
agronomiques les plus aiguës sont : la forte pression des mauvaises
herbes, malgré le recours aux herbicides (DIALLO et JOHNSON 1997, DIAGNE
1995), la faible performance de la mécanisation et le manque de
maîtrise des techniques et du calendrier cultural (BELIERES et al, 1994).
Les risques de dégradation
des sols par salinisation ou par sodisation ou alcalinisation sous l'effet de
la culture et de l'irrigation ont été également
soulignés. L'intensification de la riziculture et l'amélioration
durable de sa production impliquent des solutions à ces contraintes et
la mise en oeuvre de pratiques culturales plus adaptées et qui
préservent la fertilité à long terme. Ce papier porte sur
une expérience concernant l'introduction de la technique du non-labour
ou du travail réduit du sol avec un contrôle des mauvaises herbes
en traitement de pré-plantation du riz (DIALLO et DIOUF, 2001).
En outre, lors d'un atelier régional au Burkina Faso
sur les politiques rizicoles et sécurité alimentaire en Afrique
Sub-Saharienne, certaines contraintes ont été
évoquées. D'une part au niveau des organisations des
producteurs :
· faible capacité d'organisation et de gestion
· difficultés d'approvisionnement en intrants
· faible niveau d'équipement des producteurs
· faiblesse des capacités financières ou de
collecte de paddy
· insuffisance d'un encadrement spécifique
à la riziculture
· insuffisance d'aires de séchage et de
battage.
D'autre part, au niveau des opérateurs
économiques :
· contraintes liées à la collecte du
paddy
· contraintes de transport
· contraintes de transformation
· Absence de promotion du riz local (DEMBELE, 2005).
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