I-4 : Les facteurs de la
vulnérabilité
La taille de l'entreprise apparaît comme un
élément important dans les travaux descriptifs sur les
défaillances. Combier et Blazy (1998) distinguent pas moins de huit
tranches de taille allant de 0 salariés à 100 et plus. Le
degré de précision semble moins important sur un plan explicatif.
Les Petites et moyennes Entreprises sont généralement
différenciées des grandes firmes sans autre distinction à
l'intérieur de ces deux grands ensembles.
Ce choix se justifie en raison du faible nombre de
dépôts de bilan parmi les grandes entreprises, qui disposent bien
souvent des moyens et des stratégies adaptés aux contextes de
crise. La défaillance apparaît alors comme un
phénomène exceptionnel découlant de causes
elles-mêmes exceptionnelles. Les conséquences sociales de la
défaillance s'avèrent elles aussi spectaculaires ce qui explique
un attachement médiatique important.
On distingue ainsi les défaillances peu communes des
grands groupes et les défaillances de petites ou moyennes entreprises
plus conventionnelles et moins médiatiques.
Alors qu'il est courant de distinguer la moyenne entreprise de
la petite voire de la très petite (Julien et Marchesnay, 1987), on peut
s'interroger sur l'impact de la taille de la firme sur la
défaillance.
Les défaillances sont sensées être
traitées de la même manière, quelle que soit le type
d'entreprise.
Pourtant, les petites firmes présentent des
caractéristiques propres, qui les distinguent de leurs grandes soeurs.
Ces particularismes apparaissent comme des facteurs de
vulnérabilité, c'est-à-dire comme des faiblesses les
exposant à la défaillance.
La formation des dirigeants fait partie de ces facteurs de
vulnérabilité bien que les exemples de réussites
auto-didactiques viennent contre carrer cette thèse.
Les experts de la petite entreprise s'accordent
néanmoins à reconnaître que ces expériences restent
limitées en nombre, le manque de formation à la gestion restant
un facteur de fragilité pour la firme (Julien et Marchesnay, 1987).
Les dirigeants eux-mêmes l'admettent volontiers : 29 %
des dirigeants interrogés par Peterson, (1983) considèrent qu'il
s'agit du premier facteur de défaillance pour une petite entreprise. Le
manque de fonds propres constitue un autre facteur de fragilité comme le
montre Hamza (1996).
Cette liste non exhaustive des facteurs de
vulnérabilité n'explique pas la relative diversité des
taux de défaillance à l'intérieur même du cadre des
petites entreprises.
Il existe deux grands statuts juridiques : le statut
individuel et la forme sociétaire. Le premier se caractérise par
le principe d'unité de patrimoine : tous les biens du chef d'entreprise
sont affectés à l'exploitation y compris les biens personnels.
Ceci peut conduire les créanciers à exiger le dessaisissement des
affaires personnelles du débiteur si les biens attachés à
l'entreprise s'avèrent insuffisants pour combler les dettes. L'autre
forme et notamment à «responsabilité limitée »
aboutit à une dissociation des patrimoines et offre davantage de
garanties en matière de protection sociale.
Le risque de faillite est plus important pour les
sociétés que les entreprises gérées en nom
propre.
La confusion du patrimoine renforce les craintes des
entrepreneurs ; ces derniers cessent alors délibérément
leur activité lorsque les premières difficultés
surviennent. Les entreprises sociétaires, au contraire, ont une
propension plus importante à continuer d'exercer du fait du risque
personnel limité.
Contrairement aux firmes de taille supérieure, les
entreprises de cette taille n'auraient pas les moyens de réaliser des
économies d'échelle ou encore ne disposeraient pas d'un pouvoir
de négociation suffisant pour pallier ces désagréments.
Ces entreprises Seraient finalement les plus vulnérables parce qu'elles
disposent encore d'une taille relativement modeste tout en étant
à un stade leur permettant d'envisager de nouveaux projets.
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