Introduction
En dépit des efforts consentis depuis les travaux de
ROSS (1897) et de MANSON (1898) sur la
transmission vectorielle, le paludisme demeure un problème de
santé publique avec 300 à 500 millions de cas cliniques dont 1,5
à 2,7 millions de décès annuels. Il constitue aussi un
obstacle au développement des pays endémiques. L'estimation des
pertes directes ou indirectes dues au paludisme en Afrique est de 2000 millions
de dollars (WHO, 2000). La lutte pour son éradication a
jadis ciblé la destruction de l'agent pathogène et la suppression
du vecteur. L'apparition de la résistance de P. falciparum aux
antimalariques (CHARMOT et al., 1991) ainsi que celle
des vecteurs au DDT et à la dieldrine (COOSEMANS &
CARNEVALE, 1995) ont rendu difficile l'atteinte de cet objectif.
Toutefois, la découverte de nouveaux médicaments
(Artheméther et Pyronaridine) a redonné de l'espoir dans la
chimiothérapie du paludisme. Le contrôle des vecteurs à
travers la réduction du contact homme/vecteur est aujourd'hui une
composante importante de la stratégie de lutte contre le paludisme. Le
recours à un insecticide efficace permet un tel contrôle comme en
témoigne les campagnes de lutte contre l'invasion du Brésil par
An. gambiae s.l (KILLEEN et al., 2002) et
contre l'onchocercose en Afrique de l'Ouest (DADZIE et al.,
1990). Cependant l'utilisation croissante des
pyréthrinoïdes s'est heurtée à des
phénomènes de résistance du vecteur dont les
premières observations ont été faites en Côte
d'Ivoire et au Kenya (ELISSA et al., 1993; VULULE et al.,
1994). Par la suite, la résistance d'An. gambiae
s.l. aux pyréthrinoides a été notée dans d'autres
pays d'Afrique de l'Ouest, notamment au Burkina Faso et au Bénin
(CHANDRE et al., 1999 ; AKOGBETO & YAKOUBOU,
1999). Au Sénégal, on note une relative baisse de
rapidité d'action des pyréthrinoïdes sur An. gambiae
s.l, plus marquée pour la deltaméthrine (KONATE
et al., 2002). L'extension de cette résistance
à d'autre pays n'est pas à exclure en raison de la pression de
sélection induite par les pesticides en agriculture (CHANDRE
et al., 2001) d'une part et d'autre part, de la survenue
à plus ou moins long terme d'une résistance des cibles aux
insecticides utilisés dans tout programme de lutte antivectorielle
basé sur des applications répétées
d'insecticides.
La stratégie de lutte antivectorielle du Programme
National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) est basée sur l'utilisation
des moustiquaires imprégnées de pyréthrinoïdes. Les
campagnes de vulgarisation de cet outil ont été lancées
depuis 1995 dans les cinq sites sentinelles du PNLP où le paludisme est
stable et où aucune étude n'a été
réalisée à ce jour sur la sensibilité des vecteurs
du paludisme aux insecticides. Ceci a conduit le PNLP à procéder
à l'évaluation de la sensibilité des vecteurs du paludisme
à la dose diagnostique de la perméthrine (0,75%) et de la
deltaméthrine 0,05%) dans ses sites sentinelles. La
détermination
de la susceptibilité des vecteurs aux produits promus
et vulgarisés ainsi que celle des implications opérationnelles
qui l'accompagnent sont nécessaires à l'élaboration d'une
bonne politique des insecticides. C'est dans ce cadre que s'inscrit la
présente étude.
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