II- Les moustiques adultes
1. Richesse et abondance spécifique de la faune
culicidienne
Les deux méthodes d'échantillonnage
utilisées ont permis de récolter un total de 1016 moustiques
appartenant à 3 genres (Aedes, Anopheles et
Culex). Le genre Anopheles, représenté par
An. rhodesiensis, a constitué 16,3% (166/1016) des
collectes. Les genres Culex et Aedes étaient
respectivement représentés par Culex quinquefasciatus et
Aedes vexans et correspondaient à 78,9% (801/1016) et 4,8%
(49/1016) des collectes.
2. Variation de l'abondance et de la richesse
spécifique.
2-1. Selon les sites
A Atar, 246 Culex quinquefasciatus, 50 Anopheles
rhodesiensis et 17 Aedes vexans ont été
capturés. A Tergîte, les valeurs correspondantes ont
été de 34, 116 et 32 respectivement pour Culex
quinquefasciatus, Anopheles rhodesiensis et Aedes
vexans. Seul Culex quinquefasciatus a été
collecté à Akjoujt (46), Nouadhibou (279) et Zouérate
(196) (Tableau 5).
Tableau 5 : Richesse spécifique et
abondance des espèces capturées selon les sites
d'étude.
|
Atar
|
Tergîte
|
Akjoujt Nouadhibou
|
Zouérate
|
TOTAL
|
Cx. quinquefasciatus
|
246 (30,7)
|
34 (4,2)
|
46 (5,7) 279 (34,8)
|
196 (24,4)
|
801
|
An. rhodesiensis
|
50 (30,1)
|
116 (69,8)
|
_ _
|
_
|
166
|
Ae. vexans
|
17 (34,7)
|
32 (65,3)
|
_ _
|
_
|
49
|
2-2. Selon la méthode
d'échantillonnage
Des 1016 moustiques collectés, 696 ont
été récoltés en faune résiduelle
(Zouérate : 130; Nouadhibou : 250; Atar : 214 et Tergîte : 102) et
320 capturés aux pièges lumineux (Akjoujt : 46; Zouérate :
66; Nouadhibou : 29; Atar : 90 et Tergîte : 88) (Tableau
6).
Culex quinquefasciatus
A Akjoujt, Nouadhibou et Zouérate, Cx.
quinquefasciatus a représenté 100% des collectes de
moustiques à la fois dans les récoltes de la faune matinale
résiduelle et dans les captures aux pièges lumineux. A Atar, la
proportion de Cx. quinquefasciatus dans les captures aux
pièges lumineux et dans les récoltes de la faune au repos a
été respectivement de 62,2% et 88,7%. A Tergîte, les
valeurs correspondantes ont été de 9,1% et 24,5% (Tableau
6).
Aedes vexans
La proportion de Aedes vexans à Atar dans les
captures aux pièges lumineux et dans les récoltes de la faune au
repos a été respectivement de 8,8% et 0,0%. A Tergîte les
proportions correspondantes ont été de 22,4% et 20,6%
(Tableau 6).
Anopheles rhodesiensis
A Atar, la proportion de An. rhodesiensis dans les
captures aux pièges lumineux et dans les récoltes de la faune au
repos a été respectivement de 28,8% et 11,2%. A Tergîte,
les valeurs correspondantes ont été de 67,4% et 55%
(Tableau 6).
Tableau 6 : Richesse spécifique et abondance
relative d'An. rhodesiensis, Cx quinquefasciatus et Ae.
Vexans selon la méthode de collecte.
|
|
Piége lumineux
|
|
|
Faune au repos
|
|
Localités
|
Cx. quinquefasciatus
|
An. rhodesiensis
|
Ae. vexans
|
Cx. quinquefasciatus
|
An. rhodesiensis
|
Ae. vexans
|
Atar
|
56 (62,2)
|
26 (28,8)
|
8 (8,8)
|
190 (88,7)
|
24 (11,2)
|
0
|
Tergîte
|
9 (10,1)
|
60 (67,4)
|
20 (22,4)
|
25 (24,5)
|
56 (54,9)
|
21 (20,6)
|
Akjoujt
|
46 (100)
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Zouérate
|
66 (100)
|
0
|
0
|
130 (100)
|
0
|
0
|
Nouadhibou
|
29 (100)
|
0
|
0
|
250 (100)
|
0
|
0
|
Effectif/espéces
|
206
|
86
|
28
|
595
|
80
|
21
|
Total
|
|
320
|
|
|
696
|
|
2-3. Selon la période de capture
Sur les 1016 espèces culicidiennes capturées
durant cette étude, 671 (66,04%) l'ont été en
février 2002 et 345 (33,95%) en septembre 2002. En février 2002,
Cx. quinquefasciatus, An. rhodesiensis et Ae. vexans
ont représenté respectivement 93,7%, 4,2% et 2,1%
(Tableau 7). Les proportions étaient respectivement de
50,0%, 40,0% et 10,0% en septembre 2002 (Figure 5).
févr-02 sept-02
pourcentage (%)
|
100,00% 80,00% 60,00% 40,00% 20,00%
0,00%
|
|
Culex An. Ae. vexans
quinquefasciatus rhodesiensis
Espéces capturés
Figure 5 : Variations saisonnières (toutes
localités confondues) de l'abondance relative de
An.
rhodesiensis, Cx. quinquefasciatus et
Ae. vexans.
A Akjoujt, Nouadhibou et Zouérate, seules les captures
effectuées en fin de saison des pluies (octobre 2001) ont
été productives (Tableau 7). Des 314 moustiques
collectés à Atar, 122 (38,8%) et 192 (61,2%) l'ont
été respectivement en février et en septembre. A
Tergîte, 28 (15,5%) et 153 (84,5%) moustiques ont été
collectés respectivement durant les même période
(Tableau 7). A Tergîte et à Atar les captures de
septembre ont été plus productives.
Culex quinquefasciatus
Cx. quinquefasciatus a représenté 100%
des captures en février à Akjoujt, Nouadhibou et Zouérate.
A Atar, Cx. quinquefasciatus a représenté 85,2% et 74,5%
des moustiques collectés respectivement en février et en
septembre. A Tergîte, les proportions de Cx. quinquefasciatus en
février et septembre étaient respectivement de 14,3% et 19,0%
(Tableau 7).
32
Ae. vexans
A Atar, Ae. vexans a représenté
respectivement 8,2% et 3,6% des moustiques collectés en février
et septembre. A Tergîte, cette espèce a représenté
14,3% et 18,3% des moustiques collectés au même période
(Tableau 7).
An. rhodesiensis
A Atar, An. rhodesiensis a représenté
6,6% et 21,9% des moustiques collectés respectivement en février
et septembre. A Tergîte, les proportions correspondantes ont
été aux mêmes périodes de 71,4% et 62,7%
(Tableau 7).
3. Densités culicidiennes
comparées
3-1. Densités moyennes
Pour les 36 pièges-nuits et les 20 chambres
traitées, le nombre moyen de femelle de moustiques par piège-nuit
(FPN) et par chambre prospectée (FRC) a été respectivement
de 8,9 FPN et 34,8 FRC. Le ratio FRC/FPN est 3,9.
3-2 Densité moyenne par espèce
3-2-1. Culex quinquefasciatus
Le nombre moyen de femelle de Culex quinquefasciatus
par piège-nuit et par chambre prospectée était
respectivement de 5,7 FPN et 29,7 FRC. A Akjoujt, Nouadhibou, Zouérate,
le nombre moyen de femelles par piège-nuit a été
respectivement de 1,2 FPN, 0,8 FPN et 1,8 FPN. Le nombre moyen de femelles par
chambre prospectée a été de 0,0 FRC, 12,5 FRC et 6,5 FRC.
A Atar et Tergîte, le nombre moyen de femelles par piège-nuit a
été respectivement de 6,8 FPN et 0,9 FPN et le nombre moyen de
femelles au repos par chambre prospectée a été 12,3 FRC et
1,6 FRC (Tableau 10). Les variations du nombre de femelles
d'An. rhodesiensis par piège-nuit et par chambre
prospectée en février et septembre sont indiquées dans le
(Tableau 8).
Tableau 7 : Abondance relative de Cx.
quinquefasciatus, An. rhodesiensis et Ae. Vexans selon la localité et la
période de capture des moustiques.
|
|
Février
|
|
TOTAL
|
|
Septembre
|
|
TOTAL
|
|
Cx. quinquefasciatus
|
An. rhodesiensis
|
Ae. vexans
|
|
Cx. quinquefasciatus
|
An. rhodesiensis
|
Ae. vexans
|
|
Atar
|
104 (85,2)
|
8 (6,6)
|
10 (8,2)
|
122
|
143 (74,5)
|
42 (21,9)
|
7 (3,6)
|
192
|
Tergîte
|
4 (14,3)
|
20 (71,4)
|
4 (114,3)
|
28
|
29 (19,0)
|
96 (62,7)
|
28 (18,3)
|
153
|
Akjoujt
|
46 (100)
|
0
|
0
|
46
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Nouadhibou
|
279 (100)
|
0
|
0
|
279
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Zouérate
|
196 (100)
|
0
|
0
|
196
|
0
|
0
|
0
|
0
|
TOTAL
|
629
|
28
|
14
|
671
|
172
|
138
|
35
|
346
|
3-2-2. Ae vexans
Le nombre moyen de femelles d'Ae. vexans par
piège-nuit et par chambre prospectée pour toutes localités
confondues a été respectivement de 0,7 FPN et 0,6 FRC A Atar, les
valeurs correspondantes ont été respectivement de 0,2 FPN et 0,4
FRC. A Tergîte les valeurs correspondantes ont été
respectivement de 1,1 FPN et 2,0 FRC (Tableau 10). La
variation du nombre de femelles d'An. rhodesiensis par
piège-nuit et par chambre traitée lors de chaque sortie est
indiquée dans le tableau 8.
3-2-3 An. rhodesiensis
Le nombre moyen de femelles par piège-nuit et par
chambre prospectée a été respectivement de 2,4 FPN et 4
FRC. A Atar, le nombre moyen de femelles par piège-nuit et par chambre
prospectée a été respectivement de 1,4 FPN et 2,5 FRC. A
Tergîte, les valeurs correspondantes ont été de 3,2 FPN et
5,8 FRC (Tableau 10). La variation du nombre de femelles
d'An. rhodesiensis par piège-nuit et par chambres
traitées lors de chaque sortie est indiquée dans le tableau 9.
35 Tableau 8 :
Variation du nombre moyen de femelles de Cx.
quinquefasciatus par piège-nuit et par chambre traitée
selon la localité et la période de collecte des
moustiques.
|
Faune matinale résiduelle
|
|
Pièges lumineux
|
|
|
février
|
septembre
|
TOTAL
|
février
|
septembre
|
TOTAL
|
Atar
|
86 (8,6)
|
109 (10,9)
|
195 (9,75)
|
18(1,0)
|
34 (1,8)
|
52 (1,4)
|
Tergîte
|
4 (0,4)
|
20(2,0)
|
24 (1,2)
|
0 (0,0)
|
9 (0,5)
|
9 (0,6)
|
Akjoujt
|
0 (0,0)
|
0 (0,0)
|
0 (0,0)
|
46 (2,5)
|
0 (0,0)
|
46 (1,3)
|
Zouérate
|
130 (13,0)
|
0 (0,0)
|
130 (6,5)
|
66 (3,6)
|
0 (0,0)
|
66 (1,8)
|
Nouadhibou
|
250 (25,0)
|
0 (0,0)
|
250 (12,5)
|
29 (1,6)
|
0 (0,0)
|
29 (0,8)
|
Tableau 9 :
Variation du nombre moyen de femelles d' Ae.
vexans par piège-nuit et par chambre traitée selon la
localité et la période de capture des moustiques.
Faune matinale résiduelle Pièges
lumineux
février septembre TOTAL février
septembre TOTAL
Atar 0 0 0 3 (0,2) 5 (0,3)
8 (0,2)
Tergîte 7 (0,7) 14 (1,4)
21(1,1) 7 (0,4) 13 (0,7) 20 (0,5)
Tableau 10 :
Variation du nombre moyen de femelles d'An.
rhodesiensis par piège-nuit et par chambre traitée selon
la localité et la période de capture des moustiques.
Faunes matinales résiduelles Pièges
lumineux
|
février
|
septembre
|
TOTAL
|
février
|
septembre
|
TOTAL
|
Atar Tergîte
|
13
21
|
(1,3) (2,1)
|
11 35
|
(1,1) (3,5)
|
24 56
|
(1,2) (2,8)
|
18 28
|
(1,0) (1,5)
|
8 32
|
(0,4)
(1,7)
|
26 60
|
(0,7) (1,6)
|
36
3-3. Ratios des densités culicidiennes
A Akjoujt, Nouadhibou et Zouérate où une seule
espèce culicidienne Cx. quinquefasciatus a été
capturée, le ratio faune matinale/pièges lumineux est
respectivement de 0, 15,6 et 3,6. A Atar ce ratio a été de 1,8,
1,7, et 2 pour respectivement Cx. quinquefasciatus, An. rhodesiensis et Ae.
Vexans. A Tergîte, les valeurs correspondant étaient 1,8, 1,8
et 1,8 (Tableau 11).
Tableau 11 :
Comparaison des densités moyenne des femelles
d'An. rhodesiensiss, d'Ae. vexans et de Cx. quinquefasciatus par
pièges lumineux et par chambres selon la localité
d'étude.
localités Atar Tergîte Akjoujt Nouadhibou
Zouérate
Espèces FPN FRC FPN FRC FPN FRC FPN FRC
FPN FRC
Cx.
quinquefasciatus 6,8 12,3 0,9 1,7 1,2 0
0,8 12,5 1,8 6,5
An. rhodesiensis 1,4 2,5 3,2 5,8 _
_ _ _ _ _
Ae. Vexans 0,2 0,4 1,1 2,05 _
_ _ _ _ _
FPN : nombre moyen de femelle par pièges
et par nuit. FRC : nombre moyen de femelle au repos par
chambres traitées
Tableau 12 :
Ratio des densités moyennes d'An.
rhodesiensiss, d'Ae. vexans et de Cx. quinquefasciatus à Atar et
Tergîte.
localité Cx.
Quinquefasciatus
|
An. rhodésiens
|
Ae. Vexans
|
Atar 1,8 1,7 2
Tergîte 1,8 1,8 1,8
DISCUSSION
Les cas de paludisme enregistrés dans les centres de
santé du nord de la Mauritanie posent la question de leur origine
autochtone ou allochtone. En effet, puisqu'il est admis que le paludisme sans
anophélisme n'existe pas, seules des investigations entomologiques
pourraient aider à élucider cette situation. Le travail
présenté dans ce mémoire s'inscrit dans cette optique. Le
recours à la combinaison pièges lumineux/dormeur sous
moustiquaire a été préféré à la
classique méthode de captures sur homme adulte volontaire d'une part
pour des raisons éthiques (exposition aux piqûres infectantes des
moustiques) et d'autre part, des études comparatives récentes ont
montré une bonne corrélation entre ces deux techniques
d'échantillonnage. La méthode de récoltes après
pulvérisation intradomiciliaire de pyréthrinoïdes permet de
mieux cibler les espèces endophiles. La prospection des gîtes
larvaires potentiels a été réalisée dans le but de
mieux décrire, inventorier et établir une relation entre le type
de gîte et le genre de larve de moustique qui y est rencontré.
Cette relation pourra être utile dans la perspective de la mise en place
d'une politique de lutte antilarvaire à grande échelle en milieu
désertique de la Mauritanie. D'ailleurs, une telle lutte à petite
échelle a déjà été initiée par la GTZ
(Coopération Allemande) dans le sud-est du pays, en utilisant la poudre
de Neem (Azadirachta indica, Meliaceae). Cette intervention
dont les résultats ont été très nuancés n'a
pas été précédée d'études de terrain
détaillées sur les potentiels gîtes larvaires de
moustiques.
Gîtes larvaires et stades
préimaginaux
Six types de gîtes larvaires ont été
décrits dans cette étude. Une attention particulière a
été portée aux réservoirs métalliques d'eau
et aux bassins des jardins maraîchers qui sont dans certains pays,
d'excellents gîtes larvaires pour les anophèles. En effet,
L'urbanisation galopante observée dans les régions tropicales
attire l'attention sur le paludisme urbain. Ainsi en Inde, il existe un
paludisme urbain alors que la campagne environnante en est indemne. Le vecteur
de ce paludisme urbain est An. stephensi dont les larves se
développent dans les citernes d'eau des maisons (MOUCHET &
BELLEC, 1990). Au Sénégal, les céanes (puits sans
margelle utilisés pour les activités maraîchères) de
la région de Dakar constituent des gîtes hébergeant les
stades préimaginaux d'An. arabiensis (AWONO-AMBENE,
1996). Au cours de ces prospections, aucune des localités
visitées n'a renfermé à la fois les six types de
gîtes larvaires décrits. Le taux de positivité des
gîtes larvaires n'a été que de 8,8%. La productivité
moyenne des gîtes larvaires (nombre moyen de larves
récoltées par coup de bac) la plus faible a été
enregistrée à Nouadhibou (0,4 larve/coup de bac) et la plus
élevée à
Akjoujt (1,7 larves/coup de bac). Une explication possible
à ces observations serait la prédominance de gîtes
larvaires défavorables au développement larvaire en milieu
désertique où seuls quelques rares gîtes sont
colonisés par les larves de moustiques. En effet, des 6 types de
gîtes décrits, seuls 3 renfermaient des gîtes larvaires
positifs avec un taux de positivité d'environ 1/8. Toutes les larves
d'anophèle proviennent d'un seul et même gîte de type G5
où aucune larve de Culicinae n'a été
prélevée. Les gîtes de type G2 ont été plus
productifs que les gîtes de types G1 (92% des larves proviennent de
gîtes de type G2 contre seulement 8% de gîte de type G1). Ces deux
types de gîtes (G1 et G2) sont quelque fois rencontrés dans les
mêmes milieux. Leur différence de productivité pourrait
être due à la présence de flore constituée d'algues
et de champignons observés à la surface des gîtes de type
G1. L'analyse de la qualité (physico-chimique) de l'eau de ces deux
types de gîtes fournirait de plus amples informations.
Richesse spécifique
Jusqu'en 1962, seul An. dthali était connu
à Atar. HAMON et al., (1964) signalent la
présence An. pharoensi et An. squamosus. Les moustiques
récoltés durant ces investigations appartenaient à 3
genres, chaque genre étant représenté par une
espèce. De 3 espèces à Atar et Tergîte, la richesse
spécifique est tombée à une espèce à
Akjoujt, Nouadhibou et Zouérate. La pauvreté spécifique de
la faune culicidienne des régions du nord de la Mauritanie pourrait
être due en partie à l'aridité du climat saharien qui y
sévit. Les températures trop élevées,
l'humidité relative très basse pendant une bonne partie de
l'année et l'irrégularité de la pluviométrie
constituent entre autres, les principaux facteurs limitants la colonisation de
ces milieux. Cette pauvreté spécifique avait été
révélée par MOLEZ & FAYE (1996) qui
avaient noté une diminution de l'abondance et de la biodiversité
culicidienne le long d'un transect allant de la vallée du fleuve
Sénégal au plateau du Tagant, région située au sud
de l'Adrar. Culex quinquefasciatus dont la présence semble
être liée aux activités humaines, a été
récolté dans toutes les localités. A Akjoujt, cette
espèce n'a pas été récoltée en faune
matinale alors qu'elle a été capturée par piège
lumineux. An. rhodesiensis, Ae. vexans et Cx.
quinquefasciatus coexistent à Atar et Tergîte. Ces
prospections qui n'ont pas permis de retrouver An. dthali, An.
pharoensis et An. squamosus, ont néanmoins confirmé
la présence d'An. rhodesiensis dans l'Adrar, présence
qui avait été personnellement communiquée à HAMON
par Maffi (HAMON et al., 1964). Cependant, Hamon
et al (1964) situaient la limite nord d'An.
rhodesiensis dans le Tagant, région limitrophe de l'Adrar. Le
nord de la Mauritanie serait ainsi caractérisé par l'absence
à la fois des vecteurs classiques de
Plasmodium du Sahara central et septentrional
(An. hispaniola Theobald, An. multicolor cambouliu
et An. sergenti Theobald) et de ceux de l'Afrique subsaharien
(An. arabiensis, An. gambiae s.s et An. funestus) et surtout
par la présence d'une population d'An. rhodesiensis. C'est
probablement l'absence des classiques vecteurs du Sahara central et
septentrional qui explique la faiblesse de l'endémicité palustre
dans les régions désertiques du nord de la Mauritanie. Dans le
contexte géo-climatique nord mauritanien, l'existence d'une transmission
anophélienne de Plasmodiums humains par An. rhodesiensis,
seule espèce trouvée dans l'Adrar, n'est pas à
exclure.
Abondance spécifique et densité
moyenne
Avec 68,5% des spécimens collectés dans la faune
matinale résiduelle contre 31,5% capturés aux pièges
lumineux, le rendement a varié avec la méthode
d'échantillonnage. La tendance endophile des moustiques du nord de la
Mauritanie est manifeste à partir de ces résultats. En effet, le
ratio FRC/FPN est d'environ 4. Cette forte densité de moustiques
endophiles en milieu désertique peut s'expliquer par la recherche
d'humidité et de fraîcheur dans les habitations humaines. Ce
comportement peut être une forme d'adaptation écologique propre
aux espèces de ce milieu aride. Le caractère endophile des
moustiques du nord de la Mauritanie pourrait justifier une politique de lutte
antivectorielle par pulvérisation intradomiciliaire d'insecticide.
L'abondance des moustiques a varié selon les périodes de capture.
Le maximum de moustiques a été récolté en
février mais An. rhodesiensis et Ae. vexans ont
été plus abondants en septembre. Une justification possible de
cette observation est que le mois de février fait suite aux pluies
tardives de janvier tandis que le mois de septembre, correspond à la
saison des pluies dans l'Adrar où, contrairement au sud de la
Mauritanie, il n'est pas aisé de délimiter dans le temps la
saison sèche de la saison des pluies.
DEUXIEME PARTIE
Sensibilité d'An. gambiae s.l à
la perméthrine
(0,75%) et à la deltaméthrine (0,05%)
dans les
sites sentinelles du Programme National de
Lutte contre le Paludisme.
|
|