Importance macro-économique du coton en Afrique de
l'Ouest
L'Afrique de l'Ouest et du Centre compte environ 2 millions
d'agriculteurs qui produisent 2 millions de tonnes de coton graine et 1 million
de tonne de fibre de coton. On estime entre 10 et 15 millions le nombre de
personnes dépendant directement de la filière coton
(égrenage, transformation du coton graine et autres activités
annexes). Par ailleurs, le coton a été une source de
développement et de réduction de la pauvreté dans les
régions rurales où il a été introduit, et ce pour
plusieurs raisons. En premier lieu, la culture du coton ne nécessite pas
l'abandon des cultures vivrières (notamment grâce à sa
période de plantation et de récolte). Par ailleurs, sa culture a
permis aux agriculteurs de recevoir des engrais de la part de leurs
gouvernements : d'une part cela a permis de fertiliser les sols (lorsqu'ils
étaient utilisés pour la culture du coton), et d'autre part, une
partie de ces engrais a été détournée au profit des
cultures vivrières.
Dans la production de coton, l'Afrique de l'Ouest
possède un avantage comparatif voir un avantage absolu par rapport
à la Chine et aux Etats-Unis. En effet, elle possède un climat
propice à la culture du coton : le cotonnier est une plante qui se
développe sous des climats tropicaux ou subtropicaux arides, à
des températures comprises entre 11°C et 25°C. Ceci permet aux
cultures africaines d'avoir un bon rendement (près de 700 tonnes par
hectare). De plus, le mode de récolte accentue cet avantage : il y est
encore récolté à la main ce qui évite d'arracher
les capsules et donc d'avoir un coton de meilleur qualité, par ailleurs,
la récolte est effectuée dans le cadre d'une économie
familiale et domestique, ce qui permet de réduire les couts de
production.
Au Burkina Faso, traitement par un insecticide. Aux
USA, arrosage au défoliant.
Récolte à la main au Burkina Faso.
Machine à récolter le coton aux USA.
Cette
technique moderne permet
De travailler sur 7 rangs à la fois
Ils sont d'ailleurs bien inférieurs à ceux
observés chez les grands producteurs: environ 30 cents par livre contre
plus du double aux Etats-Unis, principal pays exportateur. Le taux de rendement
à l'égrenage est aussi très élevé, 40
à 43% en moyenne, alors qu'il n'est que de 34-36% par exemple en Inde.
Il faut enfin souligner qu'il n'existe pas d'autre culture d'exportation en
Afrique de l'Ouest et du Centre offrant la même
compétitivité économique et pouvant remplacer le coton.
Ceci entraine une dépendance assez forte des économies de cette
région aux prix mondiaux, et des répercussions importantes sur la
vie rurale, quand ces derniers chutent car il n'y a pas vraiment de cultures
alternatives (ce point sera détaillé dans la prochaine
section).
Dans le paragraphe suivant nous allons montrer comment se
constitue la filière coton dans les pays d'Afrique de l'Ouest.
De manière générale, l'Afrique de
l'Ouest possède un parc d'usines d'égrenage à scie de
fabrication américaine relativement modernes et de forte
capacité. Mais la filière est entravée par le manque de
valeur ajoutée des produits qu'elle exporte, et aussi par la
sous-utilisation de ses moyen de traitement du coton graine. De plus, certains
pays préfère importer des huiles que les produire nationalement,
ceci est du notamment à un manque de compétitivité dans la
production de ses huiles par rapport à certains pays comme la Chine ou
le Pakistan. Par ailleurs, l'aide alimentaire internationale (provenant des
excédants des pays développé) ne favorise pas la
production locale de ces huiles, par exemple la plupart des usines de
fabrication d'huile ne fonctionnent qu'à 25% de leurs
capacités.
Principales société de coton.
Aux Etats-Unis le nombre d'exploitations cotonnières a
baissé d'environ 98%, passant de 2 millions d'exploitations dans les
années 1930 à environ 30 000 en 2000. La plupart de ces
exploitations sont des exploitations individuelles (80%). On peut distinguer
plusieurs entreprises spécialisées dans l'achat et la revente du
coton. Toutefois ces entreprises, selon leurs nationalités, n'ont pas
vraiment la même taille. De plus le marché n'est pas vraiment
unifié au niveau mondial, car selon les pays, des compagnies
cotonnières sont encore en situation de monopole. Le marché
international du coton est donc difficile à analyser. Si l'on devait
toutefois le qualifier, il serait juste de dire qu'il se rapproche d'un
marché en situation d'oligopole avec une frange concurrentielle. Voici
quelques exemples de sociétés cotonnières:
- l'Allenberg Cotton CO, Cargill, Dunavant Entreprise Inc.,
Calcot Ltd, Plains Cotton Cooperative Association (PCCA) sont des entreprises
américaines dont les ventes annuelles excèdent 200 000 tonnes par
an.
- en Chine la commercialisation du coton était
supervisé par la Supply and Marketing Cooperatives (SMC) jusqu'en 1999.
Depuis 2000, une réforme autorise les exploitations individuelles de
pouvoir négocier directement avec les producteurs.
- au Mali, la Compagnie Malienne pour le Développement
des Textiles (CMDT) gère 95% de la production de coton. La CMDT est
détenue à 60% par l'Etat malien et à 40% par Dagris. La
CMDT gère 17 usines d'égrenage (toutes ne fonctionnant pas)
à travers tout le Mali.
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