Amoralité et immoralité chez Aristote et Guyau. Une herméneutique du sujet anéthique( Télécharger le fichier original )par Hans EMANE Université Omar Bongo - Maitrise 2009 |
II.4.2. L'INTEMPERANCE INVOLONTAIREL'intempérance aurait donc toutes les modalités d'un phénomène volontaire, Aristote enregistre des cas où elle est involontaire. D'une part, akolastos se dit de celui qui n'a pas été tempéré, modéré ou arraisonné. C'est donc celui qui, malgré lui, suit le plaisir car n'ayant pas vraiment d'autre choix. « L'intempérant c'est celui qui n'a pas été tempéré ou guéri, comme l'individu indivisé, c'est celui qui n'a pas été divisé : car indivisé est ce qui peut être divisé, et ce qui peu l'être mais ne l'est pas. Et cela vaut pour l'intempérant car il y a ce qui n'est pas naturellement fait pour se faire intempérant, et ce qui est naturellement fait pour l'être mais ne l'a pas encore été. Par exemple, les enfants, on les appelle intempérants de cette sorte d'intempérance260(*). D'autre part, à cause d'une santé physique ou mentale défaillante, certaines personne peuvent être réfractaires, récalcitrantes à un traitement visant à les rendre tempérants. Elles sont en ce sens intempérantes malgré elle : « En outre sont intempérants de l'autre manière les gens difficilement accessibles et ceux qui le sont pas du tout à un traitement destiné à les rendre tempérants261(*) ». II.4.3. LES DOMAINES DE L'INTEMPERANCE : L'INTEMPERANCE SIMPLICITER ET L'INTEMPERANCE SECUNDUM QUIDSi l'absence de contrôle sur soi peut s'accompagner de savoir, et le cas échéant de quel genre de savoir il s'agit, c'est l'une des questions qu'Aristote a tenté d'élucider en analysant l'incontinence. Mais peut-on être intempérant purement et simplement c'est-à-dire intempérant simpliciter ? Ou doit-on toujours l'être par rapport à certaines choses particulières, c'est-à-dire intempérant secundum quid262(*) ? Ce sont des questions auxquelles Aristote nous invite à nous interroger. L'intempérant se dit de plusieurs manières. Or, la seule forme qui prenne purement et simplement ce nom, est celle qui a rapport avec l'intempérance habituelle de l'homme comme l'avait parfaitement mis en lumière Platon dans le Timée. On parle d'intempérance au sens strict ou intempérance simpliciter. A contrario, que les plaisirs et les peines rentrent dans la sphère d'action à la fois des hommes tempérants ainsi que des hommes intempérants ou s'adonnant à la mollesse, alors Aristote dans l'Ethique à Nicomaque, nous demande de préciser l'objet du vice ou de l'incontinence. Ceci étant posé, les hommes qui tombent dans les excès en ce qui concerne les plaisirs non nécessaires mais souhaitables tels que la victoire, l'honneur, la richesse...ect., contrairement à la droite raison, Aristote ne les appelles pas intempérants au sens strict, mais intempérants secundum quid. En d'autres termes, il ajoute la spécification et précise qu'ils sont intempérants en matière d'argent, de gain d'honneur, ou de colère et non simplement intempérants. Etant entendu qu'ils sont intempérants, ils reçoivent cette adjonction de terme par une sorte de similitude ou d'analogie. * 260 Ethique à Eudème, Livre III, chap.2, 1230b. * 261 Ibid. * 262 Il se pourrait bien que Thomas d'Aquin soit à l'origine de cette distinction, pourtant déjà présente chez le premier Aristote, celui de l'Ethique à Nicomaque. Ce qui pourrait militer en la faveur de cette hypothèse, c'est l'emploi du latin, au détriment du grec. |
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