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Organisation du dispositif RMI et impact sur le parcours d'insertion professionnelle des allocataires RMI. Quels sont les freins institutionnels qui influent sur les parcours d'insertion ?

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par Dominique BOURIEZ
Université de Lille III - Master Sciences Humaines et Sociales, option Conseil en développement des compétences et valorisation des acquis ( CDVA) 2007
  

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B - L'exclusion des allocataires du RMI est-elle subie ou choisie ?

Nous entendons quotidiennement parler d'exclusion, avec l'image récurrente d'une situation de marginalité, de pauvreté, de déchéance parfois.

Pourtant, le concept d'exclusion ne peut être définit de façon aléatoire, car les croyances et les représentations qui lui sont louées ne sont pas toujours exactes. Aussi, bon nombre de personnes ne dissocient pas la pauvreté de l'exclusion.

Dans cette partie réflexive sur le concept de l'exclusion, nous verrons que s'il peut exister un lien entre la pauvreté et l'exclusion, une telle corrélation n'est pas récurrente.

Aussi, après avoir brièvement exposé ce qui lie la pauvreté à l'exclusion, nous nous intéresserons à multi dimensionnalité de ce concept, et surtout aux causes réelles de l'exclusion.

1- Le lien pauvreté/exclusion

J.Labbens montre que la pauvreté est la conséquence et la cause d'un statut dévalorisé. Mais la pauvreté comme construction sociale est évoquée par G.Simmel (Les pauvres, 1908) qui dit « le fait que quelqu'un soit pauvre ne signifie pas encore qu'il appartienne à la catégorie spécifique des pauvres. Il peut être un pauvre commerçant, un pauvre artiste ou un pauvre employé, mais il reste situé dans une catégorie définie par une activité spécifique ou une position ».

Il ajoute que les pauvres qui ont une position sociale ne sont pas ceux qui en souffrent le plus, mais ce sont ceux qui demandent assistance et qui admettent ainsi ne plus être dans la norme sociale, ne plus avoir de catégorie dans laquelle se positionner.

S. Paugam (1996) construit 3 idéaux-types de la pauvreté :

 

La pauvreté intégrée, caractéristique des régions sud et dont le taux est élevé, mais dont la stigmatisation est moindre et ou la solidarité naturelle existe.

La pauvreté marginale qui concerne une minorité de gens considérés comme inadaptés et voués à l'assistance. Ce statut est fortement dévalorisé et existe particulièrement dans les pays du nord de l'Europe.

La pauvreté disqualifiante, qui est le résultat du processus de rejet, en marge du monde de la production (travail). Elle est associée au chômage et au développement de la précarité. Elle est aussi nommée exclusion.

2- Un concept multidimensionnel

Le terme exclusion est né dans les années 1960 (l'exclusion sociale, Klanfer, 1965) pour s'imposer dans les années 1990. Considérée comme une notion floue par S. Paugam, elle implique le concept d'inclusion, et montre que l'individu appartient à différents groupes de la société, tels que la famille, les amis, l'école, le travail, etc.... L'inclusion et l'exclusion sont intimement liées, même s'il est nécessaire de rappeler que l'exclusion n'est jamais exclusive (totale), bien qu'il soit difficile d'en délimiter les champs. On peut alors être exclu de l'emploi, de l'éducation, du logement, de l'un ou/et de l'autre. C'est l'accumulation des facteurs qui entraine l'exclusion.

L'exclusion ne frappe pas au hasard, tout comme la grande pauvreté liée au chômage et la précarité qui touche essentiellement les catégories populaires. Elle est l'accumulation de handicaps sociaux dont la pauvreté fait partie. La pauvreté n'est donc pas le seul critère d'exclusion

Paugam (Exclusion, l'état des savoirs), conçoit l'exclusion comme un « concept-horizon » : ce qui fait de l'exclusion un concept familier qui est dû à l'apparition de nouvelles formes de pauvreté mais aussi de son caractère multidimensionnel. En effet, l'exclusion des années 1990 n'est pas comparable avec la grande pauvreté que la société avait connue jusque là, c'est-à-dire une pauvreté marginale. Depuis les années 1980, la pauvreté concerne de plus en plus d'individus et exclut de façon arbitraire certains types de population, qui ne connaissent jamais l'intégration (l'inclusion) à cause d'une activité professionnelle inexistante ou parce qu'ils entrent très rapidement dans l'assistance. Cela pose la question du risque de la société duale dont nous parlions précédemment, et surtout de la dégradation de la cohésion sociale, du ciment social dont nous parlait déjà Durkheim.

Le lien social est constitué des « échanges qui naissent de la collaboration, du travail en commun, ceux qui s'établissent à l'intérieur de la famille et à l'occasion de relations sociales plus larges » (D. Schnapper, 1996).

La précarisation de l'emploi, et l'affaiblissement des liens familiaux entrainent dans leur chute la cohésion sociale à l'intérieur de la société, et avec elle, le sentiment de solidarité naturelle.

Oscar Lewis associe l'isolement des personnes exclues à l'instabilité du lien familial et à la diminution de la solidarité naturelle.

L'isolement serait donc le critère essentiel de l'exclusion et Dubet et Vérétout démontrent cette théorie en montrant que la disparition du réseau entraîne l'exclusion5.

Cependant, la pauvreté économique n'entraîne pas forcément l'exclusion, et la pauvreté peut faire l'objet d'une culture, entretenue par les individus.

C'est pourquoi il est important, pour pallier à ce phénomène d'exclusion, de recréer un réseau autour des individus, avec des associations et des travailleurs sociaux, qui lui permettent de tisser des liens qui le lient à la société dans laquelle il vit. C'est dans cette optique que les politiques publiques soutiennent les actions en faveur de la cohésion sociale, et par ailleurs que la loi de cohésion sociale a été mise en place.

Le sentiment de la perte d'un statut social peut alors être limité par un réseau relationnel suffisamment large, permettant à l'individu d'être inclus dans la société malgré son exclusion économique.

Toutefois la frontière entre « les exclus » et le reste de la société devient de plus en plus floue et constitue une menace perpétuelle de l'exclusion, ébranlant alors la cohésion sociale (Robert Castel, les métamorphoses de la question sociale, 1995).

Si la société duale que l'on craint n'existe pas encore, la précarisation de la vie s'accentue et n'exclut personne.

L'exclusion menace chaque individu, et déstabilise ses représentations, ses valeurs, son identité. C'est encore plus vrai pour les allocataires du RMI, qui font face à une stigmatisation récurrente de leur statut social.

On comprend alors l'importance de ce concept dans la mise en place des dispositifs RMI. En effet, la prise en compte des conséquences du phénomène d'exclusion dans la mise en place d'un parcours d'insertion est primordiale, et permet un diagnostic relativement précis du degré d'exclusion de la personne accompagnée.

En outre, la réponse institutionnelle faite au travers la loi contre les exclusions de 1998 met en place de nouveaux droits sociaux et une approche de l'intégration par la citoyenneté et les droits des personnes, dans l'idée d'une création d'un réseau autour de l'individu.

Notons malgré tout un retour en masse des politiques publiques plus incitatives, qui poussent à la reprise d'une activité économique, en faisant le constat de l'échec des dispositifs d'insertion actuels, mais en pointant surtout l'existence d'un groupe social d'assistés, responsables de leur propre exclusion.

François Dubet et Yannick L'Horty nous permettrons, par leurs études et leurs réflexions sur ce sujet, de démentir l'idée que l'assistanat serait une manière de vivre choisie plutôt que subie.

Notre réflexion s'attardera à montrer que l'institution, par une politique de retour au travail substituée à la politique d'un retour à l'emploi, participe largement à la précarisation des publics en difficultés, et à leur enfermement dans cette trappe de l'insertion professionnelle.

5 Voir la partie concernant les trappes

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld