A- Les résultats quantitatifs
Le questionnaire permet d'éclaircir les rôles et
champs d'action du référent de parcours. 20 questionnaires sur
les 36 envoyés ont été traités.
Les soixante six questions posées au travers cette
enquête ne font pas toutes l'objet d'une évaluation statistique,
car leurs résultats sont problématiques.
Le lecteur aura particulièrement noté le
caractère peu scientifique de ce questionnaire qui s'est adressé
à un public restreint. Aussi, il permet surtout d'esquisser les actions
mises en place par les référents et les difficultés
éprouvées dans leur pratique quotidienne.
L'objectif primaire de ce questionnaire est un préalable
aux entretiens avec les référents.
Toutefois, il nous semblait intéressant d'en tirer les
données les plus exploitables afin d'étayer notre travail de
recherche.
La première partie de cette analyse tend à
connaître les référents, leurs qualifications, leurs
compétences, et leur organisation au travers le partenariat qu'ils
établissent.
Puis nous nous pencherons sur les pratiques des
référents au travers des thèmes tels que le contrat ou le
projet d'insertion, l'employabilité, les critères de mise en
oeuvre d'un projet d'insertion.
Enfin, le troisième volet de cette analyse met en avant
les freins principaux pour entrer dans les dispositifs d'accès à
l'emploi.
1- Qui sont les référents ?
Le métier de référent est relativement
récent, et il n'existe pas de formation spécifique pour cette
profession. Les profils de poste correspondent en majorité à des
travailleurs sociaux de type Assistant Social ou Educateur
Spécialisé. Tous ont une formation dans le domaine du travail
social.
Le lecteur notera que les Diplômes d'Etat sont
considérés ici comme niveau Bac+3.
2 - Les missions principales du référent
généraliste de parcours exprimées par les
référents:
Missions principales du référents
RMI
12
10
8
6
4
2
0
Missions principales
Définition des
professionnel besoins en
formation
Orientation vers les partenaires
Accueil Suivi social Accompagnement Contractualisation
Définition de projet
Ce graphique montre l'importance du suivi social et de la
contractualisation.
L'accompagnement est un suivi plus aléatoire que le
suivi social, qui nécessite des interventions renforcées.
(L'accompagnement signifie que la personne est actrice de ses actions et les
rencontres sont ponctuelles, en travail social, le suivi a plus un sens de
contrainte, par exemple judiciaire)
Pourtant, on pourra s'étonner que l'accueil ne soit
pas considéré comme une mission primordiale du métier de
référent, puisque, de celui-ci dépendra la relation
entretenue entre le référent et la personne
accompagnée.
Le suivi social est la fonction première
exprimée par les référents, avant même la
contractualisation et la définition d'un projet professionnel ; cela est
sans doute dû par la formation initiale des référents
plutôt orientée vers les métiers du travail social à
la différence de ceux issus de l'insertion/l'orientation professionnelle
(de type Conseiller en Insertion Professionnelle).
L'impact de ce choix de formation initiale des
référents de parcours est évidemment une tendance à
privilégier l'aspect social dans la relation d'accompagnement de la
personne, et des difficultés à mettre en place un parcours
d'insertion professionnelle.
Alors que le métier de référent est
polyvalent, nous avons demandé quelles sont les principales
compétences que ce métier requiert.
Sans surprise, le graphique reflète l'importance de la
capacité d'écoute et d'empathie du référent
à 96%. Vient ensuite l'organisation à 24% qui est suivie de
près par la capacité d'adaptation à 20%. Ces deux
dernières données peuvent refléter l'indispensable mise en
place d'un réseau partenarial sur lequel le référent
s'appuie pour la mise en oeuvre du projet d'insertion.
Qualités du référent
QEilles
|
Formation adaptée Capacité
d'adaptation Accueil Organisation Ecoute/empathie
|
|
|
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Pourcentage de référents
Orientation des allocataires vers les
référents
Guichet
Information collective Collectivités
Associations et assimilées
Aussi, nous allons tenter de découvrir ce réseau,
qui est un outil précieux pour les référents, ce qui nous
permettra un premier pas vers la lisibilité des rôles et des
champs d'action des différents acteurs.
3 - Comment travaillent les référents et
avec qui ?
Pour comprendre comment le public est touché par les
référents, nous avons posé la question concernant
l'impulsion de l'orientation des personnes allocataires du RMI vers les
référents.
Les collectivités sont majoritairement
génératrices de ces orientations (de types Conseil
général, ANPE, CCAS...).
Le lecteur tiendra compte du fait que les rencontres
spontanées, que l'on retrouve au guichet, se font dans le cadre d'une
demande l'instruction du dossier RMI. En outre, les informations collectives
sont obligatoires une fois les dossiers RMI instruits, et servent à
repérer les allocataires n'ayant pas de référent.
4 - Les partenaires pour la mise en place d'une
formation lors d'un parcours professionnel :
Le partenariat pèse sur la mise en oeuvre du parcours
d'insertion. Aussi, il a été demandé aux
référents de nous indiquer quels étaient les partenaires
principaux avec qui ils travaillaient dans le cadre de la professionnalisation
des allocataires RMI.
Partenaires principaux dans le dispositif d'insertion
professionnelle
Ne sais pas
UTPAS
CAF
CCAS
Mission locale
CMP EI/ETTI/ACI
APP
AFPA CIBC COnseil général
Centres d'hébergement Bailleurs
ANPE
Organismes de formation PLIE-ATES
On note les rôles importants du PLIE, de l'ANPE et des
organismes de formation. Les ETTI, ACI et EI sont aussi fortement
sollicités.
5 - Le contrat d'insertion :
Légalement obligatoire dès lors que le RMI est
attribué à une famille, le contrat d'insertion est
considéré avant tout comme obligatoire mais aussi
conseillé, en outre, par le fait qu'il ouvre des droits et une
reconnaissance du projet de la personne.
20 18 16 14 12
|
|
|
|
10
|
|
Série1
|
8
|
|
|
6 4 2 0
|
|
|
|
Obligatoire Conseillée Suggérée
|
|
|
|
6 - Combien de personnes les référents
accompagnent-ils en moyenne chaque année ?
(Nombre allocataires suivis par an)
|
effectifs
|
%/Total
|
% cumulés
|
27
|
1
|
4.76%
|
4.76%
|
28
|
1
|
4.76%
|
9.52%
|
30
|
1
|
4.76%
|
14.29%
|
32
|
1
|
4.76%
|
19.05%
|
33
|
1
|
4.76%
|
23.81%
|
34
|
1
|
4.76%
|
28.57%
|
37
|
1
|
4.76%
|
33.33%
|
38
|
1
|
4.76%
|
38.10%
|
39
|
1
|
4.76%
|
42.86%
|
40
|
5
|
23.81%
|
66.67%
|
60
|
1
|
4.76%
|
71.43%
|
75
|
1
|
4.76%
|
76.19%
|
78
|
1
|
4.76%
|
80.95%
|
80
|
3
|
14.29%
|
95.24%
|
100
|
1
|
4.76%
|
100.00%
|
Total
|
21
|
100.00%
|
|
|
Valeur modale : 40 (n=5)
Médiane entre 39 & 40
Moyenne 50.05, écart-type 21.74
30 40 50 60 70 80 90 100
Les référents ont une moyenne de 49 allocataires
à suivre tous les mois.
Notons que 53% des personnes accompagnées ne sont pas
considérées comme employables de suite par les
référents.
7 - Quelles sont les priorités données aux
référents dans leur mission ?
La sortie du dispositif est évidemment l'objectif ultime
des allocataires comme des référents.
On retrouve en outre l'importance de la construction d'un projet
d'insertion sociale et/ou professionnelle, visant à l'autonomie de la
personne.
Objectifs vis à vis des allocataires
Insertion sociale Insertion professionnelle
Etablir un parcours, un projet
Autonomie
Relation de confiance Sortie du dispositif
Selon les référents interrogés, le projet
d'insertion professionnelle est avant tout impulsé par la motivation et
la volonté des personnes à plus de 45%.
Il est important que nous remarquions que ces notions de
volonté et de motivation sont subjectives.
Elles peuvent exprimer une difficulté des
référents à mettre en dynamique un projet d'insertion
professionnelle. Le travail empirique nous permettra d'approfondir ce point,
à savoir quelles sont les raisons explicatives de ce frein à
l'insertion professionnelle ?
Il est par ailleurs intéressant de constater que, selon
les réponses des référents, la résolution des
problèmes sociaux périphériques n'est pas un
critère sine qua non pour construire un parcours d'insertion
professionnelle.
oftmoimaddEm ·mmscw
1
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Critères de mise en place d'un projet
d'insertion
Importance des critères
Motivation volonté employabilité
expérience professionnelle qualification
capacité de projection
résolution des problèmes sociaux
périphériques Réalité économique
Il était intéressant de comparer ces derniers
résultats avec ceux concernant l'employabilité des personnes
rencontrées, puisque cette notion, aussi subjective que la motivation et
la volonté, revient de façon récurrente dans le jargon
professionnel.
Aussi, on remarque que, paradoxalement, les difficultés
sociales annexes pourraient jouer sur l'employabilité des personnes, la
motivation étant toujours mise très en avant.
A contrario, le nombre d'années non travaillées et
l'état de santé ne sont pas considérés comme des
freins à l'emploi.
Employabilité (diagnostic d')
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Difficultés sociales
|
age
|
motivation
|
illetrisme
|
manque d'expérience
|
état de santé
|
Manque de qualification
|
2
|
19
|
4
|
14
|
1
|
9
|
1
|
10
|
|
20 15 10 5 0
Série1
Série1
Nous avouons avoir été étonné de
ce résultat, qui est à l'opposé de ce que les recherches
sur le sujet tendent à montrer, c'est-à-dire que la durée
d'immersion dans le dispositif entraine une « désintégration
lente » de l'employabilité ; Aussi, nous avons souhaité
connaître quels étaient, selon les référents, les
principaux freins à l'embauche que leur public rencontrait.
Le prochain graphique illustre que le frein le
récurrent pour l'insertion professionnelle serait l'expression du
sentiment de fatalité de la part du public face à leur situation
doublé du manque de confiance en soi.
Le manque de motivation exprimé auparavant serait-il une
mauvaise interprétation des craintes des individus face à
l'échec ou à sa répétition?
Ou cette subjectivité serait-elle le reflet de
représentations sociales des référents vis-à-vis de
leur public ?
Nous ne manquerons pas de rappeler alors que le manque de
qualification reste ici le critère objectif le plus important
exprimé dans ce graphique.
1,50% 7,00%
21%
3%
1,50%
3%
3%
1,50%
7,50%
1,50%
13,00%
15%
9%
9%
3%
manque de formation
multiplication des interlocuteurs manque de moyens financiers
complexité des démarches manque de confiance en soi temps de
réponse des institutions habitude
sentiment de fatalité
difficultés sociales annexes manque
d'expérience
marché de l'emploi difficile manque de formations
rémunérées Profil du candidat inadapté
discrimination
Difficultés de compréhension du français
Afin de comprendre les critères d'inemployabilité,
nous avons posé la question des handicaps particuliers qui
empêchaient leur retour à l'emploi.
8 - Critères d'inemployabilité
invoqués par les référents :
Les questions de santé sont ici récurrentes
à près de 50%, qu'elles soient de santé
générale, des problèmes d'addictions, ou
psychologiques.
Nous retrouvons par ailleurs des difficultés sociales
majeures qui doivent être résolues pour pouvoir penser à
l'insertion professionnelle.
Critères d'inemployabilité des personnes
très éloignées de l'emploi
2%
6% 2%
4%
26%
8%
14%
4%
4%
2%
8%
20%
Santé psychologique/mentale santé en
général
Logement toxicomanie motivation garde d'enfants
Difficultés sociales majeures manque de qualification
age
Mobilité
NSP
Isolement
La santé est pour les référents un frein
majeur à l'insertion
professionnelle.
La motivation, qui était préalablement
exprimée, devient ici secondaire et n'est pas un frein majeur à
l'accès à l'emploi.
On peut traduire cette nouvelle donnée par
l'explication suivante : la motivation est une notion que l'ont retrouve en
amont de l'action d'insertion. C'est donc le frein évoqué par les
référents pour la mise en route d'un projet. Avec le dernier
graphique, on note un net recul de l'expression de cette notion de motivation,
qui pourrait signifier qu'une fois le projet mis en oeuvre, la personne est en
phase de dynamisation et qu'elle retrouve une certain sens à sa
trajectoire professionnelle.
Le travail de fond est donc le plus difficile mais aussi le plus
important pour permettre la construction d'un projet par la personne.
Nous nous sommes intéressés à un dispositif
particulier de d'aide à l'accès à l'emploi : le contrat
aidé.
Ce choix a été effectué par le constat de
difficultés observées lors des positionnements des allocataires
prétendant à un poste à la mairie.
Nous avons alors voulu comprendre quels étaient les
principaux freins pour positionner une personne sur les dispositifs de retour
à l'emploi, puis nous avons affiné cette recherche pour les
contrats aidés uniquement.
9 - Principaux freins pour l'accès aux
dispositifs d'accès à l'emploi :
(Critères d'exclusion des dispositif)
|
effectifs
|
%/Total
|
gel CA
|
2
|
9.52%
|
Crit. sele
|
6
|
28.57%
|
pbm outils
|
7
|
33.33%
|
age
|
1
|
4.76%
|
pbm famill
|
1
|
4.76%
|
NSP
|
4
|
19.05%
|
Total
|
21
|
100.00%
|
|
Efficacité entropique : 86.7%
NSP 19%
pbm famill 5%
age 5%
pbm outils 33%
|
|
10% gel CA
29% Crit. sele
|
|
Effectif = 21
Les critères d'exclusion des dispositifs insertion
concernent à 33% des outils non adaptés aux
problématiques. 29% considèrent que les critères de
sélection sont trop élevés. 10% regrettent le gel des
contrats d'avenir. Enfin 19% ne se prononcent pas.
Nous pouvons constater que les problématiques
évoquées sont d'ordre structurel et non social.
Intéressons nous plus particulièrement aux
emplois aidés, qui est le dispositif le plus visible mis en place pour
dans le cadre de l'insertion des personnes les plus en difficultés et
qui représente en mai 2007, plus du quart des sorties du dispositif
RMI.17 .
17
http://www.travail.gouv.fr/IMG/pdf/Sortie_des_minima_sociaux_et_acces_a_l_emploi.pdf
Principaux freins pour l'accès aux emplois
aidés :
(Difficultés à positionner sur un co)
|
effectifs
|
%/Total
|
peu offres
|
3
|
14.29%
|
+ de CA
|
2
|
9.52%
|
CAE négati
|
3
|
14.29%
|
Crit sélec
|
3
|
14.29%
|
aucunes
|
10
|
47.62%
|
Total
|
21
|
100.00%
|
|
|
14% peu offres
10% + de CA
14% CAE négati 14% Crit sélec
|
|
Efficacité entropique : 87.7%
aucunes 48%
Effectif = 21
48% des référents ne constatent aucun frein au
positionnement sur un emploi aidé.
Pourtant, cela laisse 52% de ces référents qui
expriment ces difficultés, avec, sur trois niveaux équivalents
(14%) un volume de contrat aidés restreint, des critères de
sélection trop élevés et une image négative des
contrats aidés vis des publics accompagnés.
Enfin, on note que 10% d'entre eux regrettent le gel des
contrats d'avenir pour les personnes au RMI, ce qui peut s'associer au manque
de volume de ces emplois.
|