VI. Discussion générale :
L'essai d'analyse des systèmes
d'élevage bovin dans la région semi aride de Sétif, nous a
permis d'aborder une approche générale sur ce secteur. Tout
d'abord, on constate que l'élevage bovin est l'une des activités
agricoles principales dans les exploitations de la région
d'étude. En fait, on a pu ressortir une diversité des
exploitations pratiquant l'élevage bovin. Cette diversité est due
essentiellement à la structure et les potentialités des
exploitations, la taille et la diversité des troupeaux, les ressources
alimentaires et la conduite des bovins.
En effet, l'âge moyen des éleveurs
consultés est de l'ordre de 56 ans. Il apparaît que
l'élevage dans la région semi aride de Sétif est
pratiqué par des agriculteurs âgés se basant beaucoup plus
sur leur savoir-faire (expériences personnelles) que sur des techniques
modernes; mais à côté de cela, on observe
l'émergence d'une élite de jeunes agriculteurs (17 % des
éleveurs ont un âge moins de 35 ans). Ces mêmes observations
ont été constatées par Bouchetata (2006) dans la
région de Mascara, et Haddad (2001) dans la région de l'Ariana en
Tunisie. Par contre, Kirat (2006) déclare un âge moyen des
exploitants dans la wilaya de Jijel de 45 ans; c'est une population
d'éleveurs relativement jeune. Ainsi que, la majorité de ces
dirigeants des exploitations embauchent une main d'oeuvre familiale (58%
s'appuient exclusivement sur la main d'oeuvre familiale). La même
tendance a été exposée par Kirat (2006) à Jijel et
Leblond (2001) dans les exploitations en périmètre irrigué
au Maroc.
Concernant la dimension foncière, la taille des
exploitations élevant le bovin dans la région semi aride est
généralement moyenne ; elle est de 17,05 #177; 14,88 ha. Cette
valeur est identique à celle rapportée par Leblond (2001) et
Srairi et al., (2003) dans les exploitations en
périmètre irrigué au Maroc. Par contre, elle est
inférieure à celle obtenue (24 29 ha) par Mouffok (2007) dans la
même région d'étude et Ali Benamara (2001) dans le massif
du Dahra-Chelef (20ha).
Toutefois, la part des surfaces irriguées de la SAU
totale dans les exploitations visitées ne représente que 18,45%.
Ce résultat est presque égal à celui rapporté par
Mouffok (2007) qui est de 17% de la SAU totale. Cela peut être
expliqué par le manque des ressources en eau au sein des exploitations.
De ce fait, l'irrigation des terres est conditionnée par les
potentialités hydriques des exploitations. En effet, les principales
cultures irriguées sont les fourrages estivales, le maraîchage, et
parfois la céréaliculture.
En ce qui concerne les fourrages, les surfaces
réservées sont de tailles différentes comprises entre 0,5
et 25 ha avec une moyenne de 4,42 ha; ce qui représente 25,90% de la SAU
totale. Ces résultats signalent la faible place des fourrages dans
l'assolement. En effet, cette observation est nettement supérieure
à celle enregistrée dans le massif du Dahra qui est seulement de
13,41% de la SAU selon Ali Benamara (2001) et à celle
enregistrée au Maroc dans le périmètre irrigué du
Gharb (18% de la SAU) d'après Srairi et Kiade (2005). Par contre, elle
est inférieure à celle enregistré par Srairi (2004) dans
la zone suburbaine de Rabat-Salé au Maroc (31,7%) ainsi qu'aux
résultats obtenus par Ouakli et Yakhlef (2006) dans la Mitidja
(43% de la SAU totale).
En effet, la région d'étude est
caractérisée par une activité agricole basée sur
l'association de la céréaliculture à l'élevage
(Madani, 2000). La céréaliculture occupe une superficie moyenne
de 10,25 ha soit 60% de la SAU totale de l'exploitation. Ces résultats
sont relativement proches à ceux rapportés par Mouffok (2007)
dans la région semi aride de Sétif et Far (2007) dans la
même région (50% de la SAU totale est consacré à la
céréaliculture). En revanche, l'élevage pratiqué
est diversifié. Seulement 37,5% des éleveurs exploitent le bovin
seul, le reste exploite le bovin associé avec l'ovin et parfois en plus
de ces deux espèces, certains éleveurs possèdent un
effectif caprin. Ces mêmes tendances sont signalées au Maroc en
1998 par Sorhaitz où les éleveurs possèdent à
côté du bovin un effectif ovin de taille moyenne.
Concernant, la taille du troupeau bovin exploité, la
moyenne calculée est de 15 têtes par exploitation dont la part des
vaches laitières est en moyenne de 52%. Ces résultats sont
nettement supérieurs à ceux rapporté par Ali Benamara
(2001) dans le massif Dahra (5,6 têtes en moyenne), mais sont
inférieurs à ceux rapportés par Mouffok (2007) (17,91
têtes). On constate que la taille du troupeau bovin augmente avec
l'augmentation de la taille de l'exploitation. En comparant nos
résultats sur les races bovines exploitées à ceux obtenus
par Madani (2000) et par Mouffok (2007), on conclue que la race dominante dans
la région semi aride de Sétif est la Montbéliarde. Cela
est l'issue de l'importation du cheptel bovin dans le cadre du
développement de l'élevage bovin. Ainsi, les éleveurs de
la région soupçonnent que la Montbéliarde est la race
bovine la plus adaptée aux conditions du semi aride. Néanmoins,
dans des conditions peu différentes, ces résultats ne sont pas
identiques à ceux présentés par Haddad (2001) dans la
région de l'Ariana en Tunisie où la race dominante est la pie
noire (Holstein), et au Maroc où la race dominante est la Holstein
Frisonne selon Srairi et Kiade (2005). Tendis que, la race locale est
exploitée chez seulement 18% des éleveurs.
Par ailleurs, pour la conduite du bovin, l'alimentation du
cheptel est basée sur les aliments grossiers sous forme de paille de
céréale, du foin d'avoine ou de prairie. Ces fourrages secs sont
distribués tout au long de l'année ou durant la période
hivernale dont les quantités distribuées varient d'une
exploitation à une autre et d'une saison à une autre. Cette
ration de base est complétée par la distribution du
concentré simple ou composé dont la quantité
distribuée varie entre 3 et 12 kg par vache et par jour avec une
moyenne de 7,7 #177; 2,17 kg. D'après les éleveurs, le
concentré est considéré comme un aliment qui favorise une
bonne production de lait. Ces quantités distribuées sont
inférieures à celles signalées au Maroc et qui varient
entre 10 et 14 kg par vache et par jour selon Leblond (2001). En outre, les
animaux concernés par l'étude reçoivent des fourrages
verts au printemps et en été selon la disponibilité de ces
aliments au sein des exploitations. Ces aliments sont essentiellement l'orge en
vert, le sorgho et le maïs distribués aux étables, le
pâturage de l'herbe de prairie et de jachère au printemps, les
repousses d'herbe en automne s'il y a lieu ainsi que les chaumes en
été. En fin pour l'engraissement, les animaux reçoivent de
la paille ou du foin à des quantités réduites
complémentées par le concentré généralement
composé. Ces pratiques d'engraissement du cheptel sont relativement
semblables à celles décrites par Mouffok (2007)
Au sujet de la reproduction, la monte naturelle est le mode
d'accouplement le plus privilégié dans la région semi
aride de Sétif. Cette pratique a été rencontrée
chez 75% des éleveurs enquêtés. Généralement,
la reproduction est effectuée par un taureau choisi selon les
performances de ses ascendants et sa race. Ce reproducteur est soit
présent avec le troupeau en permanence, soit il est prêté
de l'une des exploitations avoisinantes pour les unités de petite
taille. Madani (2000) et Mouffok (2007) confirment les mêmes
pratiques dans cette même région.
En effet, l'âge moyen de la première mise bas
est autour de 27 mois. Comparée avec les résultats publiés
par Madani et Far (2002) et Mouffok et Madani (2006), cette moyenne est
inférieure à celles obtenues par ces auteurs (34,8 mois et 34,6
mois respectivement). Alors que, l'écart vêlage-saillie
fécondante est en moyenne de 3,4 mois (environ 102 jours). Cet
intervalle est presque identique à ceux rapportés par Madani et
Far (2002) dans la région semi aride de Sétif et par Rachid
(2003) pour les élevages suivis par le Circuit d'Information
Zootechnique (C.I.Z) (110 jours) alors qu'il est largement inférieur
à celui obtenu par Ghozlane et al. (2006) dans
la région d'Annaba (158 jours en moyenne).
Cependant, l'intervalle vêlage-vêlage pour
l'ensemble des exploitations varie entre 11 et 14 mois avec une moyenne de
12,41 #177; 0,68 mois soit 373 jours environ. Les mêmes tendances ont
été décrites par Madani (2000) et Madani et Far (2002)
dont l'intervalle est de 375 à 397 jours dans la même
région d'étude. Par contre, en 2006 et dans la région Nord
Est Algérien, Bouzebda et al. rapportent un
intervalle largement supérieur à nos résultats. Pour ces
auteurs, l'intervalle vêlage- vêlage dépasse 460 jours. De
même, Ouakli et Yakhlef (2003) dans la Mitidja indiquent un
intervalle entre vêlage de 14,5 mois. En conséquence, La
répartition des vêlages dans les exploitations
étudiées est étalée sur toute l'année. Par
contre, Ali Benamara (2001) montre que la répartition de la mise bas
dans le massif Dahra est plus concentrée en hiver-printemps.
En fin, la production laitière journalière est
estimée pour l'ensemble de l'échantillon en moyenne de 12,82
#177; 3,68 litres par vache et par jour. Cette productivité est variable
en fonction de la race exploitée et en fonction de la saison. En effet,
les meilleures productivités sont enregistrées au printemps
où l'herbe et les fourrages verts sont disponibles. Dans cette
période, la productivité peut atteindre plus de 20 litres par
vache et par jour. Ce résultat est relativement supérieur
à celui obtenu par Ouakli et Yakhlef (2003) dans la Mitidja qui
est de 8,91 litres par vache et par jour. Le lait produit est orienté
soit vers l'autoconsommation soit vers la commercialisation. En plus de la
vente du lait, certains producteurs exploitent des mâles nés au
sein de l'exploitation ou achetés en les engraissant pour la production
de la viande. Egalement, Madani (2000) signale ces mêmes pratiques dans
cette région d'étude.
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