Deuxième partie : Les moyens pour le
travailleur handicapé d'évoluer professionnellement et
socialement.
Dans le prolongement de la circulaire de 1978, les nouvelles
lois produites depuis 2002 dans le domaine de la formation professionnelle, du
handicap et de l'action sociale introduisent des changements profonds mais
stimulants. La loi de modernisation de l'action sociale du 2 janvier 2002
introduit la validation des acquis de l'expérience dans l'ensemble des
entreprises et dans le droit du travail. La loi du 4 mai 2004 introduit la
formation professionnelle tout au long de la vie et la loi du 11 février
2005 pour l'égalité des droits et des chances renforce la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Ces nouveaux cadres législatifs incitent les
établissements du secteur médico-social à se recentrer sur
la personne et son projet, et à inscrire les personnes
handicapées dans des dispositifs de droit commun, comme la VAE, la
formation à l'emploi. Ces évolutions modifient la place du
bénéficiaire au sein du dispositif organisationnel de
l'établissement. Cela signifie pour les ESAT ce que l'on peut appeler
un recentrage sur leur mission première c'est-à-dire
repositionné le bénéficiaire comme un acteur majeur du
système en développant le projet du travailleur
handicapé.
De manière générale, il devient
nécessaire pour chaque établissement d'évoluer dans ses
missions. Il s'agit de se désaxer un minimum des organisations de
travail des ESAT, qui sont surtout basé sur une dominante
économique, pour aller au plus prés de la personne
handicapée, de son projet d'évolution professionnelle, social, et
personnel.
Ces nouvelles lois qui surviennent ont poussé les
établissements et services d'aide par le travail à s'engager dans
de nouvelles démarches et de nouveaux processus d'approche du
bénéficiaire. Ces nouveaux outils permettrons t-il au travailleur
handicapé de devenir maître de son parcours tant professionnel que
social ? Pour répondre à cela il est pertinent de se rendre
compte des possibilités des mobilités professionnelles qui sont
mise en place dans les structures de mises au travail, et de comprendre les
nouveaux outils permettant à la structure et surtout à
l'individu, de faire le point sur ces capacités et ses
compétences professionnelles.
En France il est habituel d'observer différents projets
mis en oeuvre, il est important d'en expliciter certains afin de comprendre
les différentes approches de l'évolution du travailleur
handicapé mental selon des structures de mises au travail certes
semblables par leur dénomination mais différentes en termes
d'approche de la personne handicapée.
Chapitre 1 : Les outils des ESAT pour permettre
aux travailleurs de faire le point sur leurs parcours professionnels et
sociaux, et leurs possibilités d'évolution.
Le milieu du travail protégé est à la
croisée de réalités multiples et souvent contradictoires,
entre autonomie, accompagnement du travailleur handicapé et contraintes
de production accrues, il n'est pas évident de trouver la place
réelle de la structure. La loi 2002-2 rénovant l'action sociale
et médico-sociale, pose le principe d'une prise en charge et d'un
accompagnement individualisé permis par la conception et la mise en
oeuvre d'un projet d'accueil et d'accompagnement qui a pour objectif
d'élaborer les fondements du suivi de la personne
handicapée(section 2). Quant à la loi du 11 février 2005
pour l'égalité des droits et des chances la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées, elle effectue une nouvelle
approche du handicap, la personne est au centre du dispositif (Section 1).
Pour mettre en place ces nouveaux procédés
plusieurs outils ont été mis en place.
Section 1 : Le principe d'écoute et de
consultation de la personne handicapée
La structure de travail protégé accueille des
travailleurs handicapés qui sont des bénéficiaires de
l'établissement. Elle se doit donc d'être à l'écoute
de la personne, la loi de février 2005 recentre alors la notion de
projet de vie et de respect du projet de choix de vie de la personne
handicapée et donc du travailleur handicapé.
Pour rentrer dans cette démarche, il est utile que
l'ESAT élabore un système de réponses aux demandes
courantes des bénéficiaires, en ce qui concerne le milieu
professionnel, et un modèle d'accompagnement personnalisé doit
être développé.
1.1 Traitements et indicateurs de suivi.
Le traitement et les indicateurs de suivi peuvent se
formaliser par des entretiens. L'individu vient exprimer ses attentes au sein
de l'équipe de l'encadrement. Cette dernière se doit de lui
donner des réponses concrètes. Les premières observations
de demande d'entretien sont souvent à l'origine d'une envie de changer
de groupe au sein de la structure ou de régler des conflits entre
travailleurs handicapés.
Pour cela il est pertinent de faire le point sur les limites
et les ressources du travailleur handicapé. Ainsi en collaboration avec
les professionnels de l'établissement l'adulte va évoquer
lui-même ses points forts et ses points faibles afin de se rendre compte
de ses propres capacités. En fonction du constat établi, une
réponse sera apportée à la personne. Ainsi l'adulte entame
de sa propre initiative les évolutions possibles au sein de sa structure
d'accueille. Il est seul à prendre la décision de changer de
groupe ou de moniteur d'atelier.
Par cette simple démarche d'entretien l'adulte devient
un élément actif dans son suivi par l'ESAT. Cela permet
également d'évacuer les tensions au sein d'un groupe de travail.
L'adulte est écouté et l'équipe pédagogique peut
se repositionner vis-à-vis de l'usager.
Le fait de changer de groupe est très important. D'une
part l'adulte peut se rendre compte du processus de fabrication du produit. En
effet la personne restant toujours au même poste ne peut visualiser la
finalité de la démarche productive, en variant les
activités le travailleur enrichi ses compétences. D'autre part,
cela permet à l'ensemble de la population accueillie de se connaitre car
si l'on prend l'exemple de l'ESAT du Val de Lorraine, les travailleurs sont
environ 200 sur le site. Il est dons souhaitable de procéder à
des roulements volontaires afin que les adultes soient en relations avec un
maximum de personnes.
1.2 Entretien régulier avec l'équipe
soignante
Le principe d'écoute et de consultation passe
également par la régularité des entretiens avec
l'équipe soignante et notamment avec la psychologue et le médecin
psychiatre. Ces rencontres permettent aux adultes d'exprimer certaines choses,
certains besoins qu'ils n'oseraient émettre devant l'équipe
technique. Mais cela n'est pas systématique et dépend des besoins
de la personne et de l'existence ou non d'un suivi en externe.
Pour élaborer au mieux le suivi et l'accompagnement de
la personne un modèle d'accompagnement personnalisé a
été organisé.
1.3 M.A.P.
Le modèle est « un instrument d'information
qui renseigne sur un processus inaccessible à une observation directe.
On l'utilise en particulier pour obtenir des informations concernant des
systèmes complexes dont on désir connaitre l'état ou
suivre l'évolution. Le modèle n'est donc jamais en mesure
d'embrasser l'ensemble du phénomène, mais seulement d'en
refléter certains aspects de façons significatives. »
(Guide pratique).
« En ce qui concerne les personnes ayant une
déficience intellectuelle, les méthodes existantes ne sont pas
suffisantes. Le handicap mental est un handicap de la compréhension, de
la communication et de la décision. Il nécessite une compensation
adaptée qui est essentiellement une aide humaine à la conduite de
sa propre vie, à laquelle peuvent s'ajouter des aides techniques et
financières. Cet accompagnement humain doit être adapté,
évolutif et durable. »(UNAPEI).
Ce modèle se construit à partir d'observation
consistant à définir le champ d'évaluation, les sous
ensembles d'information, et les ITEMS de chaque sous ensemble. L'objectif est
ici de prendre pour point de départ l'observation de la situation
réelle de la personne pour évaluer leurs besoins, comprendre
leurs particularités et ensuite déterminer les actions et les
solutions à mettre en oeuvre pour répondre le mieux possible
à leurs attentes. Ce modèle d'accompagnement vise surtout
à évaluer l'autonomie de la personne handicapée dans des
gestes de la vie quotidienne et sur son lieu de travail. Sont ainsi
observés les relations et comportements, les activités
domestiques et sociales, le pôle sensoriel, les aptitudes observés
dans l'exercice d'activités, ainsi que les activités mentales et
corporelles.
Une partie de ce modèle sera rempli par l'équipe
technique de l'établissement et service d'aide par le travail. Cette
évaluation va servir de base pour offrir aux travailleurs
handicapés des possibilités d'accéder à plus
d'autonomie dans sa vie sociale et professionnelle il servira également
de lien lorsque l'individu passera d'une structure à une autre. Ainsi
après avoir évalué la personne il pourra lui être
proposé les solutions les plus adaptées.
Ce modèle va également servir de soubassement
à l'élaboration du projet individualisé qui est cette fois
plus centré sur les besoins et les attentes de la personne en termes
d'avenir professionnel mais aussi d'avenir social.
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