Conclusion
La personne handicapée au travail accueillie en milieu
protégé possède donc tout un panel de possibilités
pour évoluer professionnellement et socialement. Le milieu
protégé lui apporte le cadre nécessaire pour
s'épanouir. S'il le souhaite le travailleur d'un établissement et
service d'aide par le travail peut devenir acteur de son parcours de vie tant
au niveau du travail qu'il effectue que dans sa vie quotidienne. Le projet
individualisé lui permet de définir un axe d'évolution
possible, le soutien deuxième type invite le travailleur à se
prendre en main d'un point de vue santé, hygiène et condition de
vie.
Mais cela n'est pas suffisant, une évolution plus
grande est possible si les structures mettent en place d'autres systèmes
et si la législation évolue plus rapidement au niveau de la
formation professionnelle en milieu protégé et donc en ESAT. Si
l'établissement de travail protégé veut répondre le
mieux possible à ces missions économiques et sociales, il doit
promouvoir de nouvelles pratiques professionnelles comme c'est le cas pour le
projet « différents et compétents »,et doit
favoriser des nouveaux rapports sociaux mettant en jeux la responsabilisation
professionnelle du travailleur handicapé, leur formation, leur
qualification au travers des projets individualisés mais aussi
grâce à la reconnaissance de leurs compétences, tout en
associant l'ensemble des professionnels de l'établissement dans un
travail collectif, ouvert à des entreprises extérieurs qui
permettrait un enrichissement de la qualité du travail, où la
personne handicapée située au centre du dispositif est actrice de
son propre développement. Le travailleur handicapé est acteur de
ses évolutions si la structure qui l'accueille met tout en place pour
atteindre les objectifs déterminés dans le projet
individualisé, voir même développe d'autres dispositifs que
ceux cités dans la législation.
Mais certains éléments peuvent se
révéler un frein au fait que la personne handicapée soit
au centre de ses décisions. La famille et l'entourage de la personne
handicapée au travail cherche encore sa place dans le dispositif
médico-social qui entoure l'adulte handicapé mental. La loi du 11
février 2005 à affirmer l'accompagnement et le soutien des
familles et des proches mais n'apporte aucune précision quant au
rôle que doit effectuer l'entourage de la personne handicapée sur
les décisions prisent par celle-ci. Autant il paraît utile que
l'enfant et l'adolescent soit accompagner tout au long de sa scolarisation,
ceci ne doit pas nécessairement se poursuivre dans le milieu
professionnel. L'adulte handicapé mental doit être
considéré comme une personne capable de prendre des
décisions tout en étant entouré par les professionnels de
l'établissement. La famille devrait alors le soutenir et l'accompagner
dans ses décisions, mais ne doit en aucun cas décider à sa
place comme s'est hélas souvent le cas.
La personne handicapée au travail est donc actrice de
son parcours professionnel et social mais à condition qu'elle ne
connaisse pas d'obstacles et que les structures de travail
protégé soient enclin à cette évolution.
Pour finir, il est important d'évoquer le
problème du travailleur âgé en milieu
protégé. Tout au long de sa carrière la personne
handicapée va pouvoir décider de son évolution et faire
des choix. Mais qu'en est-il lorsque des phénomènes de
régression et de fatigabilité apparaissent ? En effet
l'inadaptation due au vieillissement dans la structure de travail conduit
à l'exclusion de la personne, non seulement de son lieu de travail mais
aussi de son lieu d'hébergement qui y est parfois rattaché. Tout
cela va remettre en cause le processus dans lequel la personne s'était
inscrit c'est-à-dire perte de l'autonomie financière, dissolution
du lien social. A l'heure actuelle il n'existe pratiquement aucune structure
adaptée pour accueillir les travailleurs âgés du milieu
protégé. Alors qu'il va pouvoir prendre des décisions tout
au long de sa vie, le travailleur handicapé sera incapable de
décider de son avenir une fois que ces capacités de travail
seront réduites, puisque rien n'est mis en place pour sa retraite. Il
apparait inacceptable qu'au moment même où sa
vulnérabilité augmente, la personne handicapée perd les
avantages attachés à son statut initial en devenant personne
âgée.
La législation traite peu de ce problème.
Après avoir remis la personne handicapée au centre des actions le
concernant, il serait utile d'élaborer différentes
démarches pour accueillir le travailleur handicapé
âgé qui n'a plus sa place dans un établissement et service
d'aide par le travail.
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