Chapitre 2 : Le travail facteur
d'émancipation et de lutte contre l'exclusion.
Le développement des compétences de la personne
handicapée au travail peut être vécu par celle-ci de
plusieurs manières. Maintenant que l'individu est replacé au
centre du dispositif et qu'il a été démontré qu'il
est bien acteur de sa vie professionnelle et sociale, il est intéressant
de voir quels effets peuvent avoir ces améliorations des
compétences sur le ressenti des personnes handicapées à
propos de leurs places au sein de la structure de travail
protégé. Il est pertinent aussi de constater ce que la
valorisation des compétences, et donc l'évolution du parcours de
vie dont l'auteur est la personne handicapée au travail, a comme effet
général sur la lutte contre l'exclusion dans la
société.
Section 1 : Le développement des
compétences, un facteur d'émancipation.
L'idée de travail émancipateur introduit un
discours différent au fil du temps. Dans l'ensemble, les travailleurs
handicapés paraissent satisfaits d'avoir une place où - comme
les autres- ils se rendent utiles, de gagner un salaire qui leurs permet de
satisfaire leurs désirs sans avoir de compte à rendre, et surtout
de retrouver leurs collègues, travailleurs handicapés, comme eux,
avec des problèmes similaires, qui en font des interlocuteurs valables
et compréhensifs.
Mais si d'après certaines enquêtes ou
entretiens, il peut être constaté que les personnes
handicapées au travail ne disent pas exactement que le travail les
épanouit. Au contraire certains relevaient le caractère
aliénant de leurs activités au sein de l'ESAT.
Mais la réalité est difficile à cerner,
quand l'adulte se déclare satisfait de son travail c'est parce qu'il
considère que c'est un acquis positif. Ce n'est pas le droit au travail
qu'il revendique mais autre chose, qui dans la société actuelle
passe par la mise au travail.
Ce qui ressort de cette revendication c'est surtout
l'accès à un pouvoir d'achat correct. Il veut choisir
lui-même ce qui agrémentera sa vie et donc la prendre en main. Ce
qui ressort de ces enquêtes c'est que l'adulte cherche des moyens pour ne
pas se faire imposer sa vie malgré lui, et l'argent qu'il gagne est un
de ses moyens.
Le travail est fait pour apporter de l'argent, mais il
représente un temps considérable dans la vie d'un adulte
handicapé ou non. La phrase type que l'on retrouve c'est « ce
que je fais au CAT est bien, mais je voudrais changer, j aimerais apprendre
autre chose pour trouver mieux ».
On rejoint donc tout ce qui à été
développé ci-dessus, il y a là pour certains le
désir d'accéder à un travail moins protégé
et donc plus valorisant, intéressant et mieux payer. Mais pour
l'essentiel des travailleurs handicapés, c'est avant tout d'avoir le
choix entre les travaux à effectuer et pouvoir continuer ou non tel ou
tel travail au sein du milieu protégé. Le marché du
travail ordinaire ne représentant que le stade ultime de la
diversité.
Il faut améliorer les formations professionnelles au
sein du milieu protégé mais également la forme
d'organisation du travail comme on l'a vu dans la deuxième partie. En
effet ce changement d'organisation peut permettre la création de
nouveaux postes. Il faut diversifier les tâches et la manière de
les concevoir pour que le travail soit intéressant et soit une source de
satisfaction pour la personne handicapée au travail.
Lorsque ces diverses actions seront réunies au sein du
milieu protégé, il pourra être dit que le travail est
source d'émancipation. Mais l'on ne peut pas l'affirmer que par la
présence d'un salaire et d'un poste de travail. Il faut une
diversité au sein des ESAT.
Et pour aller plus loin, c'est par cette diversité que
le travailleur handicapé va pouvoir lutter contre les exclusions et les
discriminations auxquelles il fait face. Cela va permettre de débloquer
la situation du travailleur handicapé mental.
|