8-2- Suggestions
Au regard des différents résultats et
conclusions auxquels nous avons abouti, nous suggérons, pour renforcer
la contribution du bois énergie aux moyens d'existence durables sans
porter atteinte au capital naturel, la création de parcs communautaires
et l'organisation de la filière bois énergie. Pour atteindre ce
double objectif il faudrait une série d'actions qui vont de la
production jusqu'à la consommation du bois énergie en passant par
sa commercialisation.
Ø Au niveau de la production
Il faudrait penser à la
création de parcs communautaires par le reboisement des terres
déforestées. Les espèces à prioriser devront
être les espèces préférées par la population
locale (population de chaque village) et les espèces en voie de
disparition comme Anogeissus leiocarpus, Pterocarpus erinaceus. Ces
espèces ne doivent pas non plus être interdites par les coutumes
ou les traditions des populations locales. Mais les autres espèces aussi
(non préférées et interdites) devront être
considérées pour ne pas changer l'équilibre
spécifique de la formation forestière préjudiciable la
diversité biologique tant animale que végétale. Il
faudra aussi assurer la formation des populations aux techniques de
multiplication des espèces ciblées. La vente des jeunes plants
pourra constituer pour elles une source de revenus. Les populations devront
être associées aussi au reboisement. Il faudrait
restaurer les zones dégradées et regarnir les zones nues.
Ø Au niveau de l'exploitation
L'exploitation de ces parcs devra se faire suivant un taux
d'exploitation bien défini en fonction de la génération
des formations et des besoins par village pour éviter la surexploitation
de la ressource. Les techniques de collecte et de coupe devront permettre aussi
la viabilité des peuplements. Dans le cas de la fabrication de charbon
de bois, il faudra utiliser des meules qui augmentent le rendement de
l'opération.
Ø Au niveau de la commercialisation
Il faudrait mettre sur pied des marchés
de bois énergie sur chaque axe. A défaut de marché
physique, il faudrait organiser un système de collecte du BE.
L'existence d'oligopsone au niveau
du sous-système est déjà un gage de la
défmition de prix de vente qui ne défavorise pas les producteurs
de BE. Il faudrait aussi susciter et renforcer les capacités des AVIGREF
de manière qu'elles soient en mesure d'aller vers des
coopératives capables d'assurer la promotion de la filière bois
énergie, la négociation de contrats avec certains groupes de
grossistes, et même éventuellement assurer le transport et la
distribution du bois vers les villes. L'organisation d'une filière
légale participera aussi au développement local par le
prélèvement des taxes. Mais il faudrait fixer cette taxe
après analyse des effets de la taxation du BE sur la marge qui reste
à chaque acteur pour ne pas accroître la
vulnérabilité des pauvres.
Au niveau institutionnel
Si l'ensemble de ces mesures étaient appliquées
de manière soutenue, elle rendrait la filière du BE telle que
pratiquée moins profitable pour ses acteurs, tout en favorisant la
maîtrise du marché par les nouveaux acteurs. Mais la
conséquence immédiate est l'augmentation de la
vulnérabilité des groupes les plus pauvres car ce sont eux qui
participent peu aux actions de gestion (donc ne seront pas associés) et
qui dépendent le plus de cette activité. Alors pour éviter
cet état de chose, il faudrait créer des activités
génératrices de revenu pour réduire leur
vulnérabilité, diminuer les frais d'adhésion à
l'AVIGREF et les souscriptions annuelles, cibler et impliquer ces groupes
pauvres, en l'occurrence les femmes qui sont les principaux acteurs de cette
filière. Il faudrait aussi renforcer la capacité
des AVIGREF à gérer l'activité suivant les normes de
gestion telles qu'établies par la législation forestière
ou de nouvelles règles qu'ils pourraient conjointement définir
avec le CENAGREF dans le cadre d'une exploitation plus durable du bois
énergie. L'observation de cette capacité révèle un
besoin en éducation environnementale continue, une sensibilisation sur
les principes coopératifs, et les enjeux liés à
l'appartenance à une organisation forte, bien structurée. Il
faudrait aussi renforcer les différentes institutions et règles
traditionnelles qui concourent à la gestion durable du bois
énergie par le regarnissement par exemple des îlots forestiers
interdits.
Au niveau de la consommation
Il faudrait d'abord promouvoir différentes formes de
mise en marché du bois énergie compatibles avec les goûts
consommateurs, ensuite vulgariser l'utilisation des foyers
améliorés pour diminuer la pression sur la ressource ligneuse et
enfin adapter les innovations aux préoccupations et aux conditions des
utilisateurs : des foyers améliorés en fonction de
l'utilisation
qui en sera faite et des considérations
socioculturelles. Il faudrait aussi promouvoir des sources d'énergie
alternatives en les subventionnant pour certaines catégories de la
population : les ménages pauvres en zones rurales et riveraines des
ressources forestières par exemple. Il faudrait aussi que les
institutions de recherche mettent à la disposition des décideurs
des statistiques actualisées sur l'évolution de la ressource
ligneuse utilisée comme bois énergie.
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