Troisième partie : Conclusion, Suggestions
et
Implications de l'étude pour les recherches
futures
CHAPITRE 8 : CONCLUSION, SUGGESTIONS ET IMPLICATIONS DE
L'ETUDE POUR LES RECHERCHES FUTURES
8-1- Conclusion
Au terme de cette étude, on peut constater que
l'augmentation des besoins domestiques en combustible ligneux, suite à
l'augmentation de la population, entraîne une surexploitation des
ressources naturelles de la RBP. Il est exploité environ 29.100,6
stères par an soit 10.185.210 Kg par an et si rien n'y fit, les
populations vont connaître d'ici à 15 ans une crise
d'énergie. Cette surexploitation se traduit par l'utilisation du bois
situé non seulement dans la ZOC, dans les friches et les
jachères, mais aussi des formations ligneuses situées dans la ZER
On note aussi l'intensification des techniques de cueillette dont l'utilisation
du feu, la coupe du bois vert, et des techniques de cuisson utilisant souvent
des outils peu appropriés et mobilisant de fortes quantités de
bois : les foyers traditionnels à trois pierres. Cette surexploitation
des ressources de la RBP génère des problèmes de
dégradation de la biodiversité (faible disponibilité de
certaines espèces dont Pterocarpus erinaceus, destruction des
sujets mâtures prêts pour la multiplication etc.). Les populations
riveraines vivent déjà les conséquences de leurs
pratiques. Elles sont obligées d'aller de plus en plus loin pour trouver
du bois de bonne qualité. Cet éloignement des points de collecte
leur laisse peu de temps pour s'occuper des autres activités au sein du
ménage et aussi des activités génératrices de
revenu. De plus, les techniques de collecte et les besoins de plus en plus
importants de la population vont accélérer le processus de
désertification avec son cortège de conséquences aussi
bien sur la nature que sur les hommes, en aggravant notamment la
pauvreté des groupes les plus vulnérables.
Par ailleurs, la RBP a besoin d'être
protégée car elle présente de nombreux atouts en rapport
avec sa grande diversité biologique et son impact sur l'équilibre
socio-économique des ménages à travers le bois
énergie. En effet outre son importance directe comme combustible, le
bois énergie contribue à l'économie des populations
riveraines de la RBP par sa capacité à procurer des revenus
importants surtout pour les pauvres. Ce sont eux qui en dépendent le
plus. Tous, riches et pauvres, dans les terroirs riverains de la RBP,
dépendent du bois énergie pour leur bien-être. Ce constat
n'est avéré toutefois que sur le long terme. À court
terme, les pauvres sont
plus tributaires de ce bois énergie car disposant de
peu de ressources pour faire face aux difficultés passagères. Le
bois leur procure plus de revenus que la plupart de leurs cultures
vivrières dont le sorgho, le mil, le manioc etc. Cette étude fait
ressortir une implication importante : les ménages pauvres (à bas
revenu) dépendent plus du bois énergie que les ménages
riches (à revenu élevé). Il y a donc un véritable
effort à faire auprès des ménages à bas revenu pour
une plus grande promotion des sources d'énergies alternatives et/ou pour
augmenter la contribution du bois énergie à leur revenu ou encore
promouvoir d'autres activités génératrices de revenu car
le revenu des ménages est un facteur qui explique la dépendance
des ménages vis-à- vis du bois énergie. La création
d'un marché de bois telle que préconisée par les
populations rurales pourrait être envisagée. Outre le revenu et le
niveau de prospérité, les facteurs comme le niveau d'instruction,
et la taille des ménages expliquent la dépendance des
ménages vis-à-vis du bois énergie. Ainsi plus le chef
ménage est instruit, moins il dépend du bois énergie. Par
contre, plus le ménage compte de bouches à nourrir, plus il
dépend du bois énergie.
Le bois énergie joue un rôle stratégique
dans la vie des ménages. Il participe pour beaucoup à leur
bien-être. En effet, une partie importante des dépenses de
consommation des ménages provient du bois énergie. Il contribue
à leur bien-être matériel, humain et social.
Par ailleurs, le bois énergie peut jouer un rôle
fédérateur des actions du CENAGREF, des AVIGREF et des
populations à la base en renforçant la participation de ces
dernières aux actions de gestion telles que pratiquées par le
CENAGREF. En effet l'organisation de l'exploitation du bois-énergie
constitue une approche de gestion des ressources naturelles vraisemblablement
plus efficace que les approches répressives. Elle requiert, il est vrai,
la participation des populations riveraines de la RBP et se démarque de
l'expropriation des ressources naturelles. Mais la participation de ces
populations est garantie par cette exploitation même.
Au total, s'il est vrai que la collecte du bois de chauffage
et la commercialisation de son dérivé, le charbon de bois, ont
réduit de façon significative le stock de cette source
d'énergie gratuite et autrefois abondante, il est aussi vrai que ce bois
énergie apporte un soutien capital à la production agricole,
constitue lui-même un combustible, et est source de revenu pour les
pauvres. En d'autres termes, le bois de feu et le charbon sont importants pour
beaucoup de personnes qui en dépendent pour leur vie. Toute utilisation
qui ne permet pas la durabilité des ressources forestières
compromet la capacité des pauvres à l'exploiter. Face à
tout ceci, des mesures rapides doivent être prises pour freiner le
phénomène de la déforestation consécutive à
l'exploitation du
bois énergie. Ces mesures doivent, au mieux tenir compte
de la contribution du bois énergie aux moyens d'existence des pauvres,
sinon la renforcer.
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